les activités des partis politiques sont automatiquement suspendues jusqu’à nouvel ordre. Les responsables du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) ont consacré à cette tradition dans leur communiqué N°2. Il s’agit des mesures conservatoires prises à la suite de ce genre de changement de régime pour permettre aux nouvelles autorités de dérouler leur plan en toute quiétude et de dissuader toute velléité des partisans des partis déchus à vouloir troubler l’ordre public. Qui plus dans ce genre de situation, même la Constitution est suspendue ou dissoute et avec elle, toutes les institutions qui en sont issues. C’est pratiquement une table rase pour repartir sur des nouvelles bases. Toutefois la particularité du coup d’état du 26 juillet 2023 est qu’il est intervenu dans un contexte politique plus ou moins calme marqué par une gouvernance d’une grande alliance de partis politiques totalisant plus de 2/3 de députés à l’Assemblée Nationale. Ce qui lui permettait de gérer sans grosses difficultés. Du moins la mouvance au pouvoir n’était pas inquiétée outre mesure par l’Opposition d’alors qui paraissait pratiquement anéantie.
A priori, il n’y avait aucunemenace ou une quelconquecrise politique dans le ciel nigérien. Le Général de Brigade Abdourahamane Tiani adu reste donné les raisonsqui l’ont amené à s’emparerdu pouvoir. Il s’agit principalement de la mauvaise gestion des questionssécuritaires et la mal gouvernance. Mais en sus de cesraisons, le coup d’état du 26juillet 2023 s’est mué subitement en une révolution populaire pour l’indépendance de la patrie et la refondation de la République avec en toile de fonds l’affirmation de la souveraineté du pays dans la gestion de toutes les questions stratégiques et cruciales, notamment la sécurité, les ressources naturelles, la coopération.Ainsi des mouvements desoutien et d’adhésion ont gagné villes et villages du Niger dans une parfaite symbiose de tous les nigériens qui célèbrent un tournant dé- cisif pour l’avenir. La majorité des militants des partis politiques tout bord confondus, y compris ceux du PNDS-Tarayya, ont salué cette révolution inédite marquant une rupture brutale avec l’ancienne puissance coloniale aux relents paternalistes accusés de plomber le développement économique et social de notre pays, depuis son indépendance. En dépit de l’interdiction des activités des partis politiques, plusieurs d’entre eux ont rendu publics des communiqués pour apporter leur soutien au CNSP et exprimer leur espoir par rapport à cette marche à l’unisson.Il se trouve qu’après plus de deux mois des événements du 26 juillet, les activités des partis politiques restent toujours suspendues. Nulle part, les responsables du CNSP ne font allusion à ces derniers dans le processus de ré- flexion prévu dans le cadredu dialogue inclusif. Certaines voix tentent d’ailleurs de leur jeter l’opprobre et de demander, y compris leur dissolution.Le CNSP doit revoir sa copie en réhabilitant les partis politiques pour leur permettre de prendre pleinement part à toutes les réflexions prévues dans le cadre du dialogue inclusif. Les partis politiques constituent des acteurs incontournables dans la vie politique qu’on ne saurait écarter dans ce processus. Après tout, il reviendra toujours à ces mêmes partis politiques de reprendre les rênes du pays et de mettre en œuvre toutes les politiques qui seront programmées.Aujourd’hui un peu plus de deux mois après les événements du 26 juillet 2023, rien, absolument rien ne justifie la suspension des activités des partis politiques. Au contraire, leur retour sur la scène pourrait donner un coup d’accélérateur à la sortie de la crise.
Adoum Boulkassoum