Dans le but d'accélérer la réduction de la mortalité maternelle et périnatale au Niger et être au rendez-vous des Objectifs de Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030, le Ministère de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales, en collaboration avec ses Partenaires Techniques et Financiers (PTF), organise à Niamey, du 13 au 15 novembre 2024, un Forum National sur les décès maternel et périnatal.
La rencontre sera placée sous le haut patronage du Premier Ministre, Ministre de l’Economie et des Finances, Ali Mahaman Lamine Zeine.
Seront aussi de la partie, de hauts responsables du Ministère de la Santé Publique et des Ministères sectoriels, des experts nationaux en santé, les autorités administratives, les partenaires techniques et financiers, les chefs traditionnels et religieux ainsi que des membres des organisations de la société civile.
"Plus jamais de décès maternels et périnatals évitables au Niger. Agissons ensemble !" est le thème du forum. L'objectif général de celui-ci est de mobiliser toutes les parties prenantes autour des plus hautes autorités pour un engagement en faveur de la réduction de la mortalité maternelle et périnatale.
A l'occasion de cette rencontre, les parties prenantes vont évaluer les recommandations et les engagements du forum de 2018, faire un diagnostic interne et multisectoriel sur la problématique des décès maternels et périnatals, proposer des interventions efficaces à court, moyen et long termes pour réduire la mortalité maternelle et périnatale, proposer des mécanismes appropriés de mise en œuvre de ces interventions, élaborer la déclaration de Niamey pour accélérer la réduction de la mortalité maternelle et périnatale.
Elles vont, en outre, discuter de la problématique des décès maternels et périnatals et d’y trouver les solutions efficaces et durables.
Vont aussi être définis pendant le forum les rôles et les responsabilités à tous les niveaux du système de santé, notamment en ce qui concerne le Gouvernement, la société civile, les ONG, les associations des professionnels de la santé, les administrateurs délégués, les autorités administratives, traditionnelles et religieuses et les partenaires au développement.
La rencontre de Niamey, faut-il le rappeler, fait suite aux mini foras organisés au niveau des huit régions.
Pendant les trois jours qu'elle durera, deux seront consacrés à des ateliers techniques qui porteront sur les présentations des objectifs, la situation de la Mortalité Maternelle et Périnatale, la synthèse des mini foras et l’organisation des panels sur deux sessions à savoir : une session qui portera sur le diagnostic interne et multisectoriel sur la problématique des décès maternels et périnatals et une autre sur les propositions des interventions efficaces à court, moyen et long terme pour réduire la mortalité maternelle et périnatale et les mécanismes appropriés de mise en œuvre des interventions.
En ce qui concerne le troisième jour, celui-ci va être consacré sur la présentation de la synthèse du Forum, la déclaration de Niamey et la signature des engagements par les parties prenantes et ce sera en présence du Premier Ministre, Ministre de l’Economie et des Finances, Ali Mahaman Lamine Zeine.
Selon tous les indicateurs, la situation de la mortalité maternelle et périnatale est peu reluisante au Niger.
En effet, au regard des résultats des dernières enquêtes réalisées au Niger, la mortalité néonatale a fortement augmenté de 2015 (24‰) à 2021 (43‰).
Celle-ci contribue pour environ 75% des décès infanto-juvéniles, plaçant du coup le Niger en tête des pays à mortalité infanto-juvénile des plus élevées en Afrique de l’Ouest et Centrale.
La mortalité maternelle au Niger, elle, aussi reste élevée.
En effet, en dépit d’une réduction continue entre 1992 et 2015, passant de 652 à 520 décès pour 100.000 naissances vivantes, elle n'hypothèque pas l’atteinte de la cible de 70 pour 100.000 naissances vivantes des ODD.
Aussi, selon les enquêtes, sur 1.000 naissances vivantes, un peu plus de 5 femmes (5,2) sont décédées soit pendant la grossesse, soit pendant l’accouchement, soit dans les 42 jours suivant la terminaison de la grossesse.
L’enquête longitudinale sur l’impact de l’Initiative Nationale de Renforcement de la lutte contre les hémorragies du post-partum sur le décès maternel au Niger, de 2015 à 2020 et les estimations des Nations Unies à la même période donnent un ratio de mortalité maternelle respectivement de 446 et 441 pour 100.000 naissances vivantes.
En outre, d'après les données des annuaires statistiques, la même préoccupation s'observe concernant la létalité obstétricale intra hospitalière et la mortalité néonatale précoce intra hospitalière malgré l’augmentation progressive de la couverture sanitaire. Ainsi la létalité obstétricale intra hospitalière passe de 0,39 % en 2016 à 0,17% en 2023 tandis que le taux de mortalité néonatale précoce intra hospitalière a augmenté passant de 0,53% en 2016 à 1,04% en 2023.
L’insuffisance dans la gouvernance sectorielle et intersectorielle, l’insuffisance de ressources humaines qualifiées ainsi que l’extrême mobilité du personnel, l’insuffisance dans le financement du secteur de la santé, la faible accessibilité aux soins et services, la persistance des pratiques socioculturelles néfastes, sont, entre autres, quelques-uns des facteurs qui accentuent la mortalité maternelle et néonatale au Niger.
Il faut préciser que le pays a enregistré 1.540 décès maternels et 22.152 décès périnatals au cours de l'année 2023 grâce à l’amélioration de la notification des décès dans les structures sanitaires et en communauté.
Il faut souligner que, dans l'esprit d'améliorer davantage la santé maternelle et infantile, le Gouvernement nigérien a, tout dernièrement, décidé de la gratuité des soins de 0 à 59 mois, de la césarienne et la diminution de 50% des prestations en matière de santé.
Bassirou Baki