Le Cheikh Mallam Sidé Boloumi dit Mallam Sidé Toubochima est un grand homme religieux, un érudit hors pair qui a propagé la Sunna du Prophète Mohamed (paix et salut sur lui) dans la région du Kawar au Niger et du Fezzan en Libye. Il créa la première école coranique à Chimoundour, dans la commune rurale de Dirkou. Il a aussi vulgarisé les techniques phéonicicoles (telles que la régénération des dattiers par rejets, la pollinisation manuelle des fleurs…etc) dans les oasis du Kawar. Ce fut un apport très important dans l’amélioration des conditions vie de populations tant sur le plan spirituel qu’économique.
Cheikh Mallam Sidé Toubochima aurait séjourné dans les oasis du Kawar il y a de cela 250 à 300 ans, bien après le passage d’Ogba Ben Nafi qui visita le Kawar en 666 après l’hégire. Tout etant, ils ont en commun une mission, celle de propager l’islam en Afrique. Que Dieu accepte leurs œuvres et les récompense infiniment.
h Sidé est originaire du Tibesti (Tchad) d’où le sobriquet de « Toubochima » qui signifie venu du Tibesti. Il est issu du clan «Arina » ou « Arinda » distingué du signe des 33 signes utilisés par la loi de la communauté Toubou Teda vivant dans le Sahara Central. Le Toubou Teda est une communauté de destin bien distinguée, hautement organisée et respectueuse des valeurs d’équité et de respect des droits humains inspirés de la charia. (Voir les dispositions de la jurisprudence du Derdey Chahay).
A son arrivée au Kawar, venant du Tibesti, Cheikh Mallam Sidé s’est d’abord installé à Ti’imayi, aux environ de l’actuel village d’Argui d’où son occupation des abords des grandes mares d’Argui Djarnama et de Kanirom ou il planta beaucoup de palmiers dattiers qui sont présentement les propriétés de ses arrières petits fils. Ces cours d’eau permanents où jadis pâturaient ses troupeaux faisaient partie de ses dépendances. Ensuite, il s’installa plus au Sud, où il fonda la citadelle « d’Emi Madaan Toubori » et « d’Emi Madaan Kalari ». Ainsi, il planta ses palmeraies des zones marécageuses de : Kalala Ngafé, Goubdouri et Fedellah.
Quelques années plus tard, il s’installa dans le Village de Chimoundour, où il construisit le Ksour de Chimoundour aujourd’hui vestige historique en ruine et créa la première école coranique du Kawar où il enseigna la Sunna du Prophète Mohamed. A l’époque, Chimoundour fut érigé en un grand centre islamique ou les adeptes venaient apprendre la sunna depuis des contrées lointaines du Sud. Selon des informations recueillies auprès de la tradition orale, le Sultan Idriss Aloama du Bornou a séjourné au Kawar lors d’une expédition vers le Maghreb et ait établi son camp à Beza, non loin de la citadelle d’Emi Madaan. Au retour dans le Bornou, le sultan Bonouan aurait donné sa fille en mariage au grand Cheikh Sidé Toubochima. Union de laquelle sont issues ses descendants actuels vivant dans le Bornou.
A cette époque, le Kawar était un sultanat dont la capitale était Achinouma « Foriyé » ou le Sultan « Derdey » assurait le pouvoir politique et administratif. Cependant, le Derdey a délégué une partie de son pouvoir en l’occurrence le pouvoir judiciaire au Cheikh Mallam Sidé Toubochima avec comme siège « la cité de l’intelligence » Chimoundour. Tous les litiges sont traités et réglés conformément à la Sunna auprès du grand ouléma Mallam Sidé. Le sultan est informé par écrit des sentences prononcées. Cette pratique démontre sans doute que depuis les temps immémoriaux, la communauté Toubou Teda était un peuple dont le mode de gouvernance est centré sur des valeurs démocratiques. Cette séparation du pouvoir était pratiquée jusqu’à une date récente, le démantèlement du Sultanat du Kawar par le colon français.
Après un long séjour au Kawar où il enseignât la sunna et eu six fils dont deux filles (Taib, Mamane Ely , Sanoussi , Nana, Kaltoum et Hassane ). Le Cheik Sidé quitta le Kawar suite à un malentendu sur l’interprétation de la charia qui ne respectait plus la sunna du prophète Mohamed (paix et salut sur lui), le Cheikh s’installa à nouveau dans le Fezzan à Mourzouk, une ville du Sud libyen. Tout comme dans le Kawar, Cheikh Sidé prêcha la sunna dans le Fezzan et planta beaucoup de palmiers dattiers. Sa renommée fut répandue sur tous les territoires où vivent les communautés Toubou Teda (Libye, Tchad et Niger). A sa mort, un temple fut érigé sur sa tombe. Temple que les communautés libyennes de Mourzouk et sa descendance du Kawar et du Tchad continuent à visiter pour lui rendre le salut et la paix de l’islam.
Telle fut la vie religieuse de ce grand érudit du Sahara Central, Cheikh Mallam Sidé Toubochima ;
Que son âme repose en paix,
Que le Tout Puissant, le Miséricordieux, le Clément, ALLAH WA TA ALLAH accepte ses œuvres et lui accorde le Paradis Firdûsî.
Que nous musulmans gardions à l’esprit et pour toujours que les noms de Tous ceux qui ont œuvré un temps soit peu pour propager la Sunna du Prophète Mohamed (Paix et salut sur lui) transcenderont des générations et resteront à jamais gravé dans la conscience des peuples qui ont reçu leurs messages.
Que Dieux les récompense
Ecrit par Moussa Kossomi
Le 02/04/2022
1 jour du mois de RAMADAN 1443