Depuis quelques jours, le milieu de la presse nigérienne est secoué par les interpellations des deux (2) journalistes : Ousmane Toudou, ancien Directeur de la radio Anfani, ancien conseiller en communication à la Présidence de la République et Idrissa Soumana Maiga, Directeur de Publication du quotidien privé Enquêteur.
Le 1er à qui il est reproché la publication d’un écrit aux premières heures du coup d’Etat du 26 juillet 2023 demandant le retour à la démocratie, est toujours en garde à vue dans les locaux de la gendarmerie nationale.
Le second, interpellé le 25 avril dernier à la Police judiciaire, où, il a passé cinq (5) jours, se trouve actuellement sous mandat dépôt à la prison civile de Niamey, après avoir passé devant le procureur le lundi 29 avril 2024.
Depuis leurs interpellations, une preuve de solidarité s’est déclenchée au sein de la corporation voire même au-delà avec des déclarations et autres communiqués de soutien à l’intérieur tout comme à l’extérieur du pays, et ce, y compris dans le milieu de la société civile.
Le collectif des organisations socioprofessionnelles des médias SYNAPPEAN-ASCAMEP-SYNAAP, l’Observatoire Nigérien Indépendant des Médias pour l’Ethique et de la Déontologie (ONIMED), l’Association Nigérienne des Editeurs de la Presse Indépendante (ANEPI) se sont tous prononcés pour dénoncer les interpellations des deux confrères. Ces privations de liberté interviennent d’ailleurs à quelques jours de la célébration de la Journée Internationale de la Presse le 03 mai prochain. Dans leurs différents communiqués, les journalistes ont apporté leur soutien total aux journalistes Ousmane Toudou et Idrissa Soumana Maiga dont ils exigent d’ailleurs la libération immédiate et sans condition.
Côté société civile, le soutien aux confrères est venu de Transparency International Niger, qui a rappelé que la liberté de la presse est un droit fondamental garanti par tous les instruments juridiques internationaux relatifs aux droits de l’Homme ratifiés par le Niger et que les journalistes doivent pouvoir exercer leur métier sans crainte de représailles, surtout lorsqu’ils se font l’écho de préoccupations légitimes dans l’intérêt public. Au niveau international, Reporter Sans Frontière (RFS) a dénoncé ce qu’elle a qualifié de détention arbitraire et demande l’abandon de poursuites contre le journaliste Idrissa Soumana Maiga.
« En emprisonnant le journaliste Idrissa Soumana Maiga qui n’a fait que s’interroger sur une préoccupation légitime, les autorités nigériennes envoient un terrible avertissement à tous ses confrères : la couverture de certains sujets d’intérêt général est passible de poursuites, pouvant mener à une longue détention bien que la loi ait dépénalisé les délits de presse. Cela risque à pousser les medias à s’autocensurer. Nous demandons l’abandon des charges retenues contre le journaliste et sa libération immédiate », a laissé entendre Reporter Sans Frontière.
Ibrahim Moussa