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Société : En attendant le retour de la démocratie, les partis politiques tentent de survivre

Depuis les évènements du 26 juillet 2023 et la suspension des activités des partis politiques, ces derniers se sont conformés religieusement aux consignes du CNSP. En dehors de quelques communiqués anodins, rendus publics par certains petits partis politiques avec de desseins opportunistes, pour soutenir les nouvelles autorités, au lendemain du Coup d’état ou des petites annonces liées à certains évènements sociaux, aucune activité politique publique d’envergure n’a été signalée jusque-là. Au contraire, les leaders desdits partis politiques se sont murés dans un silence total, se contentant d’apparaitre uniquement à des cérémonies de mariages, de baptêmes ou autres. Ils se sont abstenus même d’intervenir dans les débats publics ou sur la gestion de la présente transition pour montrer « pattes blanches » et leur bonne foi à respecter les nouvelles orientations du pays et pour qu’on ne leur prête surtout pas de mauvaises intentions. Mais derrière ce calme apparent, il se rapporte que les principaux partis politiques mettent à profit cette période creuse pour affuter les stratégies en attendant le retour de la démocratie.

Il y’a quelques jours, la presse a fait écho d’une rencontre qui aurait eu lieu au Benin entre les alliés de l’ancienne Alliance pour la Réconciliation Nationale (ARN). Selon un journal de la place, Seini Oumarou du MNSD-Nassara et Mahamane Ousmane président du RDR Tchanji ont rejoint Hama Amadou du Moden FA Lumana à Cotonou pour échanger sur l’avenir. Mais rien n’a fuité encore de leur conclave.

Aux yeux des observateurs, cette information n’a rien d’étonnant parce que les trois leaders ont à maintes reprises tenté de cheminer ensemble, et c’est toujours au dernier moment que le bloc se brise face à des calculs égoïstes. Ces trois leaders ont toujours rêvé d’isoler le PNDS, en faisant bloc ensemble durant des années et au fil des élections, mais la forteresse du PNDS a su résister et déjouer les assauts dudit trio. Le LUMANA, en particulier qui est la tête de proue du groupe a tout essayé pour ébranler le système PNSD. Des manifestations de rue, de la manipulation de l’information, de la société et autres syndicats, des violences et des complots de tout genre, rien n’a été épargné pour arrêter la marche du PNDS depuis la déchéance politique de Hama Amadou.

Il a fallu un 26 juillet 2023, le jour où le mur s’est lézardé pour que la muraille PNDS s’effondre brutalement.

Comme dans un pressentiment, Mahamadou Issoufou a pourtant prévenu ses compagnons, dès les premières heures de leur aventure. « Sai bango aya tchangué, kadangaré yaké chiga ». Au dernier congrès du parti tenu en 2022 à Niamey, il a été encore plus explicite sur les risques d’une division interne du parti qu’il voyait se profiler. Il a vu juste ! Aujourd’hui, le PNDS traverse une crise grave qui risque de le fragiliser profondément, alors que par le passé il a su surmonter toutes les tempêtes.

Après le groupe de l’ARN, il se raconte que du côté de la MRN également, le PNDS garde encore des contacts bienveillants avec certains partis politiques comme L’ANDP Zaman Lahiya, Le CPR Ingantchi et même le Jamhuria de Albadé Abouba etc… Ceux-là qui sont toujours liés au parti de Mahamadou Issoufou dans les meilleurs et les pires moments. Eux aussi, semble-t-il, parlent de l’avenir de temps en temps.

Toutefois, il faut noter qu’il ne s’agit pas d’activité politiques proprement dites au niveau de ces deux grands groupes. Il s’agit tout simplement d’échanges de civilités et de projections pour l’avenir, mais il n’en demeure pas moins que ces partis politiques tout en attendant dans la plus grande discipline le retour à la démocratie, sont impatients de renouer avec les harangues politiques et leurs bases respectives. Toujours est-il qu’au stade actuel, il faut louer le sens de responsabilité dont ils ont fait preuve dans leur ensemble, en respectant strictement les injonctions du CNSP. D’ailleurs ils se sont inscrits dans la dynamique de la rupture et du combat pour la souveraineté et la dignité de notre pays. Toute la classe politique ou presque a pris part à travers ses militants aux derniers mouvements tenus sur l’ensemble du pays chasser les envahisseurs étrangers. Cette classe politique a donné des gages sur sa disponibilité d’accompagner pleinement le Général Tiani et ses compagnons pour la réussite de la transition en cours. Par contre, il est évident qu’ils piaffent d’impatience pour avoir une idée sur l’agenda de la transition, peu importe la durée de celle-ci, pour mieux s’organiser et remettre les troupes en ordre de bataille en vue des joutes électorales prochaines.

Sauf que à bien comprendre le discours du président Tiani sur le retour des partis politiques au pouvoir, on doit s’attendre à beaucoup de reformes de la part du CNSP. Il a déjà annoncé la révision prochaine des textes pour prendre des dispositions qui ne permettent plus à certains groupes de s’accaparer le pouvoir pour le garder et le gérer à leur guise.

Cette position est aussi partagée au niveau de l’opinion publique qui voulait d’un véritable assainissement de la classe politique pour mettre fin à la pléthore des partis politiques et à la chienlit qui s’est installée avec plus de cent quatre-vingt-trois (183) partis politiques avant le coup d’état dont dix-neuf (19) seulement sont représentés à l’Assemblée Nationale et plus d’une centaine qui ne sont pas fonctionnels parce qu’ils n’ont jamais pris part à un scrutin en leur nom.

En attendant la reprise des activités politiques, les méditations, les consultations en sourdine et les manœuvres se poursuivent dans le plus grand silence.

Adoum Boulkassoum

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