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Cas Ousmane Sonko au Sénégal: Une pathologie politique communautaire aux relents désastreux

Sonko president

La communauté internationale regarde. La justice, elle, actionne et l’Exécutif sénégalais, sous la conduite de Macky Sall, scelle désormais le sort du seul farouche opposant politique Ousmane Sonko qui a des faibles chances de participer à la présidentielle de 2024 au pays de la Téranga. Sauf miracle!Acculé puis contraint à renoncer à ses velléités de briguer un troisième mandat, le président Sall a juré de ne pas partir seul. Sa tactique de jouer le tour pour le tout semble porter ses fruits. Il en a fait la même chose, dans un passé récent, à d’autres farouches opposants dont l’ancien maire de Dakar Khalifa Sall et le fils de l’ancien président Karim Wade, considérés à l’époque comme ses rivaux les plus craints, réduits aujourd’hui à leur plus simple expression. Aujourd’hui, il choisit Sonko dont le cas risque d’être une pathologie politique aux conséquences désastreuses pour la démocratie au sein de l’espace communautaire, si on en laisse passer. C’est du moins une alerte du Maitre Ciré Clédor Ly, un des avocats de l’opposant sénégalais en prison depuis six mois, qui estimait qu’en jugeant cette affaire comme la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) l’a fait, les dictateurs pourraient désormais agir comme l’Etat du Sénégal a fait et se prévaloir de la jurisprudence. Le juriste n’a pas tort au regard des personnalités qui animent l’espace communautaire où beaucoup sont soumises aux tentations. Déjà, dans beaucoup de pays ouest africains, les opposants sont souvent mal vus et leurs actes considérés comme des crimes de l’aise majesté, parfois réduits au silence ou contraints à l’exil. Les évènements semblent se précipiter et l’étau se resserre petit à petit autour du principal et craint opposant Ousmane Sonko, arrivée deuxième à l’issue du scrutin qui a porté le président Macky Sall au pouvoir en 2020. Poursuivi dans l’affaire dite de la masseuse Adji Sarr, le cas Ousmane Sonko va ensuite et encore prendre l’allure d’un acharnement politique du gouvernement sénégalais qui le condamne par contumace dans une autre affaire qui n’a rien à voir avec celle pour laquelle il est pourtant poursuivi au départ.Le cas Sonko inquiète et si, on n’y prend garde, risque de faire des émules dans la sous-région où des présidents aux relents dictatoriaux, une fois, élus, cherchent par tous les moyens à s’éterniser ou, dans le caséchéant, laisser la place à un de leurs pour assurer la manœuvre du gouvernail ou ses arrières. Alors que les esprits se corsent et se fixent sur le sort qui sera ré- servé à Ousmane Sonko qui attendait deux décisions de justice dont l’une de son pays même le Sénégal et l’autre de l’espace communautaire, pour savoir un peu plus sur sa participation aux prochaines échéances électorales, l’espoir semble se dissiper au niveau des partisans du Pastef, sa formation politique, dont la décision de dissolution par le gouvernement sénégalais a été confirmée vendredi 17 novembre 2023, à Abuja, par la juridiction communautaire, démontrant ainsi que, même si l’éligibilité de Sonko est avérée, lui et ses partisans doivent créer un nouveau parti ou aller à la conquête du pouvoir sous la bannière d’un parti tierce. Et pour prendre une telle décision, le tribunal de l’espace communautaire a estimé qu’aucun des droits de Sonko n’a été violé.Et pourtant ! Si les toges noires de la communauté ne voient aucun risque qui pèse sur Sonko dont l’éligibilité pourrait en pâtir, un des conseils de l’opposant, Me Ciré Clédor Ly, va sonner l’alerte puisque, selon lui, par ce jugement, les dictateurs pourraient désormais agir comme l’Etat du Sénégal a fait et se prévaloir de la jurisprudence.Sur cette question, c’est un rappel, Sonko a épuisé les voies de recours. Il ne reste plus pour lui que l’affaire dite de radiation de son nom sur les listes électorales sur laquelle la Cour de justice de la Cedeao ne s’est pas prononcée puisqu’elle n’est pas encore épuisée au Sénégal. Portée devant la Cour suprême qui en a déclaré la recevabilité le même vendredi, elle a été renvoyée devant le tribunal d’instance de Dakar, jugé cette fois-ci compétent en lieu et place du tribunal de Ziguinchor. Candidat à la présidentielle séné- galaise de février 2024, puis sous le coup d’une condamnation à deux ans de prison pour corruption de la jeunesse depuis juin dernier, Ousmane Sonko a, pour rappel, été radié automatiquement des listes électorales, avant d’être autorisé, à l’issue d’une décision judiciaire du tribunal d’instance de Ziguinchor, la municipalité dont il est maire, à y être réinscrit. C’est désormais à cette décision, où la justice voit un vice de procédure relatif à la condamnation par contumace, que le sort de Sonko est suspendu et pour laquelle son conseil craint et s’inquiète déjà du délai pour y statuer.

Mamane Abdou

Dernière modification le jeudi, 23 novembre 2023 20:54

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