Huit (8) mois après la tenue des élections générales, le Mouvement National pour la Société de Développement (MNSD-Nassara) renoue avec les prémisses d’une nouvelle crise. Après le feuilleton de la section régionale de Maradi et du congrès tumultueux de Tahoua de mars 2019, qui ont engendré une grave mésentente au niveau du parti avec la création d’une dissidence pilotée par le Ministre Tidjani Abdoul Kadri alors Secrétaire Général du parti. Cette crise a fini par accoucher d’une formation politique indépendante que l’ancien Secrétaire Général a créée et la mise à l’écart de plusieurs responsables du parti dans les régions de Niamey, Diffa, et Zinder.
On peut citer, entre autres, MM. Tamboura Issoufou, Foukori Ibrahim, Hassane Chétima de Diffa, Ibrahim Tamponé et Sidi Abdouraouf qui ont préféré s’éclipser en attendant le sort qui sera réservé à une série de procédures judiciaires engagées contre la direction du parti. Il faut noter que quelques mois avant les élections de 2020, le MNSD-Nassara était écartelé entre plusieurs foyers de tension au niveau national où certains responsables voulaient dénier la légitimité de conduire le parti à M. Seini Oumarou tout en rejetant les conclusions du dernier congrès de Tahoua tenu en mars 2019 au cours duquel, il a été réélu dans des conditions contestés par certains ténors du parti. Il y’avait également des sections régionales comme celles de Maradi, Tahoua, Niamey et Diffa qui étaient secouées par de graves mésententes. C’est dans ces conditions critiques que le MNSD-Nassara a colmaté les brèches pour aller aux urnes à l’occasion des dernières élections générales de 2020-2021.
On pensait qu’avec l’arrivée au pouvoir de la majorité actuelle dans laquelle le MNSD Nassara occupe une place de choix avec le prestigieux poste de Président de l’Assemblée Nationale et plusieurs autres strapontins importants que le MNSD-Nassara allait fumer le calumet de la paix pour que tous les différents protagonistes se retrouvent en famille pour regarder ensemble l’avenir.
Dans la réalité, nous sommes loin de ce schéma. Le spectre de la division hante toujours le grand baobab avec un nouveau bras de fer qui se dessine entre un nouveau groupe de responsables du parti, et pas des moindres, qui sont en total désaccord avec le président Seïni Oumarou sur la gestion du parti ces derniers temps. Il s’agit vraiment des mastodontes, des poids lourds du parti qui sont restés garder le temple après toutes les secousses essuyées par le MNSD qui veulent croiser le fer avec le président national du parti.
En première ligne de ce groupe de mécontents, on parle du célèbre président régional d’Agadez M. Djibrill Kali Ousmane dit DKO qui est devenu l’icône du parti, le jeune Ministre de la Santé Dr Illiassou Idi Mainassara, le vieux dinosaure Ali Sabo et le jeune opérateur économique Moussa Mamane Doutchi à qui le poste de Secrétaire Général du parti devait échoir, et plusieurs autres hauts cadres du parti. Selon des sources proches du parti, la crise a atteint déjà un niveau inquiétant et les réunions du bureau politique et des commissions d’épaulement se sont arrêtées depuis belle lurette.
Le seul maître à bord reste et demeure M. Seïni Oumarou qui fait et qui défait comme bon lui semble, accusent certains responsables du MNSD.
A son compteur, on dénombre plus de 400 conseillers techniques qu’il a fait nommer à l’Assemblée Nationale, sans aucune consultation.
Même par rapport à la nomination à des postes plus importants comme ce fut le cas du Directeur Général de la SPEN, Seïni Oumarou n’a pas daigné demander l’avis de quelqu’un alors que ce poste qu’il a curieusement offert à M. Seini Salou n’était pas dans le quota du MNSD mais plutôt une faveur personnelle accordée au président régional d’Agadez M. Djibrill Kali Ousmane dit DKO par les responsables du PNDS.
Ce nouveau groupe de contestataires multiplie les réunions en toute discrétion pour trouver la formule en vue d’arrêter cette démarche cavalière et patrimoniale, selon eux, de M. Seïni Oumarou.
Ils soupçonnent du reste ce dernier d’être dans une logique de récupération du parti dont il n’avait pas maitrise il y’a si peu en vue des prochaines élections. Selon toujours ce nouveau groupe de mécontents du parti, une retenue est opérée sur les salaires de chaque conseiller pour constituer certainement un fonds de campagne pour les élections à venir. C’est dans la même lancée que des militants du parti, comme c’est le cas à Maradi, qui ont battu ouvertement campagne pour le candidat de l’opposition ont eu des promotions au détriment de ceux qui sont restés fidèles à la ligne et aux consignes du parti à l’occasion des élections de 2020- 2021 et qui ont soutenu le candidat Mohamed Bazoum.
Voilà le climat délétère qui règne au MNSD-Nassara à la date d’aujourd’hui et personne ne peut présager de l’allure que va prendre cette crise dans les prochains jours.
Adoum Boulkassoum