En moins de deux mois l’Intersyndicale des Travailleurs du Niger (ITN) est à son deuxième préavis de grève autour des points de revendications qu’elle estime encore non résolues par le Gouvernement. A première vue on peut dire que l’ITN qui est un regroupement de centrales syndicales est dans son rôle, celui de défendre vaillamment les intérêts de ses militants. Mais à analyser de près, on peut aisément déduire une forte connivence entre ce regroupement syndical et les milieux politiques de l’opposition.
C’est la seule explication qu’on peut donner à cet entêtement des responsables qui animent ces structures syndicales. Notons qu’à leur premier préavis, le gouvernement a appelé immédiatement ses responsables à la table de négociation pour échanger sur les différents points de revendication. Mais à la surprise générale, l’ITN est resté insensible aux propositions du gouvernement et a maintenu son mot d’ordre de grève. Plus grave, Mounkaila Halidou, Secrétaire général de la CNT et ses collègues ont déserté la salle de négociation en prétextant la présence de la Confédération Démocratique des Travailleurs du Niger (CDTN). Voilà que quelques jours après l’ITN revient à la charge avec un mot d’ordre de grève sur des questions ayant fait l’objet d’accord avec la CDTN, la centrale syndicale la plus représentative du Niger. L’ITN qui vient de se rallier plusieurs groupuscules de centrales syndicales insignifiantes dit porter aussi leurs revendications.
Auparavant une déclaration commune a été rendue publique par l’ITN et ses structures syndicales éparses pour créer un nouveau cadre appelé Union d’Action Syndicale (UAS). Dans le préavis que l’ITN et ses nouveaux alliés viennent de lancer, elle pose des revendications qui sont en lien direct avec l’agenda de l’opposition politique.
Tout comme les agitateurs des milieux politiques et de la société civile qui réclament le départ immédiat des forces étrangères, l’ITN place cette revendication en tête de liste de ses préoccupations. Ensuite Mounkaila Halidou et ses amis alignent des points déjà débattus dans le cadre des négociations interministérielles pour étoffer sa liste de doléances. Il s’agit de l’harmonisation du régime indemnitaire des fonctionnaires de l’Etat et la revalorisation du SMIG, la suppression de la contractualisation dans les secteurs de l’éducation et de la santé et le règlement des arriérés de rappels des salaires et des incidences financières liées au reclassement et aux avancements des agents de l’Etat.
Pour soudoyer le grand public, l’ITN parle de la réduction du prix du litre de l’essence et du gasoil et la réduction des prix des produits de première nécessité (Lait, sucre, farine, huile, eau, électricité, transport). Mais selon plusieurs observateurs, il ne s’agit que du maquillage pour donner une liste de doléances susceptibles d’embarquer le maximum de citoyens.
Le vrai mobile de ces préavis répétitifs consiste pour l’ITN et ses semblables à venir à la rescousse de l’opposition qui devient de plus en plus inexistante. Les observateurs de la scène politique nationale sont d’autant plus sûrs de leur analyse que l’ITN a choisi la semaine de la grande agitation des lobbys pro-russes et des blogueurs à la solde de l’opposition pour agiter son étendard.
Malheureusement pour les responsables de l’ITN, les centrales syndicales qui la composent sont totalement insignifiantes et qu’à l’occasion des élections professionnelles, la CDTN à elle seule a démontré qu’elle fait 4 fois ce conglomérat de centrales virtuelles. Ainsi les responsables de l’ITN vont continuer à souffrir de la mort lente de l’opposition politique et seront obligés de ravaler leur jeu politique maquillé derrière des structures syndicales.
Adoum Boulkassoum