La mesure d’augmentation du prix du litre du gasoil à la pompe prise par le Gouvernement le 31 juillet dernier qui a suscité incompréhension et colère au sein de l’opinion publique nationale est de mieux en mieux comprise grâce à la communication déployée par le comité interministériel mis en place à cet effet. Le Ministre d’Etat, Ministre de l’Energie et des énergies renouvelables, le Directeur Général des hydrocarbures au Ministère du pétrole, le Directeur de Cabinet adjoint du Président de la République et le Directeur Adjoint de la SORAZ ont expliqué à l’opinion les arguments techniques et économiques qui ont sous-tendu cette décision ‘’nécessaire’’ du gouvernement. ‘’Devoir de responsabilité’’, ‘’devoir de raison’’ et ‘’devoir de pragmatisme’’ sont les trois arguments développés par M. Kabirou Zakari, Directeur Général des Hydrocarbures au Ministère du pétrole pour justifier la décision ‘’difficile’’ mais ‘’nécessaire’’ du Gouvernement, avec comme enjeu principal d’assurer la disponibilité des produits et maintenir les prix des produits énergétiques au même niveau.
Auparavant, dès l’intervention de la mesure, le Chef de l’Etat, Mohamed Bazoum a pris les choses en main, en mettant en place un comité multisectoriel pour convenir des mesures d’accompagnement nécessaires afin d’atténuer le choc lié à cette décision. Un protocole d’accord était intervenu avec les acteurs concernés directement par la question. A cette occasion le Ministre d’Etat, Ministre de l’énergie et des énergies renouvelables, M. Ibrahim Yacouba a expliqué largement les raisons ayant conduit le Gouvernement à prendre cette décision. Le contexte international, la situation du pays, la nécessité de garantir son approvisionnement en produits pétroliers, la préservation des institutions pétrolières, ont contraint le Gouvernement à prendre cette ‘’mesure stratégique et nécessaire de rehausser le prix du gasoil à la pompe’’, a expliqué le Ministre d’Etat devant les partenaires sociaux.
Sur le plan purement technique, se prononçant sur la mesure d’augmentation du prix du litre du gasoil prise par le Gouvernement, sur le plateau de Télé Sahel, le Directeur Général des Hydrocarbures au Ministère du pétrole a expliqué, de long en large, les raisons techniques et économiques de cette augmentation.
L’enjeu principal, a-t-il argumenté, en tenant compte du contexte complexe mondial et de la sous-région, c’est d’abord la disponibilité du produit (gasoil). ‘’Il faut protéger le consommateur en rendant le produit disponible sur le marché’’ a-t-il soutenu.
Cette conjoncture découle d’une situation réelle qui s’accroissait depuis le mois de mars 2022, a-t-il fait constater.
Pour le Directeur Général des hydrocarbures, c’est un ‘’Devoir de responsabilité par l’anticipation d’un phénomène qui est lié à plusieurs externalités’’.
La mesure consiste ‘’à protéger le grand nombre par le maintien inchangé du prix à la pompe de l’essence et du gaz qui sont les deux produits les plus utilisés par la population mais aussi par le fait que le niveau actuel du gasoil malgré l’augmentation reste encore l’un des plus bas de la sous-région’’, a martelé M. Kabirou Zakari.
L’Etat subventionne le prix à la pompe en amont depuis 2011, en acceptant de vendre le pétrole brut à la SORAZ, 40% moins cher qu’à l’international, a rappelé M. Kabirou qui précise qu’en moyenne sur les 10 ans, c’est à peu près 10 dollars par baril que l’Etat a concédé ce qui fait une moyenne de 60 milliards par an que l’Etat subventionne en réalité pour que les prix à la pompe soient maintenus comme ils l’ont été ces dix dernières années.
Une autre raison exposée par le Directeur des hydrocarbures est ‘’la consommation hallucinante constatée passée de 23 millions de litres en février à 50 millions de litres en juin qui n’est due que nous consommons la totalité de la consommation de la SORAZ’’.
‘’Quand nous avions fait une évaluation sur la demande réelle et donc sur la pression que le Niger subit actuellement, en réalité on est autour de 80 millions de litres plutôt que 50 millions de litres, ce qui représente plus de quatre fois le pic que nous avions constaté avant cette crise du gasoil’’ a révélé le Directeur Général des hydrocarbures au Ministère du pétrole.
M. Kabirou Zakari de soutenir que ‘’C’est cela qui explique que l’Etat ait été conduit à prendre ‘’une décision de raison’’ pour amortir les effets des chocs extérieurs ainsi que les divers envies intérieures que nous avions constatés par un mécanisme d’anticipation et de mitigation’’
Le risque qu’il y’a sur la disponibilité du produit sur le marché, il faut le savoir, c’est le renforcement d’une économie de fraude et de spéculation, a-t-il prévenu.
Dans tous les cas, pour le comité interministériel mis en place par le Président de la République, le mécanisme d’augmentation de prix s’inscrit dans une stratégie globale visant à assurer la disponibilité des produits et maintenir les prix des produits énergétiques au même niveau.
Il est attendu un retour au fuel lourd pour les centrales énergétiques qui consommaient 22% du gasoil. De même, une Task force déjà créée et opérationnelle est chargée de traquer les marketeurs et distributeurs indélicats et lutter contre la fraude engendrée par la situation sous régionale. Le comité va également procéder régulièrement à un monitoring de la demande de gasoil au niveau des grands chantiers pour éviter un surstockage.
Il est aussi envisagé la protection de certains postes budgétaires et celle de la subvention sur le gaz, le charbon, l’essence et le solaire.
Dans le même registre, le Directeur de Cabinet Adjoint du Président de la République, M. Omar Moussa intervenant sur la télévision Labari a également expliqué les raisons objectives qui ont conduit le gouvernement à la prise de cette décision, tout en rappelant que le comité multisectoriel mis en place était consensuel, inclusif et participatif.
Abondant dans le même sens, le Directeur Général Adjoint de la SORAZ, M. Ali Harouna soutient que depuis le début de ‘’la crise du gasoil’’ la SORAZ a fourni d’importants efforts pour assurer la fourniture du gasoil en quantité à la SONIDEP.
La première des choses, a soutenu M. Ali Harouna, est que le Ministre du Pétrole a pris la décision d’arrêter l’export du gasoil et la SORAZ s’y est pliée.
La Société a atteint sa capacité maximale qui est de 22.000 barils par jour en produisant 21.000 barils/jour, pour satisfaire la demande sans cesse croissante avec pour objectif d’assurer la disponibilité du produit. Sur le gasoil, compte tenu de la pression sur la consommation domestique, on consomme plus que la production journalière, a expliqué le Directeur adjoint de la SORAZ qui soutient que pour assurer la disponibilité du produit, il faut ‘’freiner la demande parasite qui vient de l’étranger et de la fraude.’’
Adoum Boulkassoum
