Malabo, la capitale de la Guinée Equatoriale a abrité du 27 au 28 mai 2022, les travaux de la 16ème conférence de l’Union Africaine sur le terrorisme et les changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique. La conférence s’est déroulée en présence de plusieurs Chefs d’Etat et de Gouvernements, de plusieurs délégations, du Président de la Commission, des Chefs des comités exécutifs des communautés économiques régionales et plusieurs autres invités.
La conférence s’est penchée sur le terrorisme et les changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique. Le choix de ces deux sujets à toute sa raison d’être compte tenu de la situation sécuritaire et la résurgence des coups d’Etat sur le continent. Ces deux questions anéantissent le développement du continent du fait que depuis plusieurs années plusieurs des Etats, surtout en Afrique de l’Ouest, ont vu leurs budgets engloutis dans la lutte contre le terrorisme.
La région du Sahel central fait partie des zones les plus secouées par le syndrome du terrorisme raison pour laquelle, le Président de la République du Niger Mohamed Bazoum a présenté à ses homologues africains les situations d’insécurité et des coups d’Etat que vit le Sahel.
«La région du Sahel à laquelle j’appartiens, mon pays, le Niger est particulièrement affecté par ces deux phénomènes et les coups d’Etat militaires survenus au Mali et au Burkina Faso ont été présentés par leurs auteurs comme les moyens auxquels ils ont été contraints de recourir pour mettre notamment fin à la détresse des populations victimes des affres du terrorisme», a relevé le Président de la République Mohamed Bazoum. Dans sa contribution aux débats, Mohamed Bazoum a mis en exergue la situation propre à l’Afrique de l’Ouest où plusieurs pays sont victimes du terrorisme. En démontrant que le terrorisme au Sahel n'est pas porteur d'un projet politique et n'a pas vocation à mettre en œuvre un projet de société basé sur des règles d'une forme quelconque d'administration de territoire, le Président de la République de dire que ce terrorisme est extrêmement dangereux dans l’immédiat car il peut déstabiliser rapidement les États et commettre de grands dégâts, même s'il n'a aucune capacité de représenter quelque alternative que ce soit à moyen et long termes.
Une des plus grandes tares de ce terrorisme a révélé le Chef de l’Etat, c'est que le terrorisme au Sahel ne recrute qu'au sein de communautés bien déterminées, y compris dans les espaces où il prospère le plus. Cela est vrai pour Boko Haram dans le bassin du lac Tchad qui ne recrute qu'au sein de la communauté Kanouri (et les communautés assimilées) tout autant que cela se vérifie pour les organisations terroristes qui opèrent dans la zone des trois frontières du Mali-Burkina-Niger, où le gros des troupes provient de la communauté Peul.
Abordant la question des coups d’Etat en Afrique de l’Ouest, le Président de la République Mohamed Bazoum a indiqué qu’ils sont en lien avec la situation sécuritaire pour les cas du Mali et du Burkina Faso: «Les changements anticonstitutionnels survenus au Mali en août 2020 et au Burkina Faso en janvier 2022 sont une conséquence des victoires remportées par les terroristes sur les armées de ces deux pays. Pour légitimer leur action les auteurs des coups d'Etat ont invoqué le désarroi des populations face à cette agression terroriste brutale et la désolation qu'elle a provoquée.», a mentionné le Chef de l’Etat. Mohamed Bazoum de conclure par les conséquences des changements anticonstitutionnels de gouvernement en Afrique.
«Dans le contexte de nos démocraties entachées assez souvent de pratiques de gouvernance pas toujours vertueuses, de logiques d'éternels bras de fer entre pouvoirs et oppositions, de l'activisme de sociétés civiles hyper politisées et de mal vivre de la jeunesse, des militaires peuvent aisément se poser en sauveurs de la nation. Mais à l'expérience, au vu de ce qui s'est passé jusqu'ici, ces militaires en déstabilisant les institutions affaiblissent les États et renforcent les groupes terroristes. Ils ne sont donc nullement une solution ni pour lutter contre le terrorisme encore moins pour promouvoir la bonne gouvernance. Ils constituent assurément un facteur de régression pour l'Etat de droit et la démocratie et exposent les pays à des périls inédits.», a conclu le Président Mohamed Bazoum.
Ibrahim Moussa