Imprimer cette page

Discours du Premier Ministre par intérim du Mali à l’ONU : La junte militaire malienne dans l’impasse !

septembre 30, 2022 0 432

La diplomatie, dit-on, de façon simpliste et restreinte, est l’art de négocier, de tisser des alliances, d’établir des accords et des procédures pacifiques entre les pays. Mais depuis l’avènement de la junte militaire dirigée par Assimi Goita, les écoles de relations internationales sont déroutées sur la diplomatie du Mali. Une diplomatie faite de défiance, de provocations, d’humiliations du mépris des Institutions régionales, de démantèlement des alliances et d’ingratitude à l’endroit des pays frères voisins, tout cela sous le couvert d’une prétendue révolution.

La dernière sortie du premier ministre par intérim du gouvernement malien de transition Abdoulaye Maïga a fini par traduire au grand jour l’option de la junte militaire qui se met tout le monde sur le dos dans l’espoir d’être abandonnée afin qu’elle se consacre à son objectif ultime, celui de se maintenir au pouvoir. Malheureusement pour elle, le show de trop de la tribune des Nations Unies a laissé de marbre la communauté internationale et les Etats offensés. C’est le coup de pied de l’âne qui ne produira pas les effets escomptés, laissant la junte militaire dans l’impasse totale.

Le discours ou disons le pamphlet servi à la communauté internationale le 24 septembre 2022 par le Premier Ministre par intérim du Mali, le colonel Abdoulaye Maïga a provoqué une onde de choc sur le continent.

Sidération, indignation, déception, colère, affliction, amertume sont les sentiments les mieux partagés tant dans les milieux diplomatiques que dans les milieux panafricanistes.

L’on a l’habitude d’entendre à la tribune des Nations Unies des discours de plaidoyer en faveur de plus de justice et d’égalité dans le monde ou de dénonciation des grandes puissances qui imposent leur loi aux plus faibles, des diatribes entre puissances ou même des révolutionnaires qui revendiquent un nouvel ordre mondial.

Mais jamais le débat au sein de cette tribune n’est descendu aussi bas pour s’attaquer intuitu personae à de hautes personnalités, des Chefs d’Etat et d’Institutions.

Jamais un langage si ordurier et nauséabond n’a été tenu à la tribune des Nations  Unies.

Le choix délibéré de l’émissaire du Gouvernement malien de transition de prendre pour cible, le Secrétaire Général des Nations Unies Antonio Guterres pour une position de l’Institution mondiale sur le Mali, ou de tirer à boulet rouge sur le président de la Guinée Bisau, président en exercice de la CEDEAO, Umaro Sissoko Embalo, au Président ivoirien Alhassane Ouattara et au président de la République du Niger, Mohamed Bazoum, qui ont tous en commun de défendre les principes cardinaux de l’ONU et de la CEDEAO, procède tout simplement de la logique dans laquelle s’est inscrite la junte militaire malienne depuis son coup de force.

Celui de se maintenir à tout prix au pouvoir ! Il faut donc pour se faire, être violent à l’endroit de toutes ces personnalités qui, pour la junte militaire, contrarient leur projet de se maintenir au pouvoir.

L’option faite visiblement par la junte militaire malienne qui n’a pas pu, à coup de communiqués saugrenus et de propagande grotesque, changer la tendance, est de jouer le tout pour le tout, y compris en usant de la violence verbale à l’endroit des personnalités les plus regardantes sur la marche du Mali, pour réaliser son dessein. L’objectif visé par le Gouvernement de transition étant d’obtenir le silence de ceux qui appellent en permanence et de façon insistante, au respect de l’ordre constitutionnel normal et le devoir de la junte militaire se sécuriser l’intégrité de son territoire ainsi que de respecter les droits de l’Homme.

Ingratitude à l’endroit du Niger et de son Peuple

Dans son discours à la tribune des Nations Unies, le premier Ministre par intérim du Mali a qualifié le président Mohamed Bazoum ‘’d’étranger’’, un terme, vulgaire que n’utilisent les xénophobes et autres racistes. Les propos ont choqué les nigériens dans leur écrasante majorité qui juge ingrate la junte militaire face aux efforts du Niger à l’endroit du Mali.

Depuis 2011 que le Mali est plongée dans une situation d’Etat failli, le Niger qui partage environ 821 km de frontières avec le Mali, était l’un des premiers pays à lui apporter assistance.

Des milliers de réfugiés maliens avaient afflué vers le Niger où un grand contingent y a encore ses camps. Le Président Issoufou Mahamadou à l’époque était l’avocat de ce pays frère à toutes les tribunes pour plaider en faveur d’une mobilisation de la communauté internationale pour sauver le Mali. De l’opération Serval, à la MISMA, puis là la MINUSMA et à Barkane et Takuba, le Niger avait plaidé pour sauver le Mali de l’invasion des Groupes Armés Terroristes. La République du Mali n’a pu sauver son existence en tant qu’Etat que grâce à la communauté Internationale, celle-là que la junte militaire voue aux gémonies aujourd’hui juste pour se maintenir au pouvoir.

Avec l’arrivée du Président Mohamed Bazoum au pouvoir, le Niger n’a jamais changé sa position. Avec la nouvelle donne au Mali, les autorités nigériennes se sont insurgées contre le putsch au Mali dans le cadre de la CEDEAO. Les positions qu’elles défendent sont des principes de nos organisations régionales et sous régionales qu’elles ont du reste adoptés après les putschs au Burkina et en Guinée Conakry.

S’agissant de la question sécuritaire, le Niger a des raisons de rappeler à la junte militaire son devoir de protéger ses frontières.

Il n’est un secret pour personne que le Mali n’a pas le contrôle de 2/3 de son territoire, particulièrement le nord où se sont installés divers groupes armées terroristes. Légitimement le Niger s’inquiète de cette situation qui se dégrade de jour en jour car il partage plus de 800 km de frontières avec le Mali. En dépit du lot de réfugiés qui peuvent converger vers le Niger en cas de nouvelles dégradation, il y’a des risques réelles que les groupes terroristes atterrissent au Niger. Tout le discours du numéro 1 nigérien tourne autour de cette légitime inquiétude.

Il faut aussi rappeler que le Niger était à l’avant-garde de la création du G5 Sahel justement pour faire face à la situation sécuritaire dans les pays affectés par les attaques terroristes, sans compter qu’il a perdu ses soldats sur le front dans le cadre de la sécurisation du Mali.

Le coup de pied de l’âne

Une semaine après la tenue du discours du premier ministre malien aucune réaction officielle des concernés. Ni Bissau, ni Niamey, ni Abidjan, encore moins l’ONU n’ont réagi aux propos désobligeants du colonel Abdoulaye Maïga. Actions concertées ou pas, pour les concernés, l’attaque de Abdoulaye Maïga semble être réduite à un simple coup de pied de l’âne.

En s’abstenant de répondre à la junte militaire qui joue toujours sur la fibre patriotique et révolutionnaire, cette dernière se trouve désormais dans l’impasse, désarmé par le silence de la communauté internationale qui semble dire que nous continuerons toujours à veiller à l’ordre constitutionnel normal, à la paix et à la sécurité au Mali.

Adoum Boulkassoum

Évaluer cet élément
(0 Votes)
Ibrahim Moussa Illagamo

Dernier de Ibrahim Moussa Illagamo