Les évènements parallèles se poursuivent en marge du 17ème sommet extraordinaire sur l’industrialisation de l’Afrique et la session extraordinaire de la Zone du Libre Echange Continental Africaine (ZLECAF). Ce jeudi 24 novembre 2022, la salle présidentielle du Centre International de Conférence Mahatma Gandhi a accueilli un panel de haut niveau sur l’industrialisation et la ZLECAF avec pour thème : Industrialisation et ZLECAF : quelles opportunités pour l’Afrique ?
Organisé conjointement par le gouvernement nigérien, l’Union Africaine et la CEA, ce panel modéré par l’ancien Premier Ministre du Niger Dr Ibrahim Assane Mayaki a réuni l’ancien Premier Ministre de la Guinée Kabiné Komara, les ministres du commerce et de l’industrie du Niger, du Maroc, du Congo, de l’expert de la CEA sur l’industrie, les commissaires de l’Union Africaine, de la CEDEAO, de l’UEMOA et la représentante de l’OCDE.
Ce panel qui se veut de la vérité a démarré avec l’intervention de Dr Steven Karangi de la CEA, qui a mis en évidence le lien étroit entre l’industrialisation et le commerce. Pour l’expert de la CEA, l’Afrique dispose d’énormes potentialités qui pourront concourir à son développement industriel et économique. Il a abordé à cet effet, la question de la digitalisation et le renforcement des infrastructures qu’il a cité comme condition sine qua non pour l’industrialisation inclusive et le développement du continent.
Des actions concrètes au niveau des pays
Le Ministre togolais de l’industrie a axé sa communication sur les actions concrètes de son pays en matière d’industrialisation et le commerce intra-africain. Il a évoqué la zone économique spéciale située à quelques kilomètres de Lomé habitée par 15 entreprises. Le membre de l’exécutif togolais d’évoquer par la suite l’amélioration du climat des affaires avec la possibilité de créer son entreprise en quatre (4) heures de temps et seulement avec la possibilité de le faire en ligne. Il a conclu en insistant sur le fait d’éviter de faire la même chose, c’est-à-dire que mettre en place, des entreprises qui font la même chose dans les pays avant d’interpeller les Etats de la nécessité d’une coordination régionale.
S’agissant des actions concrètes, le Royaume chérifien semble de prendre de l’avance en matière d’industrialisation et des accords du libre-échange sur le continent. Le Ministre marocain du développement industriel M. Riad Ouzour de dire, qu’il n y a pas d’industrie sans marché avant d’indiquer que son pays bat le record en matière des échanges commerciaux en Afrique. « Le Maroc a Signé plus de 53 accords commerciaux de libre-échange et avec la ZLECAF, le pays s’ouvre désormais à un marché de plus de 2 milliards 300 millions d’habitants. Pour le Maroc, il faut ouvrir aux investisseurs tous les marchés possibles ».
Abordant le volet industrialisation, le Ministre marocain de dire que c’est la seule condition de développement. Il a mis en exergue les progrès enregistrés par son pays. « En 2022, le Maroc va atteindre 35 milliards de dollars d’exportation industrielle. On exportait zéro, il y a encore 10 ans, mais aujourd’hui, le secteur automobile, c’est plus de 10 milliards de dollars par an avec 250 usines qui emploient 250.0000 marocains. Nous sommes Premier pays africain qui exporte des véhicules en Europe », a mentionné le ministre Ouzour. Il a fini son exposé en demandant aux pays africains de ne pas avoir peur des infrastructures, malgré leurs coûts élevés.
Le Ministre du commerce du Congo à son tour de mettre l’accent sur le modèle d’industrialisation choisi par son pays, qui est identique à celui du Togo, avec des plateformes industrielles. Le ministre congolais de s’inquiéter cependant de la concurrence qui pourrait surgir entre les Etats dans le cadre de la mise en œuvre de la Zone du Libre-échange Continental Africaine, dans le cas ou plusieurs pays décident de produire la même chose.
Avec des avis partagés sur la nécessité de diversifier les produits, l’ancien Premier Ministre de la Guinée Kabiné Komara de dire que la complémentarité des pays en matière des produits à mettre sur le marché commun africain doit mettre mise en avant. C’est ainsi qu’il a énuméré un certain nombre de matières premières que certains pays peuvent mettre à la disposition des autres. Il a évoqué à titre d’exemple ce que les autres pays peuvent mettre sur le marché marocain, plus précisément dans son industrie automobile. Il a cité entre autres : le caoutchouc et les cuirs et peaux que les pays pourront mettre à la disposition de l’industrie automobile marocaine. Il a par la suite insisté sur l’appropriation des politiques économiques et la libre circulation des personnes et des biens à travers le continent.
Toujours sur la question de la diversification et la complémentarité, le ministre nigérien du commerce M. Alkache Alhada de déplorer à son tour le fait que les ressources minières du continent ne profitent pas suffisamment aux pays et populations africaines. A titre illustratif, il a déploré le fait que l’uranium que produit le Niger n’a pas servi pour alimenter l’Afrique de l’Ouest en électricité.
Le commissaire de l’UEOMA Paul Kofi Kofi de rappeler les atouts dont disposent l’Afrique de l’Ouest de manière générale et les pays de l’UEMOA en particulier. « L’Afrique de l’Ouest est premier producteur mondial de l’anacarde, 1er producteur mondial du Cacao, elle est la plus grande zone productrice d’or en Afrique. En matière d’hydrocarbure, le Niger, la Côte d’Ivoire et le Sénégal regorgent du pétrole. Tout ce qu’il nous faut, c’est les moyens de les transformer et lever les barrières pour aller sur le marché commun de la ZLECAF », a-t-il affirmé.
Avec tous ces atouts, l’Afrique sera le Prochain pôle de la croissance mondiale, a laissé entendre le commissaire de l’Union Africaine Dr Patrick qui a martelé que l’organisation continentale est en train de travailler pour que les africains se déplacent sans visa à travers le continent.
Dans sa synthèse, le modérateur Dr Ibrahim Assane Mayaki, a salué la qualité des interventions qu’il a qualifiées d’un préalable à l’action.
Ibrahim Moussa