Monsieur le Coordonnateur national, présentez-nous brièvement le Projet Filets Sociaux Adaptatifs II «WADATA TALAKA», notamment la vision qui le sous-tend.
Le Projet Filets Sociaux Adaptatifs II «WADATA TALAKA» est un programme de protection sociale avec pour objectif de développement d’améliorer la capacité du système de filets sociaux adaptatifs du Niger à répondre aux chocs et à permettre aux populations pauvres et vulnérables d’accéder à des filets sociaux pluriannuels et des mesures d’accompagnement.
Le projet cherchera à renforcer le système national de protection sociale adaptative du Niger et mettra en œuvre des interventions de filets sociaux pluriannuels, des mesures d’accompagnement destinées à appuyer la résilience et les investissements dans le capital humain chez les ménages pauvres ainsi que des programmes d’interventions d’urgence comme des transferts monétaires de réponse ou des programmes temporaires de travail contre rémunération.
Le Projet Filets Sociaux est à sa deuxième phase d’exécution. A quoi renvoie la nouvelle dénomination du Projet qui comprend le rajout : « Adaptatifs II WADATA TALAKA » ?
La protection sociale adaptative est une approche intégrée et flexible qui permet de prendre en compte les défis associés à la gestion des changements climatiques, à l’adaptation et à la gestion des chocs. Quant au terme « WADATA TALAKA » c’est le concept local qui traduit la vision du projet en langues nationales.
Quel est son encrage institutionnel ?
La mise en œuvre du Projet Filets Sociaux Adaptatifs II « WADATA TALAKA » se conforme aux orientations techniques définies par la Cellule Filets Sociaux (CFS). Cette cellule est rattachée au Cabinet du Premier Ministre. Elle a été mise en place par le Gouvernement du Niger avec l’appui technique des partenaires suite à l’insécurité alimentaire consécutive aux crises alimentaires de 2001, 2005, 2008 et 2010.
La CFS a pour mission de concevoir et de mettre en œuvre les programmes de filets sociaux, mais aussi de formuler des recommandations, des stratégies et propositions de politiques en vue d’instaurer et de coordonner tous les programmes permanents de filets sociaux au Niger.
En octobre 2017, la CFS a intégré le Dispositif National de Prévention et de Gestion des Crises Alimentaires (DNPGCA) en tant qu’une Cellule au statut identique aux autres Cellules existantes notamment la Cellule Crise Alimentaire (CCA) et le Système d’Alerte Précoce (SAP). Il a été créé au sein de la CFS, une Unité de Gestion Technique (UGT) des filets sociaux qui constitue son bras technique.
Quelle est l’enveloppe globale du projet et quelles sont les régions dans lesquelles il intervient ?
L’enveloppe globale de la deuxième phase du projet y compris le financement additionnel s’élève à 210 millions de dollars US soit environ 105 milliards FCFA sur la période 2019-2026. Ce financement est constitué de 160 millions dollars US sous forme de don et 50 millions dollars US sous forme de crédit.
Le projet intervient dans les huit régions du pays.
En termes de résultats que peut-on retenir à ce stade de mise en œuvre ?
A date le projet a distribué aux ménages vulnérables un montant global de 18 771 067 800 FCFA sous forme de transferts monétaires inconditionnels et rémunération contre travail. Ce montant est réparti entre les huit (8) régions comme suit :
Ces transferts ont été réalisés au profit de 367 808 ménages dont 27 781 ménages pour les transferts pluriannuels, 333 427 ménages dans le cadre de la réponse aux conséquences économiques de la COVID 19 et 6 600 ménages dans le cadre du cash For Work pour la résilience.
Monsieur le Coordonnateur National peut-on parler d’une recette magique qui explique le succès du projet en dépit d’innombrables défis à relever notamment dans le cadre du transfert d’importantes sommes d’argent en faveur des ménages vulnérables bénéficiaires ?
Nous confirmons qu’effectivement le projet transfère d’importantes sommes d’argent au profit des populations vulnérables. En effet d’un financement initial du gouvernement du Niger d’un montant de 750 millions de FCFA en 2010, l’enveloppe budgétaire gérée par l’Unité de Gestion Technique du Projet a atteint 166 milliards FCFA en 2021. Cet important résultat obtenu est à mettre à l’actif du professionnalisme de l’équipe du projet et à la qualité du travail accompli qui ont fait du Niger une référence en matière d’implémentation des filets sociaux dans la sous-région.
Distribution de petits ruminants dans la commune rurale de Sharkin Haoussa
Le projet Filets sociaux doit également ce succès grâce à l’appui technique du comité de pilotage et de l’équipe chargée du projet au niveau de la Banque Mondiale.
Comment gérez-vous les impondérables d’insécurité qui sévit au niveau de certaines communes d’intervention du Projet ?
Le projet a fait l’objet d’une évaluation environnementale stratégique qui a abouti à l’élaboration d’un Plan Cadre de Gestion Environnementale et Sociale. Ce plan prend en compte tous les risques probables et leurs mesures d’atténuation. A titre illustratif dans le cadre des transferts monétaires des mesures d’atténuation des risques ont été prises notamment les escortes militaires, les reports des paiements, la délocalisation des sites de paiement dans une zone sécurisée. En plus dans le cadre du financement additionnel un Plan de Gestion de Sécurité est en cours d’élaboration.
Visite du Vice-président de la Banque Mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre au Niger, Commune rurale de Karma
Comment se traduit la contribution du PFSA II au septième axe d’orientation de l’action gouvernementale, à savoir la solidarité et l’inclusion socioéconomique ?
Le programme intervient dans le cadre de l’axe stratégique 4 : « Action spécifique des groupes vulnérables, notamment des services spéciaux et des prestations adéquates aux personnes les plus vulnérables afin d’assurer leur droit à la protection sociale »
Le Coordonnateur national du Projet Filets Sociaux Adaptatifs II M. Moussa Bouda en compagnie de la Représentante résidente de la Banque Mondiale au Niger et du Gouverneur de Zinder en contact avec les populations bénéficiaires dans la région de Zinder
Lors de sa visite de travail au Niger, le Vice- président de la Banque Mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre a bien apprécié la mise en œuvre du projet. Un financement additionnel pour le projet a même été obtenu. Cela s’inscrit-il dans les perspectives du Projet ?
Effectivement un financement additionnel d’un montant de 130 millions de dollars US a été signé entre le Gouvernement du Niger et la Banque Mondiale lors du séjour au Niger du Vice- président de la Banque Mondiale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre. Pendant son séjour ce dernier a visité les réalisations du Projet dans la commune rurale de Karma. A l’issue de cette visite, il a accordé une interview dans laquelle il a exprimé toute sa satisfaction par rapport aux impacts socio-économiques positifs encore visibles sur le terrain.
Projet Filets Sociaux Adaptatifs II «WADATA TALAKA»: Ensemble protégeons les populations vulnérables !