Mieux vaut tard que jamais dit un adage ! Et C’est cet adage que l’ancien président burkinabé Blaise Compaoré a appliqué en reconnaissant tardivement son implication dans l’assassinat de son ami et compagnon d’armes, et son prédécesseur Thomas Sankara.
Il a fait son mea-culpa dans une lettre lue par le Ministre porte-parole du gouvernement de transition burkinabé M. Lionel Bilgo en présence du conseiller du Président de la République ivoirienne Alassane Ouattara, M. Ali Coulibaly et Jamila Compaoré, la fille de l’ancien homme fort du Faso.
Dans sa missive, Blaise Compaoré qui a dirigé le pays pendant vingt-sept (27) longues années a décidé d’endosser la responsabilité de la disparition brutale du chef de la révolution burkinabé, le président Thomas Isidore Noël Sankara, un 15 octobre 1987.
«Pour ma part, je demande pardon au peuple burkinabé pour tous les actes que j’ai pu commettre sous mon magistère, plus particulièrement à la famille de mon frère et ami Thomas Isidore Noël Sankara.
J’assume et déplore, du fond du cœur, toutes les souffrances et drames vécus par toutes les victimes durant mes mandats à la tête du pays et demande à leurs familles de m’accorder leur pardon ».
C’est en ces termes que Blaise Compaoré s’est adressé à ces concitoyens dans une lettre datée du 8 juillet 2022 mais dont le contenu a été finalement porté à la connaissance de l’opinion publique nationale, le mercredi 26 juillet 2022.
Une demande rejetée par Mariam Sankara
Aussitôt annoncée que la demande de pardon faite par Blaise Compaoré a suscité la réaction de la principale concernée, la veuve de l’ancien président du Faso, Thomas Sankara. Pour Mariam Sankara, c’est l’authenticité même de la lettre qu’elle remet en cause avant d’affirmer que même si cette dernière émane de Blaise Compaoré, la recherche du pardon auprès des burkinabé est venue en retard.
Pour elle, l’ancien président du Faso, a assez de temps et de multitudes d’opportunités pour chercher la grâce du peuple burkinabé mais qu’il n’a pas pu saisir.
Une décrispation à tout prix!
Le pardon que cherche Blaise Compaoré qui a été chassé du pouvoir en octobre 2014 par une révolution populaire rentre sans nul doute dans la quête d’une réconciliation nationale tant voulu par l’actuel locataire de Kosyam, le Président de la transition, lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba.
En lisant la date de la correspondance de Blaise Compaoré, toute laisse croire qu’elle a été rédigée pour être lue par son auteur le 8 juillet 2022, date à la laquelle, il s’est retrouvé à Kosyam dans le cadre d’un sommet des anciens chefs d’Etat qui a été organisé par le Président Damiba.
Si l’ancien Président Blaise Compaoré n’a pas pu passer personnellement son message de demande de pardon, c’est sûrement parce que, la rencontre a tourné au vinaigre avec l’absence des trois (3) des anciens chefs d’Etat sur les cinq (5) convoqués pour prendre part à la rencontre.
Une autre raison qui pourrait expliquer la publication tardive de la lettre de Blaise Compaoré peut s’expliquer par l’attention des burkinabé qui était plutôt rivée à la recherche d’une solution à la situation d’insécurité qui menaçait même l’existence du pays qu’à une quelconque rencontre ou lettre d’un ancien responsable de l’exécutif burkinabé.
Quoi qu’il en soit, le président de la transition burkinabé, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandago Damiba, tient à son projet de réconciliation national à tout prix, malgré la résistance des autres anciens chefs d’Etat du Faso.
Ibrahim Moussa