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«Le CNDP a tenu régulièrement ses réunions, il n’y a pas de blocage», déclare Yahaya Garba, Secrétaire permanent du CNDP

Le Conseil national de dialogue politique (CNDP) est un organe consultatif créé pour réfléchir et discuter sur toutes les questions d’intérêt national. Présidé par le Premier ministre, il est doté d’un Secrétariat permanent dirigé par Yahaya Garba, dit José. Dans l’entretien qui suit, il revient sur le sens de la création du CNDP, ses attributions et missions ainsi que le rôle que l’organe peut jouer sur la situation sécuritaire qui prévaut au Niger.

Mouriya : Qu’est-ce que c’est que le CNDP ?

Le Conseil national de dialogue politique (CNDP) est un organe créé au Niger à l’initiative des partenaires, principalement les Nations Unies qui ont voulu mettre en place un cadre pilote, expérimenté un organe qui puisse permettre aux hommes politiques de discuter de leur problème à leur niveau, sans recourir à une intervention extérieure.

Le Niger a été identifié en Afrique de l’Ouest et la Tanzanie en Afrique de l’Est pour expérimenter ce cadre de dialogue, de concertation, de prévention et de règlement de conflit. C’est dans les années 98 que la réflexion a été lancée. Au lieu d’attendre que les conflits éclatent pour venir avec des moyens matériel et humain, les Nations Unies ont essayé de renvoyer la balle aux Etats africains. Elles ont pensé revoir leur méthode d’intervention. L’idée, c’est de permettre aux Etats africains de faire par eux-mêmes ce débat, d’adopter cette stratégie de prévention et du règlement de conflit. C’est comme ça que le processus a été lancé.

Au Niger, il y a eu beaucoup de forums de réflexions pour trouver la formule qui a permis de créer le CNDP. Il s’est agi dans un premier temps, d’élaborer une Stratégie nationale de prévention de conflit. Le document a été adopté lors des différents forums qui ont été organisés en 2021 et en 2003 avec la participation de toutes les couches socioprofessionnelles (décideurs politiques, société civile, la chefferie traditionnelle…).

Ce qui a abouti à l’adoption de la Stratégie nationale de prévention de conflit. Une résolution a été prise au forum d’Agadez en 2003 pour la création d’un cadre qui va traiter principalement des questions politiques. Dans la réflexion il est dit que les conflits politiques engendrent tous les conflits. Si on règle les conflits politiques, on règle beaucoup de choses. C’est comme ça une résolution a été prise pour créer le CNDP. Cela a été matérialisé par un décret qui a été pris le 30 janvier 2004. Mais au niveau des missions du CNDP, il est dit qu’il peut aussi se prononcer sur toutes les questions d’intérêt national sur lesquelles il est saisi.

La force du CNDP, c’est d’abord sa composition : tous les partis politiques légalement créés sont membres. Il est présidé par le Premier ministre, le Secrétaire permanent assure la gestion administrative de l’organe avec ses deux adjoints, dont un représentant de l’opposition et un représentant des non affiliés qui sont respectivement premier et deuxième adjoint.

Dans sa composition, il regroupe les partis politiques de la majorité, de l’opposition, des non affiliés et des grands témoins (association des chefs traditionnels, association islamique, l’évêque de Niamey).

Quelle est l’expérience du CNDP en matière de gestion des conflits au Niger ?

Pour parler de l’expérience du CNDP, je puis vous assurer que c’est une réussite. Le CNDP a joué un grand rôle dans le renforcement de la démocratie, dans les débats, dans la prévention et la gestion des conflits en période électorale ou même en période pré-électorale. Tous les problèmes électoraux sont discutés, débattus et adoptés. Il y a un principe important qu’il faut signaler, c’est le consensus. Ce n’est pas la majorité, ce n’est pas l’opposition. Il n’y a pas de vote au CNDP : les décisions sont prises par consensus. Ce qu’il faut retenir aussi d’important, c’est que le CNDP est un cadre consultatif. Il émet des avis et c’est là où il y a une sorte d’incompréhension. Les consensus du CNDP sont transmis au gouvernement qui le transmet aussi à l’Assemblée nationale laquelle doit les valider.

Le président de la République a annoncé, lors de sa rencontre avec une délégation de la société civile, sa volonté de réactiver le CNDP. Peut-on considérer que le CNDP est inactif ?

Le président de la République, lors de sa rencontre avec la société civile a effectivement parlé de la relance du CNDP. Ici, il faut noter que le président a noté ce qu’il avait dit dans son discours d’investiture. Il a insisté sur la relance du CNDP, sur le dialogue entre acteurs politiques. Il l’a réitéré à l’occasion de ses 100 jours à la tête du pays dans une interview. Dans sa DPG, le Premier ministre a réservé tout un paragraphe au CNDP. Donc même au niveau de son président, qui est le Premier ministre, cette question de redynamiser le CNDP est réelle.

En dehors du Premier ministre qui convoque les sessions du CNDP, les trois groupes (majorité, opposition, non affiliés) peuvent demander la convocation d’une réunion du CNDP. En plus de ces groupes, le quart des partis politiques, indépendamment de leur appartenance à un groupe peut demander aussi la convocation de la réunion du CNDP. Donc le CNDP n’est pas inactif parce que de 2020 à 2021, l’année électorale, 14 réunions ont été convoquées dont deux sessions ordinaires qui se tiennent à la veille des sessions de l’Assemblée nationale.

Le CNDP a tenu régulièrement ses réunions, il n’y a pas de blocage. Certes, pendant l’année électorale, il y a un groupe qui a quand même boycotté les réunions du CNDP. Mais il y a eu quand même des moments où le CNDP a regroupé ses différentes composantes.

Le Niger est confronté à une insécurité sur plusieurs de ses frontières. Pensez-vous que le CNDP peut contribuer à la résolution de ce problème ?

Par rapport à la question sécuritaire qui secoue nos pays, le CNDP, en tant que tribune des partis politiques, peut bel et bien jouer un rôle. Les partis politiques c’est quand même des leaders d’opinions. La charte des partis politiques elle-même leur impose l’obligation de sensibiliser, de faire des analyses. S’il s’agit d’une question d’intérêt nationale comme la question sécuritaire, les partis politiques peuvent se rencontrer pour voir dans quelle mesure ne serait-ce que dans l’information, la sensibilisation des militants, ils peuvent apporter leur contribution pour le règlement de cette question d’insécurité. En 2020, on a déjà sorti une résolution pour féliciter le gouvernement, les Forces de défense et de sécurité pour les efforts qu’ils sont en train de mener pour assurer la sécurité au temps fort de Boko Haram. Donc, les partis politiques, dans le cadre du CNDP, peuvent bel et bien se réunir pour réfléchir sur la façon dont ils peuvent apporter leur contribution. C’est dans leur rôle.

Réalisée par Sani Aboubacar Pour le journal «Mouriya»

Dernière modification le mercredi, 26 janvier 2022 13:27

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