Le mouvement de grève de 48 heures, lancé pour les 27 et 28 février 2023 par l’Intersyndicale des Travailleurs du Niger (ITN) a été un véritable fiasco. L’appel à mobilisation de la coalition malgré un tapage médiatique intense n’a pas eu d’échos retentissant. Ni le nouveau cadre appelé Union d’Action Syndicale (UAS), ni l’extension du champ de revendications n’ont eu d’échos
favorables auprès des travailleurs. Les marchés en effet étaient ouverts. Le secteur des transports notamment des taxis et faba-faba appelé à la rescousse a travaillé sans aucune perturbation. Dans le secteur de l’administration publique le mouvement de grève n’a été suivi que par les syndicalistes eux-mêmes tandis que dans le privé, chacun vaquait à ses occupations en dehors de quelques secteurs des assurances. Au niveau des écoles publiques, où l’ITN tablait sur une forte mobilisation, quelques enseignants ont pu suivre le mot d’ordre de grève.
Et pourtant l’’ITN avait mis tout le paquet pour embarquer le maximum de monde dans son aventure, l’objectif étant de démonter au gouvernement qu’elle représente un plus gros poids que la Confédération Démocratique des Travailleurs du
Niger (CDTN). Pour cela, audelà des revendications traditionnelles bien connues portant sur l’harmonisation du régime indemnitaire des fonctionnaires de l’Etat et la revalorisation du SMIG, la suppression de la contractualisation dans les secteurs de l’éducation et de la santé et le règlement des arriérés de rappels des salaires et des incidences financières liées au reclassement et aux avancements des agents de l’Etat, l‘ITN a étendu ses exigences sur la réduction du prix du litre de l’essence et du gasoil et la réduction des prix des produits de première nécessité (Lait, sucre, farine, huile, eau, électricité, transport). La stratégie étant de jouer sur le quotidien des nigériens dans le but de mobiliser le maximum de personnes dans la grève des 27 et 28 février.
Au finish, les syndicalistes de l’ITN tapis dans le monde politique n’ont pas pu mobiliser grand monde. La grève a été un échec même si les responsables de la coalition syndicale disent tirer satisfaction de ‘’la forte mobilisation des militants’’.
Il faut dire que dans sa stratégie, l’ITN luttait sur deux fronts. Le premier consistait à démontrer au gouvernement qu’elle constitue une force redoutable sinon la première force syndicale qui peut secouer l’Etat et le second, démonter à la CDTN que c’est l’ITN qui constitue la première force syndicale du pays.
Finalement, l’ITN a perdu la bataille sur les deux fronts. Elle a juste démontré à la face des nigériens et du monde que ses jeux sont purement politiques. D’où la désaffection de nombreux militants au mouvement de grève lancé pour les 27 et 28 février 2023. Les travailleurs n’ont finalement pas suivi ce qui ressemble fort à une manipulation politique.
Il ne reste plus qu’aux responsables de l’ITN de tirer les leçons de leur fiasco et de revenir strictement sur le terrain syndical avec pour seul objectif de faire aboutir les véritables revendications de ceux qu’ils prétendent représenter.
Adoum Boulkassoum