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Nouveau chronogramme des élections au Mali : la junte militaire met à l’épreuve la CEDEAO

Les autorités de la transition militaire malienne continuent visiblement à jouer au dilatoire avec la CEDEAO et la communauté internationale. Après de nombreux atermoiements sur le chronogramme des élections pour un retour à l’ordre constitutionnel normal, la junte dirigée par le Colonel Assimi Goïta a trouvé un autre filon, une trouvaille sur laquelle elle compte convaincre la Communauté internationale. Les autorités maliennes de transition ont finalement transmis les chronogrammes des élections à la CEDEAO. C’est le Ministre des Affaires Etrangères M. Abdoulaye Diop qui a effectué le déplacement d’Accra pour remettre en mains propres le chronogramme issu des assises de la refondation qui se sont tenues à Bamako du 27 au 30 décembre 2021. Un chronogramme qui est loin de convaincre sur la bonne foi de la junte à aller le plus rapidement vers l’ordre constitutionnel normal.

Longtemps exigé par la CEDEAO et la Communauté internationale, le chronogramme sur les élections au Mali est désormais connu. Les responsables de la transition ont fini par exhiber au président en exercice de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le ghanéen Nana Akufo Ado leur agenda qu’ils ont caché depuis leur arrivé au pouvoir en août 2020.

Il a fallu 16 mois sur les 18 que doit durer la transition pour qu’ils laissent apparaitre leur véritable motivation, celle de rester au pouvoir au-delà du délai qu’ils ont eux-mêmes annoncé au lendemain du coup d’Etat qui a renversé le Président Ibrahim Boubacar Keita.

Ce vendredi 31 décembre 2021, le Ministre des Affaires Etrangères Abdoulaye Diop a dévoilé ce qu’il est convenu d’appeler le mandat du colonel Assimi Goîta, qui a débuté le 18 août 2020 pour prendre fin en 2026, soit six (6) ans de transition.

En parcourant le document, fruit d’un consensus, semblet- il, des participants aux assises de la refondation, le chronogramme s’établit comme suit :

- Décembre 2023 : révision constitutionnelle ;

- Juin 2024 : Elections territoriales ;

- Mai 2025 : Elections législatives ;

- Janvier 2026 : élections présidentielles.

En remettant ce chronogramme qui est loin de répondre aux injonctions des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, le Ministre Abdoulaye Diop d’indiquer qu’ils vont poursuivre les discussions avec la CEDEAO. Le Ministre malien des Affaires Etrangères de laisser une ouverture en indiquant qu’ils sont disponibles à échanger des discussions techniques avec la CEDEAO pour voir dans quelle mesure adopter un chronogramme consensuel pour le retour du pays à l’ordre constitutionnel normal.

En relevant la barre haute, les autorités de la transition malienne prouvent à la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et à la Communauté internationale qu’ils n’entendent pas organiser les élections à la date indiquée, c’est-à-dire, en février 2022, dans exactement deux mois. En demandant cinq (5) ans, le colonel Assimi Goïta et ses amis veulent surement arracher auprès de la CECEA0, une rallonge de quelques années ou à défaut de quelques mois.

Aussitôt le chronogramme porté à la connaissance du Président ghanéen, président en exercice de la CEDEAO qui avait suspendu toute intervention à la tenue des assises de la refondation, qu’un communiqué de l’organisation communautaire, en date du samedi 1er janvier 2022, a été rendu public. Dans ce dernier, l’organisation communautaire indique prendre note de la communication du 31 décembre relative au projet du chronogramme sur les élections transmis par une délégation malienne conduite par le Ministre chargé des Affaires Etrangères.

Dès qu’il a pris connaissance du contenu de la note du Ministre Abdoulaye Diop, le Président de la République du Ghana Nana Addo Dankwa Akufo-Addo a invité le médiateur de la CEDEAO pour le Mali à se rendre à Bamako le 5 janvier 2022. Le déplacement du médiateur, l’ancien président nigérian Good Luck Jonathan sera suivi d’un sommet extraordinaire qui se tiendra le 15 janvier 2022 à Accra.

La CEDEAO passera-t-elle à la vitesse supérieure ?

Début décembre dernier, l’organisation régionale a pris des sanctions contre 144 responsables de la transition malienne.

Au dernier sommet d’Abuja, elle a annoncé des nouvelles sanctions si à l’issue des assises de la refondation, les autorités maliennes n’étalent pas un chronogramme des élections avec la tenue des présidentielles au mois de février 2022. Maintenant que le colonel Goïta et ses amis demandent cinq (5) ans pour achever le processus électoral avec l’organisation des élections présidentielles en 2026, quelles autres décisions prendra la CEDEAO ?

Les regards sont désormais tournés sur Accra pour le 15 janvier prochain avec la tenue d’un sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, qui sera celui de la dernière chance entre les autorités maliennes et la CEDEAO et au-delà la communauté internationale.

Ibrahim Moussa

 

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