L’adhésion du Mouvement Patriotique Nigérien (MPN Kiishin Kassa) présidé par l’ancien colonel des douanes Ibrahim Yacouba à la majorité au pouvoir continue de susciter des commentaires les uns les plus controversés que les autres au sein de l’opinion publique nationale. Certains ont vite fait d’établir un lien direct entre cette adhésion du MPN à la Majorité et la création du Sénat. Mais en réalité, selon une source proche du principal parti au pouvoir, Il n’y a aucun lien direct entre les deux événements; c’est une simple coïncidence, affirme-t-on. En vérité, la question de la création du Sénat était au centre des discussions au sein de la majorité depuis environ un an tandis que les pourparlers relatifs au ralliement d’Ibrahim Yacouba et de son Parti à la mouvance présidentielle est l’aboutissement d’un processus de négociations entamé seulement il y a quelques semaines, apprend-on.
Pour la petite histoire, certains responsables du MPR-Jamhuriya soutiennent que la création d’une chambre des sénateurs était bel et bien un engagement électoral du MPR. Le président du parti Albadé Abouba l’a décliné dans son programme en ces termes : «Nous envisageons le pouvoir législatif à travers un parlement bicaméral. Une Assemblée nationale élue et l’actuel CESOC sera transformé en Sénat dont la taille sera proportionnelle aux moyens de l’Etat. On éviterait ainsi une monopolisation du pouvoir législatif par une chambre unique.»
C’est pourquoi, après l’élection présidentielle premier tour, lorsqu’il s’agissait d’apporter son soutien au candidat Mohamed Bazoum, le président Albadé Abouba et son parti ont fait de la question du sénat un point essentiel lors des discussions. Le MPR tenait à ce point et promesse lui a été faite par ses interlocuteurs, qu’une fois son candidat élu à la magistrature suprême, le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS) allait œuvrer à son tour à la mise en place du Sénat.
Dans la mise en œuvre de cet engagement, plusieurs rencontres de haut niveau ont eu lieu, relativement au Sénat, à la forme qu’il doit prendre, à son effectif et à ses attributions. Un comité composé d’experts nationaux, a été créé par la suite avec pour mission de réfléchir sur le mécanisme juridique, politique et institutionnel à même de faciliter et favoriser la création d’un Sénat. Selon les informations en notre possession, le comité d’experts a déjà transmis son rapport au Président de la République, Chef de l’Etat.
En attendant, le projet continue de donner de susciter des commentaires divers au sein des partis alliés de la majorité et même de l’opposition. Ce projet de création du sénat est perçu dans certains milieux politiques sous l’angle d’une innovation politique qui participera à la consolidation de la démocratie et à renforcer la crédibilité de notre système politique et la maturité politique des différents acteurs.
D’autres par contre le perçoivent comme un organe inopportun et budgétivore dans la marche actuelle de notre démocratie. Certains de nos concitoyens hostiles à ce projet arrivent à peine à contenir leur adversité. Ils tentent de saboter, torpiller et même de caricaturer le projet du Sénat.
Il semble que cette campagne frénétique dirigée contre le Sénat serait l’œuvre de certains responsables politiques qui se rencontrent clandestinement en vue de torpiller le projet. Mais en réalité, ils luttent pour préserver seulement leurs intérêts égoïstes. Ce qui est constatable, des adversaires à ce projet distillent à travers les réseaux sociaux des arguments en tout genre pour dévoyer et détourner ce projet de création du Sénat du Niger. Les détracteurs du projet le présente comme une institution de plus, créée pour contenter un allié du PNDS. Les mêmes politiciens agissant sous l’anonymat ou par personne interposée vont jusqu’à voir à travers la création du sénat, l’avènement d’une institution concurrente qui va faire ombrage à l’Assemblée Nationale, alors même qu’il n’en est rien, si on s’en tient au projet de sénat qui circule sous les manteaux dans les milieux politiques. Pour ses concepteurs, entre l’Assemblée et le Sénat ce sera une question de complémentarité et de renforcement de valeurs démocratiques.
En tant que haute institution de la République, le Sénat en projet, indique-t-on, ne se sera pas différent des Sénats d’autres pays, notamment en France ou aux Etats-Unis, où il est classé comme la deuxième chambre politique. Le Niger ne se soustraira pas à la règle, fait remarquer une source proche du principal parti au pouvoir. Le SENAT sera une chambre haute destinée à accueillir autant des personnalités élues que des personnes es-qualités représentant légitimes des différentes composantes socioprofessionnelles, religieuses et coutumières. Cette Haute Chambre offrira certainement un cadre idéal pour mieux traiter de toutes les questions inhérentes à la vie de la Nation avec plus de recul, plus d’expérience et plus de hauteur, soutiennent ceux qui sont bien imprégnés du projet de texte.
Concernant la personnalité politique qui va présider cette institution, même s’il est très tôt de spéculer à ce sujet, dans les milieux politiques on parle du leader du MPR-Jamhuriya Albadé Abouba. Il est évident que si l’institution voit le jour, ‘’ce sera un des leaders des partis alliés de la majorité qui ont soutenu la candidature de Bazoum Mohamed au second tour de l’élection présidentielle’’ estime un responsable du principal parti au pouvoir.
Quoiqu’il en soit le MPR-Jamhuriya estime être en pole position de revendiquer le leadership de cette institution au vu du rôle qu’il a joué dans l’initiative de ce projet, d’une part et au regard de son rang de deuxième force politique de la majorité au pouvoir, d’autre part.
Cette position, le MPR-Jamhuriya, vient de la renforcer avec le ralliement d’autres députés à son groupe parlementaire, dont le dernier en date est l’apparentement du MPN Kiishin Kassa d’Ibrahim Yacouba au groupe MPR-Jamahuriya. Ce qui renforce à nouveau la prétention du MPR d’aspirer légitimement à la présidence du Sénat, qui lui revient de droit, soutient un responsable de ce parti.
Le MPR, rapporte la même source, continuera à œuvrer pour le renforcement du camp de la majorité au pouvoir, à travers d’autres ralliements. C’est dans cette perspective qu’il a soutenu et facilité l’intégration de son allié parlementaire, le MPN kiishi Kassa au sein de l’équipe gouvernementale. Lorsque la question de ce ralliement s’est posée, le MPN-Kiishin Kassa a porté en toute souveraineté son choix sur le leader du MPR Albadé Abouba pour conduire les pourparlers. Et ce dernier a usé de toute son influence et de sa diplomatie pour bien parrainer les processus jusqu’à son aboutissement. Ce leadership du président Albadé Abouba est du reste fortement applaudi par les dignitaires du MPR Jamhuriya, qui ne cachent pas leur satisfaction par rapport à la conduite de leur Chef et continuent de vanter ses qualités pour le précieux rôle joué par leur leader dans le cadre de l’adhésion du MPN Kiishin Kassa à la majorité.
Dans tous les cas, le ralliement du MPN-Kiishin Kassa, est pratiquement un retour au bercail d’un ancien allié de la majorité au pouvoir. Sa nouvelle réintégration dans l’équipe gouvernementale pourrait être perçue comme la manifestation de la volonté du Président de la République Mohamed Bazoum de fédérer toutes les forces vives du pays pour faire face aux défis de l’heure.
Mato Mani