« L’élevage occupe une place prédominante dans l’économie nigérienne, avec une contribution de près de 15 % au PIB. Or, ce secteur est fortement exposé aux chocs climatiques, explique Han Fraeters, responsable des opérations de la Banque mondiale pour le Niger. Les solutions de financement et d’assurance des risques de catastrophe peuvent contribuer de manière décisive à atténuer les effets néfastes des chocs climatiques sur les éleveurs, qui constituent l’une des populations les plus pauvres et les plus vulnérables du pays. Ces communautés sont très exposées à ces chocs et peinent à les gérer et à s’en remettre. »
La campagne agricole favorable de 2022 a tiré la croissance économique, entraînant une augmentation de 7,5 % du revenu moyen par habitant. Cette hausse a fait diminuer le taux de pauvreté de 6,4 points de pourcentage entre 2021 et 2022, entraînant une réduction du nombre de pauvres. Ce taux devrait continuer à baisser pour s’établir à 45,2 % en 2025.
La croissance économique nigérienne devrait suivre une tendance positive en 2023, pour atteindre un taux de 6,9 %, et pratiquement doubler à l’horizon 2024 (12,5 %) si les autorités réalisent leurs objectifs de production pétrolière. Le déficit budgétaire devrait se réduire en 2023 pour ressortir à 5,3 %. Cependant, pour ramener le déficit à 3 % du PIB, conformément au critère de convergence fixé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le gouvernement devra assurer une gestion rigoureuse des revenus pétroliers attendus, mobiliser des recettes non pétrolières et gérer avec efficacité les pressions sur les dépenses dans un contexte de chocs fréquents.
« Il faut améliorer de toute urgence la gestion du secteur pétrolier et des recettes futures en adoptant une stratégie assortie d’une feuille de route précise pour la mise en place et en œuvre d’un fonds de stabilisation. Ce fonds devra être basé, entre autres, sur un prix de référence. Son objectif sera de protéger le budget contre la volatilité des prix du pétrole et de garantir une utilisation des nouvelles ressources de manière efficace pour réduire la pauvreté et renforcer la croissance à long terme », affirme Blaise Ehowe Nguem, économiste à la Banque mondiale en charge du Niger et coauteur du rapport.
Le Niger est fortement exposé aux chocs climatiques, ainsi qu’au risque de détérioration de la situation sécuritaire. Ces facteurs pourraient susciter un fort mécontentement social et entraîner des dépenses publiques supplémentaires, ce qui compromettrait la réalisation des objectifs budgétaires.
« Le gouvernement du Niger déploie des efforts considérables pour mettre en œuvre des réformes pour soutenir une croissance durable, note Paolo Di Lorenzo, économiste senior à la Banque mondiale et coauteur du rapport. Toutefois, compte tenu des multiples incertitudes causées par diverses crises, dont le changement climatique, les priorités doivent être redéfinies et renforcées. Il faut notamment améliorer la mobilisation et la gestion des recettes publiques afin de tirer pleinement profit des possibilités de croissance et de progression du bien-être social, mais aussi renforcer la résilience aux chocs. »