L’annonce a été faite courant mois de février par le Président de la République lui-même.
Le Premier Ministre engagera la responsabilité du Gouvernement devant l’Assemblée Nationale par rapport au redéploiement des forces barkhane et Takuba le long de la frontière du Mali. L’Assemblée nationale qui est en session ordinaire depuis le mardi 6 avril dernier a été saisie par le gouvernement qui a pris l’initiative de réviser le premier axe de la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement (DPG), afin de l’adapter au contexte actuel.
Face au tollé soulevé par la question du redéploiement des forces Barkhane et Takuba dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest, y compris le Niger, le Président de la République a opté pour une forte approbation du peuple sur la question. C’est pour cela qu’un débat suivi d’un vote apparait pour le gouvernement comme la voie la mieux indiquée.
On peut dire que c’est désormais une question de jours. Le document qui sera présenté par le Premier Ministre,
Chef du Gouvernement Ouhoumoudou Mahamadou devant l’Assemblée nationale est déjà disponible.
Il a atterri au niveau bureau du Président de l’institution parlementaire. Examiné et adopté en Conseil des Ministres du 4 Mars 2022, le document de huit (8) pages est composé de trois (3) paragraphes.
Il vise à compléter les dispositions de l’axe 1 de la Déclaration de Politique Générale du Gouvernement (DPG). Dans sa substance, le texte qui reste dans le cadre des dispositions constitutionnelles et légales de notre pays, permet au
Niger de nouer les alliances les plus larges possibles pour lutter contre le terrorisme, d’accueillir sur son sol les forces alliées et de les faire participer aux opérations militaires conjointes.
Le Premier Ministre, Chef du gouvernement Ouhoumoudou
Mahamadou va s’atteler à cet exercice conformément à l’article 107 de la Constitution, qui dispose que : «Le Premier Ministre peut après délibération du Conseil des Ministres engager la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale sur le vote d’un texte.
Le texte est considéré comme adopté s’il recueille la majorité absolue des votes».
Un pari courageux voire risqué pour le gouvernement
Bien que cette question d’engager la responsabilité du gouvernement devant l’assemblée nationale parait comme une simple opération au niveau de l’opinion publique nationale, il est à noter que le président de la République a fait preuve de courage et surtout de grande ouverture démocratique quand on sait qu’il n’est pas obligé de passer par cette voie pour nouer des alliances avec des partenaires dans la lutte contre l’insécurité.
Pour que le Premier Ministre Ouhoumoudou Mahamadou et son équipe passe cet examen, il faut que le texte recueille la majorité des votes.
Le cas échéant le gouvernement tombe de lui-même comme en cas d’une motion de censure.
Doté d’une majorité confortable qui s’est d’ailleurs renforcée avec l’arrivée des six (6) députés du Parti MPN Kishin Kassa, l’éventualité pour le texte de recueillir la majorité des votes est très forte compte tenu de l’enjeu sécuritaire pour le pays.
Un contexte sécuritaire difficile !
Malgré les efforts déployés pour contenir la menace le long des frontières de notre pays, le bilan humain et économique est lourd précise le texte proposé par le gouvernement.
Pour la seule année 2021, on compte plus de 800 victimes dont la grande majorité est constituée des civils. A la date du 31 janvier 2022, on dénombre 758 écoles fermées avec 72781 élèves tous niveaux confondus.
La situation sécuritaire a eu des répercussions sur l’agriculture.
La campagne agricole passée a été caractérisée dans les régions de Diffa, Maradi, Tahoua et Tillabéri par l’inaccessibilité des champs aux paysans dans les terroirs affectés par l’insécurité.
La défaite des groupes terroristes comme DAESH, en Irak et en Syrie face à la coalition mondiale, libérant des milliers des combattants aventuriers et aguerris ainsi que des experts en fabrication des bombes et explosifs dont certains ont trouvé refuge au Sahel Central constitue une menace réelle pour
la sécurité de nos Etats.
Le retrait annoncé de Barkhane et de Takuba au Mali avec le risque de créer grand un vide le long de notre frontière avec le Mali longue de plus de 800 kilomètres, constitue un facteur important d’aggravation de la situation sécuritaire.
Ibrahim Moussa