Célébrée le 16 juin 2022 sur toute l’étendue du continent, la Journée de l’Enfant Africain (JEA) est une occasion pour les Etats et les organisations nationales et internationales œuvrant dans le respect et la promotion des endroits des enfants de tirer le bilan de ce qui a été réalisé depuis 2013 et les perspectives pour les années à venir.
«Élimination des pratiques néfastes affectant les enfants: Progrès sur les politiques et pratiques depuis 2013», tel est le thème retenu cette année pour commémorer la Journée de l’Enfant Africain.
La fistule obstétricale figure parmi les pratiques néfastes auxquelles les jeunes femmes sont confrontées au Niger, pays où le mariage des enfants a encore des beaux jours devant lui malgré les efforts consentis par les services étatiques et les organisations internationales.
Elles ont entre 12, 14, 15 et 16 ans, les jeunes filles qui sont données en mariage et qui finissent par contracter la fistule obstétricale suite à l’accouchement. A Niamey, l’ONG DIMOL prend en charge depuis plus de vingt (20) ans les différents cas de la fistule, qu’elle soit obstétricale ou congénitale.
Mariama, c’est le nom que nous attribuons à cette locatrice du centre des femmes fistuleuses de l’ONG DIMOL. La quarantaine révolue, dont 25 ans avec la fistule, cette originaire de la région de Tillabéri se rappelle encore de cette journée de son premier accouchement alors qu’elle n’avait que 15 ans, étant mariée à l’âge de 14 ans.
«J’étais mariée à la l’âge de 14 ans. C’est à l’accouchement que j’ai contracté cette maladie, après un travail qui a duré trois (3) jours. J’ai accouché en cours de route avant d’atteindre un centre de santé», se rappelle-t-elle.
Trainant la maladie pendant plus de 15 ans aujourd’hui, Mariama explique cette situation par le fait qu’elle n’a pas eu connaissance d’un centre de prise en charge de la maladie. «C’est plus tard, que j’avais entendu parler d’une ONG au niveau de Niamey qui prend en charge les femmes fistuleuses. Aujourd’hui, je ne suis pas encore totalement guérie, mais je me sens beaucoup mieux», a-t-elle souligné.
Elle évoque cependant la stigmatisation dont les femmes comme elles sont l’objet au sein de la société tout en remerciant Dieu d’avoir une famille qui prend soins d’elle dont son époux.
Etant déjà une victime, Mariama lance un appel à l’endroit des parents pour laisser leurs enfants atteindre la majorité avant de les donner en mariage. Bien qu’étant témoin des cas des femmes qui contractent la maladie vers leur 5ème ou 6ème grossesse, elle reste convaincue que c’est surtout le mariage d’enfants qui reste et demeure la principale cause de la fistule obstétricale.
Grâce aux traitements qu’elle a subis et qui ont produit des effets positifs, Mariama tout comme les autres femmes du centre pensent déjà à la vie d’après le centre, c’est-à-dire sa réinsertion sociale à travers la couture qu’elle pratique dans le centre.
Une fois de retour au village, elle envisage d’être relais communautaire et ambassadrice de la fistule. Elle s’engage à sensibiliser la population à éviter le mariage d’enfants, et encourager la scolarisation de la jeune fille. Elle abordera également la question d’aller rapidement dans les centres de santé en cas d’accouchement pour éviter tout désagrément. Elle compte mettre en place des groupements de femmes pour réaliser des activités génératrices de revenus afin qu’elles luttent contre la pauvreté car les centres de santé sont éloignés et l’argent pour les consultations est un autre casse-tête dans les villages.
La présidente de l’ONG DIMOL qui assiste ces femmes à retrouver leurs dignités, a insisté sur le respect des droits de femmes et des enfants car selon Mme Traoré Salamatou, on ne peut pas construire une société sans un code de famille, la convention de MAPUTO n’est pas adoptée dans sa globalité, la CDE n’est pas respectée et c’est l’Etat qui doit veiller à ça, estime Mme Traoré.
Ibrahim Moussa & Moufida Habibou