Tirant certainement les conséquences de la décision de la Cour de Justice de la CEDEAO, le candidat malheureux au second tour de la présidentielle du 21 février 2021, le Député Mahamane Ousmane du RDR-Tchenji, a repris son siège à l’Assemblée Nationale. Il a été aperçu dans l’hémicycle, le 02 juillet dernier, à l’occasion de la clôture de la 1ère session ordinaire de l’Assemblée nationale au titre de l’année 2022 ouverte le 5 mai 2022 parmi ses collègues députés. Pendant plus d’un an, Mahamane Ousmane a contesté les résultats issus du scrutin du 21 février 2021, proclamant vainqueur Mohamed Bazoum. Il a fait d’abord fait recours aux juridictions nationales compétentes, sans succès avant de se rabattre sur la Cour de justice de la CEDEAO qui va finalement le débouter. Durant toute la période du processus judiciaire Mahamane Ousmane n’a pas pointé le nez à l’Assemblée Nationale
Vaincu sur toute la ligne, le président du RDR-Tchenji a finalement rendu les armes pour se plier au verdict des juridictions. A travers la reprise de son siège à l’Assemblée Nationale, l’on comprend aisément que Mahamane Ousmane a tourné la page du contentieux électoral.
Il en a annoncé les couleurs le 09 juin dernier quelques jours après la décision de la Cour de Justice de la CEDEAO. ‘’Jamais, je ne privilégierai la force sur le droit. La démocratie se fonde aussi sur le respect des lois et règlements qui régissent l’Etat de droit. La Cour de Justice de la CEDEAO a rendu son verdict et en tant que démocrates, nous avons pris acte, même si ce verdict a laissé en l’état le contentieux électoral, la Cour s’étant déclarée incompétente sur plusieurs points de notre recours», avait annoncé Mahamane Ousmane non sans contrarier la sensibilité de certains des leaders des partis amis qui lui avaient apporté leur soutien.
Tirant toutes les conséquences de sa démarche pacifique et en toute logique le candidat malheureux Mahamane Ousmane, élu Député dans la circonscription électorale de Zinder sous la bannière du RDR-Tchenji qui a joué aux abonnés absents depuis l’installation de l’Assemblée Nationale a repris sa place le 02 juillet 2022 dans l’hémicycle. Une reprise qui n’a pas été du goût de certains de ses camarades de lutte. Parmi ceux qui s’affichaient en première ligne lors de ses déclarations de contestation des résultats du 2ème tour de la présidentielle, Kané Kadaouré Habibou leader du parti Synergie des Démocrates pour la République (SDR Sabuwa), lui-même candidat malheureux à l’élection présidentielle 1er tour (0,57%) a exprimé sa déception dans un commentaire sur la page de la Présidence de la République. ‘’J’ai décidé depuis un temps de laisser derrière le contentieux électoral pour des raisons connues de tous. On ne peut pas être plus royaliste que les rois’’, pourrait-on lire dans le commentaire du jeune leader politique qui cache à peine sa déception.
‘’Après un an et six mois de contestation, j’accepte désormais d’avoir un président de la république du Niger’’ conclut Kané Kadouré Habidou du SDR-SABUWA.
Il n’en est pas encore à la rupture avec Mahamane Ousmane, mais déclare dans son post que ‘’Devant moi je construirai un rempart d’opposition responsable dans l’optique de contribuer à la matérialisation d’un système institutionnel démocratique, solide et très résistant contre les sollicitations des prédateurs des principes et valeurs républicaines, gage de l’instauration de l’Etat de droit’’.
Il faut dire que le candidat malheureux Mahamane Ousmane ne jouissait plus de la confiance de certains de ses soutiens politiques dans cette bataille de contestation des résultats de l’élection présidentielle 2ème tour. Ce fut d’abord beaucoup des militants et responsables du MODEN-Lumana FA, son principal soutien qui avaient désapprouvé sa démarche pacifique d’aller vers les tribunaux pour le règlement du contentieux. Ce fut ensuite des figures de l’opposition comme celle du leader du MPN-Kishin Kassa, Ibrahim Yacouba et le président du parti AMEN-AMIN qui prendront leurs distances de ses sorties médiatiques relatives à la saisine de la CEDEAO.
Aujourd’hui c’est Kané Kadaré Habibou qui semble prendre ses distances. Mais il faut dire que pour de nombreux observateurs de la scène politique nationale, Mahamane Ousmane est resté logique avec lui-même. Il a opté pour le règlement pacifique du contentieux devant les tribunaux compétents et en cela il s’est conduit comme un véritable démocrate. Aux yeux de ces observateurs, reprendre sa place dans l’hémicycle ne saurait donc être ni une capitulation, ni une résignation, ni une traitrise, mais un acte hautement républicain et respectueux de l’Etat de droit et des valeurs de la République.
Adoum Boulkassoum