Les acteurs invités au grand débat du mercredi 29 novembre dernier, à la place du rond-point Escadrille, devenu symbole de la lutte de libération au Niger, ont laissé les téléspectateurs sur leur soif. Les débateurs n’ont pas pu expliquer avec technicité et professionnalisme les tenants et les aboutissants de la faisabilité de la monnaie unique qu’envisagent de créer les membres de la nouvelle Alliance des Etats du Sahel (AES).
Là où les Nigériens s’attendaient à des prestations pertinentes, sans langue de bois, ils ont plutôt eu droit à une suite de rengaines, de suppositions et des explications propagandistes marquées nonchalamment par des esquisses de la tête, y compris chez des universitaires du jour sur le plateau. Institué par la Télévision nationale Télé Sahel au lendemain du coup d’Etat du 26 juillet 2023, le Grand Débat connait une succession d’acteurs de la vie socio-politique du Niger.
Sous la modération du journaliste Abdoulaye Tiémogo, l’émission a eu comme invités experts et professionnels de l’économie, des finances, de gestion, de fiscalité, de banque, à l’image de Hamma Hamadou, ancien directeur général des impôts, Tarno Mamane, enseignant-chercheur à l’Université de Niamey. Le plateau était bien servi, le décor était bien planté, avec une vue en arrière-plan de la place du rond-point Escadrille devenue le symbole de la lutte anti-française. Seule fausse note ! Le débat était loin d’être à la hauteur des attentes du public. Les arguments présentés ou du moins le tableau affiché ressemblaient fort à ce que l’on entendait dans les rues de Niamey. Et pourtant, sur la table il y avait des experts, professionnels et enseignants chercheurs rompus du domaine, censés éclairer la lanterne des nigériens totalement divisés sur la question.
Beaucoup s’attendaient donc à des analyses pertinentes, à des réponses à leurs inquiétudes ou à leur euphorie. Que nenni ! Les invités se sont beaucoup et plutôt évertués à caresser le régime de transition dans le sens du poil, s’arrangeant à faire des prestations à l’allure des politiciens propagandistes, avec des prestations marquées essentiellement des émotions, des euphories et des esquisses d’approbation des têtes. L’impression qu’ils ont donnée, c’est plutôt des appréciations superficielles alors qu’on les attendait pour dire aux Nigériens les tenants et les aboutissants, les avantages et les inconvénients et les risques, de l’éventualité d’une telle option.
Leurs prestations s’apparentaient beaucoup plus à une mise en scène comique qui a lamentablement échoué de dire techniquement la faisabilité de cette monnaie, y compris les questions de garantie et de parité. Le tout marqué à longueur des esquisses de la tête comme s’ils étaient là pour justifier une action politique. Tout au long des débats, ils se sont tout simplement mis à expliquer ce que les manifestants de l’Escadrille veulent entendre.
Sinon, comment expliquer qu’un professeur d’université, devant une question d’une telle envergure, va se résoudre plutôt à faire des ‘’oui’’ de la tête au lieu de verser toutes ses connaissances en la matière pour éclairer la lanterne des nigériens ? Les prestations des débatteurs se sont, plutôt, ressemblées très orientées voire téléguidées. Il n’y avait rien de nouveau, de particulier encore moins une grande plusvalue à ce que l’on entend sur les réseaux sociaux et dans les rues des grandes capitales africaines
.Mamane Abdou