A la cérémonie d’ouverture des assises nationales, le 15 février dernier, le Gouverneur de la Région de Niamey s’était livré en spectacle, portant atteinte à toutes les règles de civilité et de bienséance. Dans le message de bienvenue qu’il était invité à la prononcer en sa qualité de Gouverneur de la région hôte, il s’en est pris aux invités d’honneur du Président du CNSP et des assises nationales. Plus qu’à une provocation, c’était à un affront et à la limite une humiliation à laquelle le Général de Brigade Assoumane Abdou Harouna s’est livré, semant déception et embarras dans la grande salle des Conférence Mahatma Gandhi de Niamey, sous les applaudissements d’une horde des gens agités, apparemment dressés pour cette scène vulgaire au préalable. Il s’est attaqué à toute la classe politique nationale ou disons à une partie comme il l’a précisé du reste, considérant que c’est elle qui a plongé le pays dans la situation dans laquelle il est. Un discours, qui il faut le dire est aux antipodes de celui du Président du CNSP, Chef de l’Etat qui prônait en cette circonstance solennelle l’unité nationale, la cohésion sociale, la paix et le surpassement de soi pour ne tenir compte que de l’intérêt supérieur de la Nation.
La salve lâchée par le Gouverneur de Niamey devant des milliers d’invités et de participants aux assises nationales était manifestement préparée avec les plus grands soins. Les yeux presque fermées, la tête baissée, avec un ton agressif et rancunier, le Général Assoumane Abdou Harouna accusait les politiciens qui avaient eu la charge de la conduite du pays durant les 35 dernières années. En réalité, en bon héritier des régimes d’exception, il s’en prenait, à analyser de près, à la démocratie et à ses valeurs qui pour lui sont synonyme de pagaille et mal gouvernance. C’est là une opinion que porte le Gouverneur de Niamey qui n’hésite pas dans ses petits cercles d’amis de claironner. Mais de là à exprimer de telles opinions à une tribune comme celle des assises nationales que le Chef de l’Etat Abdourahamane Tiani veut comme une occasion de réconciliation nationale, exempt…..était un pas à ne pas franchir.
C’était une atteinte à nos valeurs sociales, à la bienséance, aux principes de neutralité et d’impartialité que commande la transition que de tenir des propos insultants et offensant face à des invités d’honneur dont le seul tort a été de diriger le Niger à un moment ou à un autre de son histoire. Le Gouverneur de Niamey savait bien que parmi les invités d’honneur qui ont rehaussé de leur présence l’éclat de l’évènement, les anciens présidents de la République et Chef de l’Etat, Mahamane Ousmane, Salou Djibo et Mahamadou Issoufou. On y comptait aussi d’anciens Présidents de l’Assemblée Nationale comme Seyni Oumarou, Mamane Oumarou et d’anciens premiers ministres comme Hamid Algabid, Brigi Rafini pour ne citer que ceux-là. C’est devant toutes ces personnalités qui ont fait la fierté à un moment ou à un autre de l’Histoire de notre pays que le Général Assoumane Abdou Harouna a lancé ses flèches à l’endroit de toute la classe politique nationale, jugeant les 35 dernières années de démocratisation de notre pays comme étant à l’origine de tout le mal qui gangrène le pays.
La décence aurait commandé au Général Assoumane Abdou Harouna d’honorer les invités du Chef de l’Etat qui au-delà de tout étaient des anciens responsables qui ont géré ce pays et méritent à ce titre tout le respect dû à leur rang et à leur âge.
Du reste, ce n’était pas la première fois que le Gouverneur de Niamey se livre à des attaques de ce genre. L’on se rappelle qu’à l’occasion d’un meeting de soutien organisé en soutien au CNSP, il a eu la même attitude désinvolte transformant un slogan célèbre consacré aux réalisations de l’ancien Président Issoufou Mahamadou en un slogan retourné contre lui. Au point où les observateurs de la scène publique commencent à s’interroger sur les véritables raisons de ces attaques répétitives visiblement orientées contre le PNDS. Les soucis ce n’est point les attaques contre le PNDS mais c’est le fait qu’elles viennent d’un responsable de la transition qui doit incarner la neutralité et l’impartialité surtout au moment où les partis politiques sont interdits d’activités depuis le début de la transition et s’y sont soumis avec dignité et responsabilité. Il était remarquable dans la salle que beaucoup de membres du CNSP et du gouvernement étaient gênés par cette bourde du gouverneur qui devait se limiter à souhaiter la bienvenue aux délégués et une bonne tenue des assises.
Heureusement que le président du CNSP, le Général Tiani a recadré les choses dans son discours officielle d’ouverture pour rappeler les objectifs et l’esprit du forum. «…à la différence de ce que les nigériens ont connu par le passé, les présentes assises ne peuvent pas se réduire à une tribune de promotion personnelle, de positionnement politique, de règlement de compte, de critiques acerbes injustifiées et de tremplin pour une conquête du pouvoir à venir. Elles doivent plutôt, être un moment d’échanges constructifs qui va fédérer tous les nigériens pour l’atteinte de nos objectifs communs d’unité nationale, de cohésion sociale, de justice sociale, de paix, de sécurité et de progrès socio-économique », a précisé le Chef de l’Etat. Toute chose qui recommande au gouverneur de Niamey de se raviser et d’éviter de glisser sur un terrain glissant.
Adoum Boulkassoum
