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Rapport du Panel Indépendant de Haut niveau sur la Sécurité et le Développement au Sahel : De nouvelles alternatives pour l’émergence du Sahel

Lancé en septembre 2022, le Panel Indépendant de Haut niveau sur la Sécurité et le Développement au Sahel, dont la présidence a été confiée à l’ancien Président de la République du Niger, Issoufou Mahamadou, a présenté le rapport dudit panel le 21 octobre 2024 à Addis-Abeba en Ethiopie. Créé conjointement par les Nations Unies, l’Union Africaine et la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, ce Panel avait pour mission de procéder à une évaluation stratégique sécurité-développement au Sahel en proie à de nombreux défis sécuritaires, humanitaires, économiques et sociaux. Mission accomplie par le Panel qui a procédé une analyse profonde de la situation et proposé des alternatives pour l’émergence du Sahel.

La présentation du rapport du Panel de Haut niveau s’est faite à Addis-Abeba en présence de M. Antonio Guterres, Secrétaire Général des Nations-Unies, de M. Moussa Faki Mahamat, Président de la Commission de l’Union Africaine, et de M. Omar Alieu Touray, Président de la Commission de la CEDEAO.

« Le présent rapport était prêt et devrait vous être présenté depuis un an. Les évènements intervenus au Niger le 26 Juillet 2023 n’ont pas permis de respecter cet agenda » a entonné Issoufou Mahamadou devant les commanditaires de l’évaluation.

C’est un travail méticuleux, hautement scientifique, exhaustif, inclusif et participatif dressant un diagnostic sans complaisance de la situation du Sahel Géopolitique assortie de recommandations pour qui a été menée sous la conduite de Issoufou Mahamadou.

Constitué de hautes personnalités bien connues dont Dr Donald Kaberuka, Dr Mohamed Ibn Chambas, Leila Zerrougui et Sohoyata Maiga avec le précieux concours de deux membres du cabinet du Panel, le Général de Brigade Cheick Dembele et le Professeur Tidjani Alou Mahaman Sanoussi, le Panel de Haut niveau dirigé par Issoufou Mahamadou a examiné toute la situation du Sahel, secteur par secteur pour déboucher sur des recommandations pertinentes à même de faire face à la crise multidimensionnelle de cet espace, à moyen et à long terme.

L’évaluation stratégique a concerné 18 pays placés sous la dénomination de « Sahel Géopolitique (S.G) » dont trois pays du Maghreb (Algérie, Libye et Mauritanie), 13 pays de la CEDEAO (hors Libéria et le Cap Vert) et deux pays de l’Afrique Centrale (Cameroun et Tchad). C’est un espace qui s’étend des rives sud de la Méditerranée au Golfe de Guinée et de l’Atlantique au bassin du lac Tchad qui abrite 528 millions d’habitants en 2023 et 939 millions en 2050 avec un PIB de 993 milliards de dollars en 2022, et doté de ressources naturelles abondantes.

L’évaluation stratégique inclusive et participative a adopté une approche comprenant des consultations politiques approfondies, plusieurs forums thématiques régionaux et des missions techniques sur le terrain, effectuées par une équipe de dix experts africains, indépendants, principalement issus de la région qui, par ailleurs, ont eu accès à une documentation abondante. Le Panel a également eu recours à un vivier d’une trentaine de personnes ressources, majoritairement de la région.

Le rapport qui examine la situation actuelle et les risques majeurs auxquels la région est confrontée, fait ressortir que le Sahel Géopolitique connaît une crise complexe et multidimensionnelle depuis plus d’une décennie, crise qui touche à la sécurité humaine, c’est-à-dire, à la fois à la gouvernance, à la sécurité physique et au développement socio-économique.

Le Rapport fait également ressortir des IDH faible pour la plupart des pays du Sahel géopolitique, une faible valorisation du capital humain, un sous-équipement en infrastructures, une faible modernisation et diversification de l’économie, un échange inégal, un sous-financement de l’économie, etc.

Le résumé du rapport fait également cas ‘’De nouveaux revers dans le processus et systèmes démocratiques de la région, avec plus de tentative de changements inconstitutionnels de gouvernement et d’usage de la force pour accéder au pouvoir’’. ‘’Cela conduirait à une érosion totale de la crédibilité, du moins dans les perceptions populaires, des Etats et des organisations régionales telles que la CEDEAO, la CEEAC, l’UA et l’ONU’’ souligne le rapport qui parle de risque d’installation d’une ‘’méfiance grandissante envers l’Architecture internationale et régionale, avec l’échec croissant des cadres normatifs régionaux et internationaux et la dépendance à l’égard de solutions palliatives à court terme, telles que l’utilisation de groupes locaux d’autodéfense, de forces agissant par procuration ou de sociétés privées internationales’’.

‘’si rien n’est entrepris, il est probable que les Etats Sahéliens connaissent une insécurité grandissante, une fracture sociale croissante, une pauvreté et des inégalités qui se creusent avec le risque, pour certains, de disparaître sous leur forme actuelle’’ alerte le rapport qui estime que ‘’le statu quo n’est pas acceptable’’.

Pour en sortir le Panel propose ‘’un nouveau pacte fondé sur un nouveau paradigme, une vision et des objectifs qui reflètent les aspirations profondes des populations de la région’’.

Mieux, le Panel a établi une formule de l’émergence et du développement qui permet de déterminer la durée au bout de laquelle un pays se trouve dans l’intervalle de l’émergence ou du développement en fonction de la croissance de son PIB par habitant. A contrario, une autre formule permet de calculer, à partir d’une durée fixée à priori, le taux de croissance du PIB par habitant nécessaire à l’émergence ou au développement.

La durée choisie par le Panel est de 39 ans avec pour horizon 2063, année du centenaire de la création de notre organisation continentale. Selon les pays, il y a une grande dispersion des taux de croissance du revenu par habitant nécessaires, pour parvenir à l’émergence à cette échéance.

La vision proposée par le Panel est celle, à l’horizon 2063, d’un Sahel 2.0, un sahel émergent, c’est-à-dire un Sahel caractérisé par : la bonne gouvernance politique et économique ; la stabilité politique assurée par des Etats visionnaires, stratèges et capables ; le silence des armes ; une transition démographique engagée et accomplie ; une transition climatique et énergétique réussie ; une forte croissance économique inclusive soutenue par une économie diversifiée ; une urbanisation rapide ; une large classe moyenne capable d’occuper des emplois intermédiaires dans les services et l’administration, de contribuer à la stabilité politique et de soutenir la croissance économique.

La gouvernance, la sécurité, le développement durable et la mobilisation des ressources constituent les quatre piliers sur lesquels reposera la rupture que nécessitera la réalisation de cette vision, précise le rapport.

Tel qu’il est fourni, le rapport du Panel de Haut Niveau sur la Sécurité et le Développement au Sahel est incontestablement une ultime alternative pour l’émergence des pays du Sahel confrontés à des défis sécuritaires et de développement.

Ce rapport témoigne une fois de plus que l’ancien Président de la République du Niger à qui on a confié plusieurs dossiers d’envergure dont celui de la ZLECAF, de la monnaie unique de la CEDEAO, accomplit avec brio et à la grande satisfaction des Chefs d’Etats africains ses missions. Cela témoigne également de l’engagement inébranlable de Issoufou Mahamadou pour une Afrique renaissante et émergente qui comptera sur la scène mondiale

Adoum Boulkassoum

Dernière modification le dimanche, 27 octobre 2024 18:53

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