Depuis la sortie médiatique du Ministre de l’Équipement et des Transports, le Colonel-Major Salissou Mahaman Salissou, dressant le bilan de l’exécution de la lettre de mission que lui a confiée le Président du CNSP, Chef de l’Etat, le clan du président de la République déchu, Mohamed Bazoum, est entré dans une extrême fébrilité.
La cause de cette agitation ? La révélation d’un marché de réalisation d’une route facturée à un peu plus de 103 milliards de francs CFA, réévaluée après la chute du Bazoum à 68 milliards de francs CFA, soit une surfacturation de 35 milliards de francs CFA qui interroge.
Par devoir de responsabilité, le Ministre n’aurait pas donné tous les détails sur le projet concerné : l’année, l’entreprise impliquée dans la surfacturation et celle qui a procédé à la réévaluation. Cependant, on sait aujourd’hui que ledit marché porte sur la construction de 116 km de route et était piloté par l’entreprise SUMMA sous le régime de Bazoum.
Et pourtant, à peine la déclaration du ministre des transports et de l’équipement faite, les partisans du président déchu tentait d’orienter l’opinion vers une autre époque. Cette tentative désespérée trahissait une peur latente : celle que la vérité éclate et expose au grand jour l’homme qu’ils tentent de faire passer pour un modèle d’intégrité.
Cette fois, le roi est nu, et l’homme qui voulait passer pour un justicier anti-corruption se révèle être l’un des plus grands prédateurs des ressources publiques.
Les Nigériens se souviennent encore des révélations de la presse locale sur la mainmise absolue de Bazoum et de sa belle-famille sur la rente pétrolière. En deux ans seulement, ils auraient cumulé 469,5 millions de dollars de marchés, soit 287 milliards de francs CFA, dont à en croire les mêmes sources :
- 409,6 millions de dollars (250 milliards de FCFA) pour sa famille personnelle (87 % des marchés)
- 44,5 millions de dollars (27 milliards de FCFA) pour ses proches (9 %)
- 15,4 millions de dollars (10 milliards de FCFA) pour ses beaux-frères (3 %)
Ces chiffres remettent en cause la prétendue intégrité du président déchu et démontrent que l’homme qui voulait se faire passer pour un saint est en réalité un acteur majeur des pratiques qu’il dénonçait.
L’argument selon lequel sa chute aurait été provoquée par son engagement contre la corruption apparaît aujourd’hui comme une pure fabrication. À l’époque, l’ancien Premier ministre Ouhoumoudou Mahamadou lui-même avait déclaré que l’histoire du conflit autour du pétrole était une vue de l’esprit, montée de toutes pièces par Bazoum et relayée par des médias français acquis à sa cause. Avec cette nouvelle révélation, les partisans de Bazoum sont pris de panique. Ils réalisent que l’image qu’ils veulent imposer à l’opinion ne tient plus et que même les plus naïfs voient désormais la vérité. Mais refusant l’évidence, ils reviennent à leurs méthodes habituelles : mensonge, calomnie et manipulation.
Dans leurs communications malsaines à l’endroit de certains responsables du PNDS-Tarayya, cette semaine, ils se sont déchargés gratuitement sur l’opérateur économique Amadou Oumarou Mainassara, spécialisé dans les domaines des routes et BTP. Ils prétendent qu’il était sur une liste noire de Bazoum, interdit de marchés publics.
On aurait plutôt aimé apprendre que Bazoum avait refusé l’important appui financier que cet opérateur économique lui avait apporté pour sa campagne. Aujourd’hui, un an et demi après le coup d’État du 26 juillet 2023, il est présenté comme le financier de l’opération qui a renversé Bazoum.
Le seul argument avancé, il était au domicile de l’ancien président Issoufou le 23 juillet 2023, comme de nombreux autres invités, y compris des diplomates. Devrions-nous alors en déduire que Sylvain Itté, un diplomate bien connu, aurait lui aussi joué un rôle particulier ? L’argument est tout simplement ridicule.
A la vérité derrière cette campagne de calomnie à l’endroit de Amadou Oumarou Mainassara, c’est tout simplement parce que c’est son entreprise, EGBTP, qui a procédé à la réévaluation du marché routier révélé par le Ministre de l’équipement et des transports lors de son entretien-bilan sur la RTN. Ses experts ont estimé que la valeur réelle du projet ne dépassait pas 68 milliards de francs CFA, exposant ainsi la colossale surfacturation du régime de Bazoum.
Ce renversement de situation montre que le voleur crie au voleur. Avec Bazoum, tout est une question de manipulation : il ne combattait pas la corruption, il voulait juste être le seul à en profiter. D’ailleurs, un doute sur l’intégrité de l’homme était apparu bien avant sa chute.
Une semaine avant le 26 juillet 2023, lors d’une cérémonie à Tchintabaraden, Bazoum, en sa qualité de Président de la République, s’était ouvertement fait l’agent publicitaire d’une entreprise de BTP, portant l’acronyme suspect de MBC, comme "Mohamed Bazoum Company’’ ? Honnêtement, la coïncidence est troublante. Le mensonge a beau courir, la vérité finit toujours par le rattraper. Le temps n’est pas seulement le meilleur juge, il est aussi incorruptible.
Mato Mani