En début de la semaine passée, plus précisément les lundi 27 et mardi 28 février 2023, une rencontre a été organisée à l’hôtel Homeland de Niamey sur la criminalisation de la migration.
Organisée par trois (3) organisations de la société civile à savoir : Alarme phone Sahara du Niger, l’Association Malienne des Expulsés et l’ASGI une ONG italienne, la rencontre de Niamey a pour but principal d’entretenir les participants sur la plainte déposée contre l’Etat du Niger devant la Cour de justice de la CEDEAO afin de dénoncer la loi portant trafic illicite des migrants.
Les raisons évoquées par ces organisations de la société civile pour saisir la juridiction communautaire seraient la restriction de la mobilité des migrants et l’anéantissement de l’économie dans l’espace ouest africain. Selon les organisateurs de la conférence transnationale de Niamey, la loi 2015-036 sur le trafic illicite des migrants a des impacts négatifs, car elle réduit la mobilité des ressortissants des pays membres ce qui selon eux, a impacté sur l’économie de la région. Visiblement, ces défenseurs des droits des migrants n’ont pas fait le pour et le contre de l’acte qu’ils sont en train de poser.
Si le gouvernement du Niger a signé cette loi qui est la résultante du sommet de la valette tenue en 2015 à Malt, c’est parce que les responsables du pays à l’époque étaient conscients des conséquences du trafic illicite de migrants. Pour rappel, au courant de la même année 2015, une centaine de migrants clandestins dont des femmes et des enfants ont perdu leurs vies dans le désert entre l’Algérie et le Niger.
En plus de la perte de ces êtres humains les plus vulnérables, ils sont nombreux les migrants qui perdent leurs vies dans la traversée du désert avant même d’atteindre leurs destinations finales. Les candidats à la migration clandestine font laussi l'’objet des violations de leurs droits humains durant toute la traversée du Sahara et de la mer méditerranée.
Si réellement, ces structures de la société civile font convenablement leur travail de défense des droits humains, ils n’auront pas à encourager le trafic illicite des migrants. Ester le Niger en justice pour demander l’abrogation de la loi sur le trafic illicite des migrants est synonyme même de violations des droits humains des migrants clandestins. Même avec le fallacieux prétexte de la libre circulation des personnes et des biens, ils devaient plutôt inciter les citoyens de l’espace à mettre en avant une migration dans les règles de l’art, c’est-à-dire, par la voie légale.
En lieu et place de dénoncer les 700 arrestations qui ont été opérées entre 2017 et 2022 au Niger dans le cadre de l’application de cette loi, ces structures de la société civile auraient dû plutôt accompagner le gouvernement qui ne vise rien en dehors de sauver des vies de ces aventuriers qui n’ont aucune certitude d’atteindre l’eldorado européen.
Les séries de tragédies que subissent chaque jour les migrants dans la mer méditerranée dont la dernière en date a coûté la vie à une cinquantaine de migrants doit attirer l’attention des détracteurs de la loi contre le trafic illicite des migrants adoptée par le gouvernement nigérien en 2015.
L’un des participants de la rencontre des 27 et 28 février 2023 à Niamey de dire « sa mise en œuvre (loi 2015-036) a entraîné, au cours des six dernières années, la multiplication des violations de la liberté de circulation dans l’espace CEDEAO et a exposé les personnes en transit à la violence, aux abus et à la torture“.
Supposons que ces affirmations ci-haut évoquées se confirment, entre empêcher quelqu’un à aller perdre sa vie dans le désert et dans les eaux et dissuader celui-ci à renoncer, le choix est pourtant vite fait.
Les observateurs de la rencontre de Niamey trouvent ahurissant cette histoire de plainte car aucune structure des migrants ou leurs représentants n’a appelé officiellement à l’abrogation de cette loi. Mieux, chaque jour, c’est des centaines des migrants qui renoncent à l’aventure en quittant volontairement les pays du Maghreb pour le Niger où dès leurs arrivées à Niamey, se précipitent au niveau des services de l’OIM, afin qu’ils puissent être acheminés dans leurs pays d’origine.
Pour plusieurs observateurs, en ce moment où les africains noirs sont officiellement déclarés persona non grata en Tunisie ces structures de la société civile doivent revoir leur copie en reconsidérant leur position, à moins qu’ils soientt déterminés à conduire les migrants africains à l’abattoir.
Ibrahim Moussa