La pluralité des perceptions et l’engouement suscité autour de la formation à distance, témoignent à plus d’un titre l’importance que les populations consultées accordent à la question. Ce mode d’enseignement est favorablement accueilli par ces populations qui le perçoivent comme une opportunité, mieux une nécessité pour redynamiser le système éducatif nigérien.
Au regard des défis structurels auxquels fait face le système éducatif et qui handicapent son rendement mais aussi la récurrence d’événements susceptibles de perturber la bonne marche des cours, beaucoup de Nigériens entrevoient la Formation à Distance (FAD) comme un moyen de renforcer la qualité de l’enseignement en présentiel, lorsqu’elle est expérimentée avec ce dernier concomitamment. Certains pensent même que la FAD pourrait être instituée comme une option d’apprentissage et apporter ainsi une solution à moyen et long terme aux multiples défis du système éducatif (en termes de grèves, insuffisance d’infrastructures et de personnel enseignant, …), spécifiquement pour les niveaux secondaire et supérieur. Les populations nigériennes sont également unanimes que la FAD peut être utilisée pour atténuer les conséquences des situations de crises telles que les crises sanitaire, sécuritaire ou les inondations en garantissant la continuité de l’enseignement. Toutefois, la forme que peut prendre ce type d’enseignement est perçue différemment selon les niveaux d’enseignement, les milieux ou les contextes. A l’unanimité, l’enseignement en présentiel reste la méthode de référence et la FAD ne devrait être instituée que comme un complément principalement pour les niveaux primaire et secondaire. Pour le niveau supérieur, il est possible de l’envisager comme une option d’apprentissage. Dans tous les cas, plusieurs avantages sont évoqués par les Nigériens pour justifier leurs perceptions parmi lesquels : L’amélioration des acquis scolaires des apprenants à travers la transmission des contenus éducatifs mieux élaborés et faciles à assimiler principalement lorsque la FAD intervient en complément à l’enseignement en présentiel ; La promotion de l’équité sociale en offrant à tous les enfants la possibilité de pouvoir bénéficier de cours (appui, renforcement…) de maison pour renforcer l’enseignement en présentiel. Le renforcement des potentialités des enseignants en favorisant leur formation continue, leur perfectionnement et le partage de connaissances entre enseignants. La réponse envisageable pour contrecarrer la déperdition du temps scolaire ; La réponse envisageable au niveau supérieur face à l’insuffisance d’infrastructures d’accueil et de la matière d’œuvre pour l’apprentissage pratique. La promotion de la recherche personnelle chez les apprenants du secondaire.
L’amélioration de l’accès à l’instruction et à l’alphabétisation dans les zones reculées. Toutefois, au-delà de ses avantages, les Nigériens entrevoient quelques inconvénients ou inquiétudes associés à la FAD. Il s’agit, entre autres, de l’absence d’interaction entre formateurs et apprenants, du risque de disparition de la compétition (le sentiment d’isolement et l’absence d’émulation) entre les élèves, de la sociabilité en milieu scolaire ou encore celui d’extension du comportement de paresse chez l’apprenant. Par ailleurs, les réflexions autour de la promotion de la FAD soulèvent la question du canal le plus approprié à promouvoir. Cet outil devrait aux niveaux préscolaire et primaire favoriser l’interaction, être audiovisuel avec des contenus ludiques et faciliter le suivi parental. La plupart des acteurs consultés soulignent que la télévision pourrait être l’outil qui remplit ces critères. Ce choix prend en compte les conditions de faisabilité relativement aux outils envisageables qui divergent selon les milieux, les contextes et les niveaux d’enseignement. Les populations soutiennent que la télévision serait le canal qui crée le moins de distorsions et assure l’égalité de chances pour tous.
Au niveau secondaire, l’interaction semble être toujours un critère important même s’il n’y a pas de consensus véritable autour d’un outil unique. Alors que certains nigériens pensent que la tablette éducative paramétrée pourrait être l’outil à envisager à ce niveau, pour d’autres, les élèves du secondaire ne sont pas encore matures avant la classe de quatrième et doivent de ce fait avoir le même traitement que les élèves du primaire. Pour le niveau supérieur, l’outil le plus approprié comme le soulignent les populations serait celui qui se connecte à internet et qui favorise l’interaction et la recherche en ligne.
S’agissant de la formation professionnelle et technique, les populations consultées démontrent qu’elle peut être transmise à distance mais seulement pour les cours théoriques via un canal audiovisuel permettant l’interaction. Elles expliquent que les travaux pratiques nécessitent souvent la disponibilité physique des outils de travail mais aussi d’un guide pour orienter l’apprenant. Enfin, pour tous les profils consultés, la perspective d’une utilisation de la radio pour transmettre la formation à distance n’a suscité que peu d’intérêt du fait que celle-ci ne favorise que l’écoute. Le dernier point discuté dans cette recherche concerne les conditions de faisabilité de la FAD. Beaucoup de nigériens craignent que la faible familiarisation des acteurs avec les outils de transmission des cours particulièrement en zones rurales soit un obstacle. Il y a aussi la faible couverture du réseau électrique et de télécommunication mais aussi sa qualité. Le faible niveau de vie de bon nombre de ménages peut également entraver l’acquisition, la maintenance et l’entretien des outils.
Les populations pensent finalement que le succès de la formation à distance nécessite à la fois une adhésion et une participation effective des parents dans l’encadrement et le suivi des apprenants mais aussi un investissement personnel de l’apprenant. Comme quoi la motivation et la volonté de l’élève conditionne l’assimilation des enseignements.
CAPEG