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Évènements du 26 Juillet 2023: Des consultations politiques en sourdine

novembre 15, 2023 0 623

Dès le lendemain du coup d’état du 26 juillet 2023 les activités des partis politiques ont été suspendues jusqu’à nouvel ordre. Ainsi les 174 partis politiques, toutes tendances confondues, se sont abstenus jusque-là, de toute manifestation ou autre déclaration publique en entendant la levée de la mesure. Une accalmie totale règne dans l’écurie des partis politiques qui attendent sagement, non sans s’impatienter, l’autorisation pour revenir sur l’arène. Les différents leaders des partis, se font de plus en plus discrets et n’apparaissent qu’à des rares occasions des cérémonies de mariages, de baptême et autres évènements sociaux. Mais en réalité, derrière cette disparition de façade, les partis politiques sont loin de chômer, bien au contraire durant cette parenthèse, ils s’activent discrètement dans des longues réunions nocturnes et autres intrigues à dormir débout. C’est l’heure des grands calculs et des montages de tout genre. Les grandes formations rivalisent d’ingéniosités pour être dans la meilleure position en vue des prochaines échéances électorales. Mais à ce stade de grosses inquiétudes demeurent sur le sort des partis politiques durant la transition.

Autant l’ancienne opposition estime que son heure a sonné pour récupérer le pouvoir, autant l’ancienne mouvance présidentielle espère faire un come-back. Cette dernière pense d’ailleurs avoir une longueur d’avance parce qu’elle a géré le pouvoir durant une décennie, ce qui lui a permis de disposer d’un peu de ressources pour affronter les prochaines compétitions.

C’est un véritable chassé- croisé qui s’organise la nuit tombante dans les salons feutrés, loin des yeux indiscrets. Mais il faut préciser qu’il s’agit d’un marché de dupes où les échanges se font dans la plus grande suspicion des uns envers les autres, parce les différents acteurs se connaissent assez bien. Ils se sont joués des tours à des moments bien précis de leur vie politique.Ainsi, on signale qu’en rentrant au bercail l’autorité morale du MODEN FA Lumana Africa, Hama Amadou, est venu avec sa petite idée qui consiste à reconstituer au plus vite l’ancien MNSD-Nassara pour créer une force politique à même de s’imposer comme par le passé sur l’échiquier politique national.

Plusieurs rounds d’échanges ont eu lieu autour de lui avec Seini Oumarou du MNSD, Albadé Abouba du MPR et Omar Hamidou dit Ladan Tchiana de AMEN-AMIN. Pour le moment, tous sont d’accord sur le principe de trouver une formule de rapprochement entre leurs différentes formations politiques. Le comité ad hoc créé pour la circonstance poursuit encore ses réflexions pour affiner le projet.

Le PNDS-Tarayya qui vient de perdre le pouvoir ne reste pas pour autant les bras croisés. On parle d’une tentative de consolidation de l’ancienne mouvance présidentielle. Il semble que les leaders de ladite mouvance rendent régulièrement visite à l’ancien président Issoufou Mahamadou. Connaissant les bons rapports qu’il a eus avec les principaux leaders de la MRN et de l’APR, on peut dire aussi qu’il s’agit bien des réflexions pour une reconquête du pouvoir.

De son côté, Mahamane Ousmane du RDR-Tchanji surfe également sur l’ancienne coalition des partis politiques qui ont soutenu sa candidature aux dernières élections présidentielles. Il tient des réunions périodiques à son domicile avec ses compagnons d’infortune de l’année 2021 pour repenser l’avenir.

Quant au président déchu Bazoum Mohamed, certains de ses camarades du PNDS l’accuse d’avoir posé les jalons d’une alliance avec Hama Amadou dans la perspective d’un deuxième mandat.

Avec toutes ces consultations, certes précoces, s’achemine-t-on vers une recomposition du paysage politique ? Il est très tôt de tirer une conclusion pour le moment. Ce qui est sûr, au moment où les partis politiques grouillent pour préparer l’après transition, il y’a lieu de s’interroger sur le sort qui leur sera réservé par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP). Les premiers signes, il faut le dire, n’augurent rien de bon pour la classe politique qui est indexée par une certaine opinion, peu favorable à la démocratie et à l’état de droit, comme étant à la base de tous les maux qui minent notre pays.

Pourtant, le coup d’état du 26 juillet 2023, contrairement à ceux qui l’ont précédé, n’est pas lié à une crise politique. Notre pays connaissait plutôt une sorte d’accalmie à la veille de ces événements. Cela inquiète certains leaders politiques qui commencent à s’interroger sur le traitement qui leur sera fait au cours de la présente transition. Déjà, leurs activités sont suspendues durant plus de trois mois et personne ne parle de la levée de cette mesure dans l’immédiat, sans compter que dans l’organisation des forums régionaux en prélude aux assises du dialogue national inclusif ils ne sont guère officiellement associés.

Le deuxième signe, c’est le triste sort réservé aux partis politiques au Mali et au Burkina Faso, pays voisins qui servent de source d’inspiration pour certains membres du CNSP et leurs soutiens, où ils sont pratiquement en train de disparaître. Dans les deux pays, les militaires qui sont au pouvoir ne donnent aucun gage sur leur volonté d’organiser les élections pour retourner dans leurs casernes, préférant reporter les échéances à plus tard chaque fois que les délais qu’ils se sont donnés s’approchent de leur fin. Il y’a lieu donc de craindre un effet de contagion dans les trois pays.

Adoum Boulkassoum

 

Dernière modification le mercredi, 15 novembre 2023 21:30

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