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Adoption de la langue nationale et des langues de travail : Pourquoi tant de tollé autour de l’article 12 ?

La Charte de la refondation vient d’être publiée dans le journal officiel par le Secrétariat Général du Gouvernement. En son article 12, elle stipule que «Les langues parlées du Niger sont : l'Arabe, le Buduma, le Fulfulde, le Gulmancema, le Hausa, le Kanuri, le Tagdalt, le Tamajaq, le Tassawaq, le Tubu et le Zarma-sonraï.

La langue nationale est le Hausa

Dans un second alinéa on consacrait l'Anglais et le Français  comme langues de travail.

Les langues de travail sont l’Anglais et le Français.»

Depuis la publication de la charte avec cette nouvelle disposition, certains acteurs, certains de bonne foi, d’autres dans un farouche repli identitaire, s’agitent pour dénoncer l’érection de la langue hausa comme langue nationale. Le seul argument à leur possession est le fait que les anciennes dispositions de l’avant-projet de la charte de la transition retiennent toutes les 11 langues parlées du Niger comme étant des langues nationales. A regarder de près, ce raisonnement tient d’une certaine logique. Les 11 langues parlées au Niger sont des langues nationales comparativement aux langues parlées dans d’autres pays qui sont des langues étrangères. Ceux qui tiennent ce raisonnement oublient que ce choix se fonde sur le fait que la langue hausa à la différence des autres langues parlées au Niger, couvre toute l’étendue du territoire national. Selon certaines statistiques elle représente plus de 85 pour cent de locuteurs au niveau de l’ensemble de la population du Niger.

Un autre aspect important qu’il faut noter ici est lié à l’élan de souveraineté dans lequel s’est inscrit le Niger depuis les événements du 26 juillet 2023 qui commande d’aller également vers la souveraineté culturelle et linguistique. Comme l’a dit un des acteurs de la Refondation, il s’agit d’une première étape de cette souveraineté linguistique qui passe par la promotion des langues nationales. Ainsi donc, l’érection de la langue hausa en langue nationale n’a rien à voir avec une hiérarchisation des langues ou un processus d’assimilation des langues comme le prétendent certains esprits divisionnistes qui veulent faire une exploitation malveillante de cette initiative. Dans cette catégorie de mal pensants, il y’en a qui sont allés jusqu’à faire le lien avec les élections à venir et le contrôle du pouvoir. Ils semblent nier que la langue hausa est la langue majoritaire qui est parlée dans les huit régions du Niger. Et si on devait amorcer la valorisation de nos langues nationales, c’est en toute logique que cette langue sera retenue en attendant l’évolution du processus

La question qu’il faut se poser par contre est celle de savoir le contenu que le pouvoir de la refondation entend donner à cette réforme. Comment le statut de langue nationale sera-t-il matérialisé au niveau de l’administration et dans la vie courante ? On peut dire que certains pays de la sous-région ont adopté, avec fierté, de fait des langues nationales. C’est le cas de Moré pour le Burkina Faso, le Bambara pour le Mali et le Wolof pour le Sénégal qui sont de fait des langues nationales dans ces pays.

Mais au-delà de la pratique de la langue dans les interactions quotidiennes, le Niger peut innover en introduisant par exemple l’enseignement de cette langue dans le système éducatif nigérien et dans les documents administratifs.

En attendant la suite, ce débat sur les langues nationales, a permis de découvrir de nombreux visages qui prêchaient il n’y a pas encore longtemps, l’unité, la patriotisme, la souveraineté, et que sais-je encore, mais qui se sont malheureusement repliés dans un terrible repli identitaire face à cette question de langue nationale qui provoque un déchainement de passion qui n’en vaut vraiment pas la peine.

Mato Mani

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