En Afrique de l’Ouest, la campagne agricole s’annonce ces derniers temps avec une poussée de plus en plus accrue de la mousson porteuse de pluie. Les services techniques compétents et les experts prévoient une bonne saison pluvieuse dans la sous-région. Les préparatifs de la saison vont également bon train avec toutefois, de grandes inquiétudes sur la flambée des prix des intrants agricoles.

C’est surtout le prix de l’engrais sur les marchés au Niger qui inquiète les producteurs en raison de son coût exorbitant. L’on se rappelle que le Niger a libéralisé le secteur des engrais depuis 2018, la réforme ayant pour objectif de rendre cette denrée disponible et accessible aux producteurs ruraux partout au Niger. Mais force est de constater, qu’au cours de la campagne hivernale 2021, l’engrais était loin d’être disponible sur les marchés. Là où il existe, il était de mauvaise qualité. Difficultés d’approvisionnements, retards de distribution, prix exorbitant, tels étaient les principaux problèmes relevés par les producteurs qui regrettent cette réforme.

Selon des informations publiées par le Ministère de l’Agriculture, depuis 2020 on assiste à une augmentation substantielle de la quantité d’engrais importé par les opérateurs économiques. Le secteur privé nigérien assure avec entrain l’importation et la distribution des engrais avec professionnalisme, indique-t-on.

Les données fournies par les douanes et la Direction des statistiques soulignent en effet qu’en 2020, plus de 31000 tonnes ont été commandées. Ce chiffre a été multiplié quasiment par trois en 2021 avec plus de 90000 tonnes importées. On note également que 158 agréments ont été délivrés par les services compétents du Ministère de l’Agriculture et dans le cadre de la mise en œuvre de la Réforme du secteur des engrais au Niger, l’Etat a mis en place des structures techniques et de contrôle comme l’Observatoire du Marché des Engrais au Niger (OMEN) et le Comité Technique des Engrais du Niger (COTEN). Cependant avec tous ces mécanismes de contrôle, les prix flambent sur les marchés.

Des données de remontée d’informations sur les types et les prix publiées dans «Les brèves du RECA 2022 / n°1 Spécial engrais», montrent que les prix sont souvent hors de la portée des producteurs ruraux, sans compter que ces prix sont indicatifs, la spéculation prenant souvent le dessus. Par exemple, les données fournies par les Conseillers agricoles des Chambres Régionales d’Agriculture font état, pour la Région de Tahoua (Semaine 13), sur le marché de la Commune de Karofane, le prix du sac de 50 kg d’Urée (ancien stock de la CAIMA, engrais de la société nigériane Notore) est vendu à 22 000 F, tandis qu’il est au prix de 21 000 F à Tahoua. Le sac d’Urée CAIMA est également vendu à 21 000 F Karakara dans la Région de Dosso, à Yeldou, l’Urée de marque Indorama se vend à 20 000 F le sac.

Pour la Région de Tillabéri, le prix des engrais est en hausse. L’Urée de la CAIMA est introuvable et seul l’Urée du Nigeria est disponible (marque Indorama). Le sac coute 27 500 F chez les grossistes et jusqu'à 30 000 F et quelques milles chez les détaillants ; Ayorou, le même sac d’Urée 27 000 F. Pour l’engrais NPK, pour la Région de Tahoua (Semaine 13), ville de Tahoua, le prix d'engrais NPK 15- 15-15 de la CAIMA se vend à 25 000 F. Selon les commerçants, le prix peut changer du jour au lendemain. Ce même engrais NPK CAIMA est un peu difficile à trouver autour de la ville de Tillabéri et se vend à 21 000 F le sac. A Maradi, des engrais du Bénin sont en vente. Il s’agit le plus souvent d’engrais coton de la campagne précédente (NPK plus S et B) rapporte la même source qui indique que les prix sont compris entre 18 000 et 25 000 F en fonction du type d’engrais.

Mais en réalité, les prix fournis par les Conseillers sont loin de la réalité du terrain. Les prix de l’urée tournent autour de 30.000 à 36.000 FCFA selon les régions tandis que l’engrais NPK se vend en ce début de saison entre 18.000 et 24000FCFA selon les régions et en fonction de sa disponibilité.

Comme au cours de la campagne 2021, l’engrais risque une fois de plus de peser dans la productivité malgré sa relative disponibilité sur les marchés.

Adoum Boulkassoum