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Visite de Travail du Président du CNSP au Mali et Burkina: Entre espoir et inquiétudes

novembre 30, 2023 0 614

Pour sa première sortie à l’extérieur, le Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), le Général de Brigade Abdourahamane Tiani a choisi le Mali et le Burkina Faso, deux pays voisins du Niger dirigés par des transitions militaires, où il a effectué, le jeudi 23 novembre 2023, une visite de travail. Au menu de ce déplacement le renforcement de la coopération entre le Niger et ces deux pays qui ont été les premiers soutiens du régime de Niamey aux premières heures des événements du 26 juillet 2023 ayant renversé le régime de la 7ème République. Cette visite d’amitié et de travail du Président du CNSP qui intervient dans un contexte difficile lié aux sanctions imposées par la CEDEAO au Niger a suscité enthousiasme et espoir au sein des soutiens du CNSP qui saluent et félicitent le renforcement de l’Axe Burkina-Mali-Niger. Il faut dire, cependant, que ce rapprochement qui ressemble fort à un alignement suscite également des inquiétudes dans certains milieux politiques et sociaux nigériens qui redoutent une cristallisation durable des rapports entre la CEDEAO soutenue par la communauté internationale et le Niger, éloignant du coup toute perspective proche de sortie de crise.

Pas de surprise que le Président du CNSP, le Général Abdourahamane Tiani ait choisi pour sa première sortie les destinations de Bamako et de Ouagadougou. Le Mali et le Burkina Faso étaient, en effet, les premiers pays qui avaient soutenu le CNSP au pouvoir à Niamey, dès le lendemain des événements du 26 juillet 2023. Ayant comme dé- nominateur commun des transitions militaires, l’insécurité liée aux incursions des groupes armés terroristes et un élan de lutte patriotique et souverainiste les trois pays ont établi rapidement un Axe Bamako- Ouagadougou- Niamey qui s’est traduit par la signature de la Charte du Liptako-Gourma depuis le 16 septembre 2023 et la création de l’Alliance des États du Sahel (AES). Fraternité et solidarité entre ses Etats membres, à travers des mesures concrètes dans les domaines de la défense et de la coordination diplomatique et appropriation des solutions endogènes aux défis rencontrés par les pays de l’Alliance à travers des mé- canismes véritablement africains sont les arguments présentés à l’occasion du scellage de cette alliance.Dès les jours suivant sa création, l’Alliance des États du Sahel (AES) a démontré son attachement aux principes cardinaux de fraternité et de solidarité entre ses Etats membres, notamment à travers des mesures concrètes dans les domaines de la défense et de la coordination diplomatique.Ainsi au cours de la visite de travail de travail et d’amitié effetuée au Mali et au Burkina Faso, le Capitaine Ibrahim TRAORE, Président de la Transition, Chef de l’Etat du Burkina Faso, Le Colonel GOITA, Président de la Transition, Chef de l’Etat de la République du Mali, et Le Général Abdourahamane TIANI, Président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie, Chef d’Etat de la République du Niger, ont décidé de tenir des concertations ministérielles en vue de dé- gager les perspectives d’opérationnalisation de l’Alliance, particulièrement l’élaboration des textes, la mise en place des or ganes nécessaires, les mécanismes subséquents ainsi que les modalités de son fonctionnement.Dasn ce cadre plusieurs réunions interministérielles entre les trois Etats sont prévues sur les questions de développement économique avec comme objectif de ‘’créer une synergie d’action sur l’accélération du processus d’inté- gration économique et financière au sein de l’Alliance’’.Cette sortie du Chef de l’Etat nigé- rien le Général Abdourahamane Tiani en direction de ces deux pays a été saluée et félicitée par les mouvements souverainistes dansles trois pays qui perçoivent un axe alternatif susceptible de bouleverser les rapports entre nos Etats et l’occident d’une part et d’autre part l’embryon d’une autre organisation communautaire non inféodée à l’influence des puissances occidentales.Toutefois des inquiétudes…Cependant, si les mouvements souverainistes et soutiens au CNSP se réjouissent du renforcement de l’Axe Bamako- Ouagadougou- Niamey, nombreux sont les nigériens qui sont inquiets sur les perspectives de sortie de crise à court terme. Pour eux le rapprochement et la consolidation de cet Axe qui défie la CEDEAO et la communauté internationale peut éloigner le Niger qui ploie sous les effets des sanctions des organisations communautaires d’une sortie rapide de crise.Dans ces milieux politiques, les transitions maliennes et Burkinabé, malgré des calendriers clairement affichés de retour à l’ordre constitutionnel normal ne sont pas prêtes à respecter leurs engagements. Leur crainte est que les autorités de transition nigérienne n’en fassent école alors même qu’elles sont loin des schémas burkinabé et Malien qui ont accepté non seulement des médiations et qui ont défini des agendas clairs de retour à l’ordre démocratique et constitutionnel et obtenu la levée des sanctions de la CEDEAO.Leurs inquiétudes se fondent surtout sur le fait qu’aucune négociation officielle n’est entamée avec la CEDEAO à quelques jours de la tenue du sommet des Chefs d’Etat de la CEDEAO qui doit statuer sur les efforts fournis par les autorités nigériennes de transition et consé- quemment la levée ou non des sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA.Pour rappel, quatre mois après l’avènement du CNSP au pouvoir, le processus de Dialogue National Inclusif annoncé s’est planté, la mise en place des institutions de la transition notamment le Comité chargé de la rédaction des textes fondamentaux, le Conseil Consultatif National, l’ONC, l’ONDH, le Conseil Constitutionnel, n’est pas encore à l’ordre du jour. Toutefois, seule évolution, la mise en place effective de la Cour d’Etat.Sans compter que les activités des partis politiques demeurent gelées dans un contexte où certaines voix populistes et radicales s’élèvent contre les démocraties considérées comme sources de tous les maux alors même que le CNSP s’est proclamé garant du processus démocratique engagé par le Peuple nigérien.Autant la visite de travail du Président du CNSP au Burkina et au Mali a suscité espoir et enthousiasme, autant elle cache des zones d’ombre sur l’avenir immédiat des nigé- riens qui souhaitent ardemment une levée immédiate des sanctions qui paralysent l’économie du pays.

Adoum Boulkassoum 

Dernière modification le jeudi, 30 novembre 2023 20:41

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