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L’avènement du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) au Niger rime avec ‘’patriotisme’’, ‘’souveraineté’’ et ‘’dignité’’ pour le peuple nigérien. C’est du moins ce qui ressort dans les discours des nouveaux tenants du pouvoir et de leurs soutiens sur toute l’étendue du territoire national. Dans cet élan, galvanisé et soutenu par les populations, le Président du CNSP, Chef de l’Etat, le Général Abdourahamane Tiani l’a toujours réaffirmé dans ses entretiens et discours depuis le 26 juillet 2023, date de la prise de pouvoir par le CNSP. Il n’a cessé de parler de souveraineté et de la nécessité pour le Niger de redéfinir une nouvelle stratégie et de nouveaux partenariats dans le domaine sécuritaire, notamment avec ses partenaires dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Du coup, depuis les exigences du CNSP et des manifestations de l’escadrille qui ont débouché sur le départ des troupes militaires françaises, les autres puissances étrangères disposant de forces militaires au Niger multiplient les ballets diplomatiques pour s’assurer qu’elles ne seront pas affectées par cette vague de rejet. Américains et Allemands se sont relayés au Niger, chacun voulant avoir l’assurance des nouvelles autorités. Concomitamment, dans la course géopolitique au Sahel, les Russes cherchent également à faire une entrée en grande pompe au Niger dans ce domaine sensible de la sécurité. Dans ce jeu, les autorités militaires à Niamey fort d’un soutien populaire souverainiste tentent de rassurer et de faire une ouverture à d’autres partenaires. Mais il faut craindre l’omerta dans les accords signés et le deux poids deux mesures dans le choix des partenaires stratégiques déjà perceptibles dans cet élan de recomposition.
Diversifier les partenaires, définir de nouvelles conditionnalités respectueuses de la souveraineté et des intérêts du Niger, telle est l’option choisie par les autorités militaires de transition au Niger dans le cadre de l’élan patriotique en vogue depuis les événements du 26 juillet 2023 et spécifiquement dans le domaine sécuritaire.
Suite au coup d'État du 26 juillet dernier contre le président Mohamed Bazoum, les relations entre Paris et Niamey se sont dégradées. Les autorités militaires ont dénoncé les accords militaires entre le Niger et la France et demandé le départ des troupes françaises.
Dans ce cadre, les américains qui comptent 1.100 soldats au Niger ont négocié très tôt le maintien de leurs troupes qui interviennent essentiellement dans les domaines de la formation, de la surveillance et des renseignements au Niger.
Ce fut ensuite, le tour des Russes qui ont envoyé une délégation le 4 décembre dernier à Niamey, conduite par le vice-ministre de la Défense, Yunus-Bek Yevkurov. Une visite de travail qui a débouché sur «la signature de documents dans le cadre du renforcement de la coopération militaire » entre la Russie et le Niger. Le document a été signé par le ministre d’Etat de la Défense Nationale Salifou Modi et son homologue russe Yunus Bek Yevkurov. Rien n'a filtré ni sur le contenu des accords de coopération militaire, ni sur leur portée ni sur leur contour.
Ce fut ensuite le tour de la République fédérale d’Allemagne qui dispose de 120 soldats au Niger d’envoyer son émissaire à Niamey. Le Ministre de la Défense de la République Fédérale Allemande M. Borris Pistorius était, en effet, en visite officielle le 19 décembre 2023 à Niamey. Il a visité les soldats allemands stationnés à l’aéroport Niamey et discuté avec les nouvelles autorités du pays afin de définir les futures relations entre le gouvernement de transition du Niger et le gouvernement de coalition à Berlin. Le Ministre de la Défense de la République Fédérale Allemande M. Borris Pistorius a également eu une séance de travail avec le Ministre d’Etat de la Défense Nationale M. Salifou Mody. Au centre des échanges la poursuite et le renforcement du partenariat avec le Niger dans le domaine militaire. Le Ministre Allemand a annoncé à cet effet la reprise de tous les projets interrompus dès 2024. Le Niger a développé avec l’Allemagne une coopération militaire essentiellement centrée sur les centres de formation pour les sous-officiers, pour les forces spéciales mais aussi pour le transport militaire.
Parmi les projets qui seront relancés y figure la construction d’un hôpital militaire de référence pour la prise en charge des militaires et de leurs familles qui sera une référence pour les armées de la sous-région. La question du stationnement des troupes étrangères, notamment allemande a été également au centre des échanges. Le Ministre Salifou Mody a laissé entendre à ce sujet, que tout doit être désormais encadré par des textes.
Relativement à la coopération militaire, le Ministre d’Etat, ministre de la Défense Nationale a expliqué que cela ne doit plus se passer comme avant. « L’on ne peut pas venir s’installer avec armes dans un pays sans respecter certaines conditions. Le stationnement des troupes étrangères au Niger va désormais être soumis à l’appréciation des Nigériens », a précisé le Général de Corps d’Armées Salifou Mody. Dans l’élan souverainiste né des manifestations sur la présence des forces militaires étrangères au Niger la nouvelle dynamique des autorités de transition qui ont eu à dénoncer plusieurs accords militaires, notamment avec la France, la transparence doit être de mise. Sauf secret défense, les grandes orientations de ces accords doivent être connues du grand public pour éviter de retomber à la case départ.
Adoum Boulkassoum