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Discours De SEM BAZOUM MOHAMED, Président De La République, Chef De L’Etat À L’occasion Du Discours De Positionnement Du Président Du Groupe De La Banque Mondiale, M. David MALPASS Dans Le Cadre Des Réunions De Printemps 2023, Du Groupe De La Banque

Excellence Monsieur David MALPASS, Président du Groupe de la Banque Mondiale ;

Monsieur Sergio PIMENTA, Vice-Président de la Société Financière Internationale (SFI) ;

Monsieur Ousmane DIAGANA, Vice-Président région Afrique de l’Ouest et Centrale de la Banque Mondiale ;

Mesdames et Messieurs, en vos rangs, grades et qualités respectifs ;

 

Je voudrais, à l’entame de mes propos, souhaiter la bienvenue à David MALPASS Président du Groupe de la Banque mondiale et à sa délégation. Cette visite témoigne de l’excellente qualité de la relation entre le Groupe de la Banque mondiale (GBM) et la République du Niger et nous en sommes honorés.

En effet, notre collaboration avec le Groupe de la Banque Mondiale depuis le début de mon mandat en avril 2021 est très satisfaisante. Je me réjouis en particulier de l’alignement de notre coopération sur les priorités du gouvernement.

Monsieur le président,

Je souhaite saisir ce moment pour apprécier le travail accompli, sous votre leadership, par le Groupe de la Banque mondiale au Niger et dans les pays du Sahel. Vous avez en effet accordé une attention toute particulière aux pays du Sahel, cela est incontestable. Cet intérêt s’est traduit pour le Niger par un portefeuille actif de 4.68 milliards de dollars.  

Monsieur le président,

Vous connaissez mon engagement pour un secteur éducatif inclusif au Niger. J’ai la conviction que l’accès à une éducation de qualité, à des services de santé et à l’emploi permettra au Niger de réaliser son plein potentiel de dividende démographique et ceci de manière inclusive.

J’apprécie l’engagement de la Banque mondiale sur les enjeux de population et d’éducation tel que traduit par le Programme SWEDD sur l’autonomisation des femmes et le dividende démographique, ainsi que le Projet LIRE notamment.

Je souligne également, pour m’en réjouir, l’appui de la Banque dans le Programme de construction de salles de classes et d’internats de jeunes filles.

Monsieur le Président du Groupe de la Banque mondiale,

Mesdames et Messieurs,

Le Changement Climatique et les enjeux énergétiques sont des problématiques importantes pour notre Continent. En effet, pour l’Afrique qui est une des régions les plus affectées par le changement climatique, une croissance qui protège à la fois son environnement naturel et les biens communs de la planète est un impératif.

Au sahel, nous sommes confrontés à la sécheresse, la déforestation, les inondations et le stress hydrique, autant de défis qui accroissent les migrations irrégulières, la pauvreté, l’exclusion et les conflits.

Il est important de rappeler que le rapport climat et développement (CCDR) des pays du G5 Sahel estime que nos pays pourraient enregistrer une baisse de leur PIB allant jusqu’à 11,7 % d’ici à 2050 rien qu’en raison d’une pénurie d’eau liée au changement climatique. Ceci ferait basculer de 4,1 millions à 13,5 millions de personnes dans l’extrême pauvreté. 

Monsieur le président,

Il convient en même temps, de mettre en avant les potentialités notamment en matière d’énergies renouvelables mais aussi de coopération autour des bassins transfrontières pour assurer l’irrigation et couvrir les besoins du pastoralisme conformément aux recommandations du CCDR. Les besoins d’investissement dans le secteur des énergies des pays du G5 Sahel sont estimés à 18,14 milliards de dollars USD par le CCDR. Nous encourageons à cet effet le Groupe de la Banque mondiale à la mise en œuvre des recommandations du CCDR en matière d’accès à l’énergie.

Il convient en outre, d’accorder la priorité à la Grande Muraille verte dont le sommet sur One Planet a identifié un Plan d’action d’environ 20 milliards de dollars. Le Groupe de la Banque mondiale a fait montre d’innovations dans la définition de grands projets régionaux aux Sahel dans le cadre du nexus climat, développement, résilience et adaptation.

Au regard des enjeux liés au climat et au développement au Sahel, nous devons mobiliser davantage d’investissements dans l’adaptation face au changement climatique. Conformément à l’esprit de la Grande Muraille verte, je demande au Groupe de Banque Mondiale et à nos partenaires d’investir dans les initiatives autour des grands fleuves qui permettront de lancer des programmes de désensablement (pour réduire les inondations), de restauration des sols, de développement de l’irrigation et de gestion des eaux notamment. Ces initiatives mobiliseront des financements publics et privés et permettront la création d’emplois (verts) et de soutenir les programmes de sécurité alimentaire dans nos pays.

Le secteur privé est appelé à jouer un rôle clé dans cette stratégie qui passe par une priorisation de l’investissement intérieur et une amélioration du climat des affaires. Plusieurs secteurs porteurs et prometteurs seront mis en exergue, notamment la filière agro-pastorale, les nouvelles technologies et les énergies renouvelables.

La digitalisation, la sécurité alimentaire et les options de financement innovants dans le contexte mondial actuel devront retenir notre attention et celle de nos partenaires.

Dans cette optique, la digitalisation est pour nous un élément clé de développement. A cet égard, le Projet Villages intelligents financé par la Banque mondiale est un facteur d’innovations et d’intégration nationale.

Ces nombreux défis nécessitent l’accès à des moyens financiers et des capitaux permettant une relance économique globale sur notre Continent. Alors que les économies des pays avancés financent leurs déficits et renouvellent leurs dettes, les nôtres ne peuvent accéder aux marchés financiers internationaux pour mettre en place une relance économique durable.

Pour atteindre les « Objectifs de développement durable » en 2030, il s’avèrera indispensable de solliciter l’appui de nos partenaires techniques et financiers afin d’accéder à ces marchés financiers internationaux dans les meilleures conditions possibles pour financer rapidement des politiques publiques inclusives de protection sociale, de santé, d’éducation, de formation, de justice et de sécurité́.

Monsieur le Président,

Comme vous le savez, l'IDA est une priorité pour beaucoup de pays africains y compris le mien. Plus de 30 pays africains émargent au guichet de l’IDA pour le financement de leur agenda de développement.

Je voudrais donc en leurs noms apprécier la qualité de la politique mise en œuvre par l’IDA au regard des efforts importants déployés pendant des années pour renforcer considérablement sa capacité financière au profit de nos pays et surtout pour la mobilisation record d’un montant de 93 milliards de dollars conclue en décembre 2021 pour le financement du cycle de l’IDA20.

Je me félicite particulièrement de l'ambition renforcée du guichet de réponse aux crises ; du renforcement du capital humain ; d'avoir maintenu l'accent sur les causes de la fragilité et les sources de résilience.

L’innovation apportée par le modèle de financement hybride depuis IDA18 ainsi que les nouvelles mesures pertinentes d’optimisation du bilan, renforcent encore plus le statut de l’IDA comme l’institution appropriée pour soutenir nos pays dans leur redressement et leur développement. Combler le gap de financements des besoins de nos pays par des dons et prêts à des conditions concessionnelles est en effet crucial pour la soutenabilité de nos dettes.

Cependant, comme vous le savez Monsieur le Président, la concessionalité va de pair avec le niveau des contributions des partenaires, que j’interpelle de vive voix pour une augmentation au-delà du niveau actuel resté constant entre 23-24 milliards de dollar pendant les 4 derniers cycles de l’IDA.

Tout en sollicitant un engagement continu et plus fort de l’IDA envers nos pays, je voudrais en particulier insister sur le sort des populations du Sahel, du Lac Tchad, des Grands Lacs et de la Corne de l’Afrique qui font actuellement face à des crises sans précédent.

Monsieur le Président

Pour nous, la réforme en cours sur l’évolution du Groupe de la Banque Mondiale (GBM) doit être l’occasion pour répondre positivement aux appels des pays IDA qui ne cessent d’interpeller les partenaires pour plus de souplesse et une reconstitution des ressources de la fenêtre de riposte aux crises et une augmentation substantielle des ressources.

Nous accueillons favorablement le processus sur l’évolution du Groupe de la Banque Mondiale et nous félicitons nos Gouverneurs et nos Administrateurs pour leur proactivité à informer et à s’assurer que les positions de nos pays sont prises en compte dans les discussions en cours et dans la formulation des recommandations sur l’évolution du GBM.

Dans cette perspective, nos pays proposent la prise en compte des points de préoccupation ci-après dans l’agenda des discussions :

  1. l’extrême pauvreté ;
  2. la sécurité comme un bien public mondial ;
  3. la flexibilité dans l’accès à l’énergie en tenant compte de nos réalités et nos dotations naturelles ;
  4. la nécessité de plus de financements concessionnels et
  5. l’intégration régionale.

Nous sommes heureux de savoir que le Groupe de la Banque mondiale tient compte des particularités régionales et des défis de développement persistants et spécifiques à l’Afrique, notamment les conflits, l'insécurité alimentaire et énergétique, l'eau et l'assainissement ainsi que la dette, sans oublier le profil démographique de notre Continent caractérisé par une population très jeune.

Il va sans dire que pour nous, dans le cadre des réformes actuelles, le Groupe de la Banque mondiale doit garder le cap sur l’éradication de l'extrême pauvreté ; c’est près de 500 millions de personnes qui en sont affectées en 2021 (elles étaient au nombre de 278 millions en 1990). C’est également en Afrique que nous enregistrons plus de 600 millions de personnes, sans accès à l'électricité.

Il nous faut donc développer des capacités de production d’électricité pour faire face aux défis de développement mais aussi pour assurer une croissance soutenable et inclusive.

C’est le lieu pour moi de saluer particulièrement le Projet Scaling Solar porté par la SFI et le Projet d’électrification Haské porté par la Banque mondiale au Niger. Dans cet élan, mon pays ambitionne de porter le taux d’accès à l’électricité à 30% en 2026 et à 80% d’ici à 2035, contre 17,5% aujourd’hui.

Pour que la réforme du GBM soit à la hauteur des ambitions, il faut pouvoir mobiliser des ressources financières au-delà des capacités actuelles. Je voudrais donc saisir cette occasion pour lancer un appel à nos partenaires du GBM afin que le processus des réformes soit accompagné de financements supplémentaires conséquents, à la hauteur de l’ambition affichée.

Monsieur le président,

Votre visite au Niger est une opportunité renouvelée pour offrir une perspective optimiste pour l’Afrique.

Ce continent, pour pauvre qu’il soit, n’en dispose pas moins d’énormes potentialités : ses ressources naturelles immenses telles que les métaux précieux, le gaz, le pétrole, en plus des 60% des terres arables du monde. S’y ajoute le fait que l’Afrique connait l’une des croissances économiques les plus dynamiques avec une population composée à plus des deux-tiers (2/3) de jeunes.

Cette visite vous donnera l’occasion de bien mesurer les défis et les atouts de notre continent. Je suis convaincu qu’elle contribuera à préciser bien des idées et à impulser les changements attendus de la part de notre plus grand partenaire au développement.

Je vous remercie

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