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Incarcération de l’ancien ministre du pétrole : Barké rattrapé par les affaires

Le samedi 18 janvier 2025, l’on apprenait brusquement que l’ancien ministre du pétrole Mahaman Moustapha Barké a été déposé à la prison civile de de Filingué. Congédié en catimini du gouvernement un samedi du mois d’août 2024 à 13 heures, de la façon la plus singulière et spectaculaire, Barké est désormais entre les mains de la justice. Quelques jours après son incarcération, on en sait un peu plus sur les soupçons qui pèsent sur lui. Rien que des sombres affaires dont il se plaisait à accuser l’ancien régime…

En effet, selon plusieurs sources concordantes, l’ancien Ministre Barké serait coupable de plusieurs scandales financiers divers et variés. On cite plusieurs affaires qui restent à être élucidées par la justice. Parmi ces scabreuses affaires, les soupçons sont orientés vers :

- L’attribution d’un contrat d’un million de dollars (un peu plus de 600 millions de FCFA) à son propre fils, pour ne pas dire à lui-même. Ce Contrat était en cours d’exécution par un prestataire nigérien quand il l’aurait arraché pour le réattribuer à son fils ;

- L’ouverture d’un compte offshore à Dubaï (UAE); compte dans lequel serait viré plusieurs montants importants, qu’on soupçonne être des commissions ou disons des pots de vin obtenus lors des négociations pour le prêt entre l’État et la CNPC. On parle d’un montant de 1,5 millions de dollars.

- Dans le même compte offshore serait viré des montants beaucoup plus importants liés à un trafic de carburant qui serait mis en place par le Ministre Barké avec le Tchad. Dans ce trafic, des commissions de 6 FCFA par litre seraient captés par l’ancien Ministre et plusieurs citernes auraient tout simplement été vendues directement par lui, sans qu’aucun copeck n’entre ni dans les caisses de la SONIDEP, ni dans celles de l’État. Si ce trafic se confirme, avec qui Barké l’aurait-il géré? ;

- Une rencontre, non répertoriée dans l’Agenda officielle de Barké, avec la société ZIMAR à Lomé. Rencontre au cours de laquelle celui-ci aurait pris des grosses commissions pour préserver les intérêts de cette société inconnue et quasi-clandestine ;

- La mise en place d’un réseau international de captation de ressources importantes dans le cadre de la vente du pétrole brut sur le marché international. Ce réseau, dont nous apprenons qu’il est en train d’être démantelé par les services compétents, devrait apporter à l’ancien ministre du pétrole Barké et ses complices, un million de dollars à chaque chargement de bateau. A date, 10 bateaux ont déjà été chargés au port de SEME, Barké et ses complices auraient-ils déjà encaissé 10 millions de dollars? L’enquête en cours nous le dira certainement.

Voilà, selon nos investigations, les lourds soupçons qui pèsent sur l’ancien ministre qui lui ont valu d’abord d’être débarqué du gouvernement en août 2024 avant d’être rattrapé par les affaires les unes plus scandaleuses que les autres.

Les fausses accusations de Barké qui se retournent contre lui

Barké n’a pas seulement été rattrapé que par les affaires. Il a été également rattrapé par le plan sordide qu’il ficelé en vue de détruire ses prédécesseurs.

A sa prise de fonction, l’ancien Ministre Barké a vite dévoilé ses mauvaises intentions. En effet, par voie de menaces directes et d’intimidations envers l’équipe trouvée en place, il a répété, à l’infini, son intention de traquer toutes les « magouilles » du régime de la renaissance et d’envoyer les anciens responsables notamment les anciens ministres Foumakoye Gado et Mahamane Sani Issoufou Mahamadou, et autres cadres de l’ancien régime en prison et pour longtemps.

A cet effet, il a pris le devant, avant même une prise de position officielle du chef de l’État et du gouvernement sur ce sujet, pour annoncer, sur les ondes de la télévision nationale, un audit du secteur pétrolier. A maintes occasions, il a fait des sous-entendus, notamment ceux d’une corruption massive dans le secteur ainsi qu’un détournement journalier de 15 000 barils par jour depuis 12 ans.

Dans ce sens, un audit du secteur pétrolier a été conduit dès le mois d’octobre 2023. Cet audit  a été mené par une équipe large et pluridisciplinaire, conduite par l’inspection générale d’État et constitué par des inspecteurs de finances, des cadres du ministère du pétrole et plusieurs personnes ressources. Parallèlement à cet audit, plusieurs équipes sont mises en place pour traiter plusieurs sujets dont, notamment, la relecture de tous les contrats pétroliers signés depuis 2011, la revue de la gestion pétrolière, l’analyse des décisions prises par les Ministres Foumakoye Gado et Mahaman Sani Mahamadou, etc. En plus, tous les contrats ont été envoyés à l’Agence Judiciaire de l’État  (AJE) pour avis.

Au bout de six mois d’audit complet, ayant conduit l’équipe dans tous les compartiments du secteur (Agadem, Bureaux de la CNPC, Ministère du Pétrole, Sous-traitants CNPC, SORAZ, Benin, etc.), un rapport a été dressé à qui de droit. Ce rapport a formellement démenti toutes les allégations distillées par le Ministre Barké. Rien de ce qu’il a sous-entendu n’a été confirmé. Au contraire, il est apparu que le secteur pétrolier a été géré avec responsabilité. Inutile de préciser que, dans ce rapport, la fameuse assertion de 15 000 barils par jour détournés pendant 12 ans est resté le mythe existant que dans la seule tête de Barké.

Aussi, les travaux de tous les autres comités cités ci-haut ont conforté les conclusions de l’audit. En effet, des réponses de l’Agence Judiciaire de l’Etat (AJE) sur les contrats ainsi que des conclusions du comité mis à cet effet, il est ressorti que, dans ces contrats, tous les intérêts de l’État ont été préservés. Pour illustrer cela, il est possible de se référer au Grand débat consacré à ce sujet. Au cours de ce débat, le Pr Boubacar Diallo, enseignant chercheur à l’université de Niamey et membre du Comité de relecture des Contrats pétroliers a dit, en substance « qu’il est surpris de la qualité des Contrats qui leurs sont soumis ». Les conclusions faites par les autres comités sont du même ordre que les propos du Professeur.

Comme vous vous en doutez et au vu des conclusions de tous les travaux engagés, l’ancien Ministre Barké a tue tous ces rapports.

Parallèlement à ces travaux et malgré les mise en garde des équipes techniques du Ministère du Pétrole, l’ancien Ministre Barké a engagé une entreprise de déstructuration profonde du secteur. En réalité, cette entreprise, qui a consisté notamment à freiner toutes les réformes en cours et à suspendre plusieurs contrats locaux en cours d’exécution, avait pour but réel d’être dans les bonnes grâces du partenaire chinois et de réattribuer les contrats locaux à des entreprises qui lui sont proches pour ne pas dire ses entreprises.

En réalité, l’ancien Ministre Barké ne voyait que des affaires à son arrivée au Ministère du pétrole et pensait que ce qu’il avait l’intention de faire, c’était ce que les autres faisaient. Erreur ! Les anciens ministres du pétrole qui sont également incarcérés n’ont commis aucune faute de gestion. Ils gardent prison essentiellement pour des opinions politiques et des raisons liées aux événements du 26 juillet 2023

Comme on le voit, l’ancien Ministre Barké est entré au Ministre du Pétrole comme un employé moyen d’une société privé de la place et il en est ressorti possiblement riche, très riche et, malheureusement, laissant un secteur pétrolier, jadis structuré, dans un état lamentable, où toutes les reformes ont été stoppés, des acquis perdus, des ressources détournées et des cadres de l’administration du Pétrole désorientés et en colère.

Adoum Boulkassoum

Dernière modification le vendredi, 24 janvier 2025 08:44

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