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Ibrahim Moussa Illagamo

Ibrahim Moussa Illagamo

Le vice-ministre russe de la Défense a récemment effectué sa première visite à Niamey, durant laquelle des documents dans le cadre d’un renforcement de la coopération militaire ont été signés. Pourriez-vous nous expliquer comment envisagez-vous renforcer cette coopération militaire? Quels sont les volets qui vous intéressent le plus?

Je vous remercie. Il faut dire de prime abord que ce n’est pas uniquement une coopération militaire. Avec la Fédération de Russie, le Niger entretient une très vieille coopération. Donc cette visite du vice-ministre de la Défense s’inscrit dans le cadre du renforcement et de l’approfondissement de cette coopération. Il faut rappeler que c’est en 1992 que l’URSS avait fermé son ambassade au Niger et trois ou quatre années plus tard, nous-mêmes, nous avons été amenés à fermer notre ambassade à Moscou. Mais cela n’a pas privé les deux pays de continuer à maintenir cette coopération puisqu’elle se traduisait par l’octroi de bourses d’études pour des étudiants, le renforcement des capacités des médecins déjà formés dans ce pays et des ingé- nieurs agricoles qui également ont été très bien formés dans ce pays. Cette visite, nous la voyons sous cet angle d’une reprise et d’une intensification. Et il est évident que sur le plan justement de la coopération militaire, notre pays qui, vous le savez, fait face depuis une dizaine d’années au défi, qui lui est imposé, du terrorisme, essaie aussi de diversifier sa coopération et d’obtenir un peu de soutien de tous les pays amis. Et il faut rappeler que depuis 2007, j’étais au gouvernement de feu le Pré- sident Tandja, paix à son âme, le Niger avait déjà fait l’acquisition d’appareils aériens et d’un certain nombre de matériels qui lui ont permis de venir à bout du banditisme à l’époque qui avait été déclenché. Et c’était sur la base d’une coopération tracée, avec des documents, et qui aujourd’hui sont réchauffés puisqu’il y a évidemment l’entretien de ces matériels qui se faisait et qui se fait périodiquement. Donc, encore une fois, il faut dire que le Niger et la Fédé- ration de Russie se retrouvent et nous essayons d’aller encore plus en avant dans tous les secteurs clés de l’économie et de la sécurité.

Vous pouvez préciser dans quels secteurs, outre la défense, vous voulez renforcer la coopération et les visites de haut niveau prévues entre nos deux pays dans le futur proche?

Comme je vous l’ai dit, il y a la formation des étudiants qui se fait et il y a le secteur agricole qui nous intéresse. On connaît très bien le niveau auquel se trouve aujourd’hui la Russie dans la production agricole. Notre pays est vaste et entend renforcer évidemment la coopération dans ce domaine. Nous allons également dans le domaine du commerce, tout simplement, revenir et intensifier les échanges. Et puis, tout cela va se faire, je l’espère, se concrétiser dans les prochaines semaines, nous n’excluons pas nous-mêmes de nous rendre [en Russie] pour donner un cachet beaucoup plus important à cela.

Alors nous vous attendons à Moscou. Pour la question de l’abrogation de la loi relative au trafic illicite de migrants. Cela pourrait être pris comme une sorte de provocation par l’Union européenne. Alors, attendez-vous des mesures de l’Union européenne envers le Niger, qui pourront nuire au pays?

C’est moins pour nous une provocation qu’une certaine injustice ou même je dirais une injustice. L’Union européenne a pris la décision d’interrompre sa coopération avec le Niger en sanctionnant les populations au lendemain du coup d’État du 26 juillet. Je pense que vous avez été témoin, vous aussi, de l’énorme engouement de la population. On tirerait un exemple très précis du choix que les Nigériens ont fait de se retrouver, de travailler sur leur unité, de travailler sur la nécessaire, je dirais, indépendance qu’ils ont décidé d’affirmer. Du coup, si l’Union européenne qui nous a aidé depuis des années, aujourd’hui estime qu’elle doit interrompre sa coopération, grand bien lui fasse. Ce n’est pas pour autant que nous allons nous accrocher à une coopération et qui est le plus souvent, assortie d’un certain nombre de conditionnalités qui tranchent avec nos valeurs. Et en cela les Nigériens ont décidé de tourner le dos à toutes ces questions. Et je pense, je souhaite que la raison soit entendue et que s’ils le désirent que nous puissions reprendre une coopération qui, cette fois-ci, devait être fondée sur le respect mutuel.

Récemment, plusieurs accords ont été dénoncés avec l’Union européenne et la France. Comptez-vous lancer d’autres actions dans un futur proche?

Ce n’est pas un jeu favori de dénonciation d’accords. Si les accords auxquels vous faites allusion ont été dénoncés, c’est tout à fait de manière réfléchie, de manière responsable. Et je suppose que vous faites allusion à cette loi de 2015 qui appauvrit totalement la région d’Agadez qui est une région touristique et qui ne cadre pas bien avec la conception que le Sahel lui apporte, c’est à dire la liberté d’aller et venir. L’homme du désert, vous savez, dans sa tête, il n’y a pas de barrières, il faut être libre. Puis cette loi à laquelle vous faites allusion tranche également avec les dispositions de nos engagements vis-à-vis de la CEDEAO, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest qui consacre la libre circulation des personnes et des biens. Donc, son abrogation est venue, à juste titre, soulager une population, rétablir le respect que nous devons à notre peuple.

Le gouvernement du Niger a demandé le retrait des forces françaises. Les États-Unis aussi ont une présence militaire au Niger. Pourquoi la même décision n’a pas été prise à leur égard?

Il aurait fallu peut-être poser la question aux Français, mais ce n’est pas nous qui avons demandé aux Français de se retirer. Ils ont souverainement pris la décision à un moment où nous avions réellement besoin d’eux pour lutter contre le terrorisme, de mettre fin à notre coopération militaire. Évidemment, cela s’est accompagné d’une prise de position qui tranche avec le respect qu’on doit à un peuple, la position de condescendance et l’expression du mépris qui avait été exprimé par les autorités françaises méritait que nous prenions les décisions que nous avons eu à prendre pour demander à ses partenaires de partir de chez nous. Donc si aujourd’hui, vous me posez la question de savoir pourquoi pas les Américains, je crois que vous avez pu noter que l’attitude des Américains n’était pas belliqueuse à l’égard de notre peuple, mais notre peuple examine attentivement les conditions à l’intérieur desquelles nous devrions à l’avenir avoirdes relations avec ce grand pays qui est un pays ami. Vous avez dû voir que nous avons reçu une responsable du gouvernement américain. Nous avons eu des échanges extrêmement francs, nous avons affirmé notre souveraineté. Nous avons dit à ce pays que s’il le souhaitait, nous sommes tout à fait ouverts, qu’il devrait intégrer pour nous la nécessité de nous ouvrir à d’autres [pays]. Vous savez, le Niger est un très très grand pays avec une très vieille civilisation qui accepte tout le monde, mais un pays qui insiste sur le nécessaire respect de sa culture, de ses traditions et de sa religion. Voilà ce que je peux vous dire à cet égar.

Les États-Unis ont l’habitude de s’exprimer ouvertement contre la coopération avec la Russie et autres pays. Alors, est-ce que le Niger subit une sorte de pression?

Je peux vous dire que plus personne ne viendra imposer quoi que ce soit au Niger. Les Nigériens ne pourront plus accepter cela. Nous avons franchi un cap où plus jamais personne ne viendra nous dicter ce que nous devons faire. Il faut bien que cela soit entendu. Terminé!

Pour la CEDEAO, quel avancement y a-t-il vis-à-vis des pourparlers, surtout suite à la décision de reconduire les sanctions envers le Niger?

La CEDEAO, c’est la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Mais si vous regardez ces dernières années, plus particulièrement à l’égard du Niger, on ne parle plus d’économie. On a parlé de guerres, d’attaques, de sanctions et de fermeture des frontières, des sanctions sur les médicaments, sur la nourriture. Ce sont des mesures qui ont été prises à l’emporte-pièce, des mesures qui sont uniques, qui sont inhumaines et qui sont tout à fait illégales. Parce que dans aucune disposition des traités de cette grande institution, vous ne retrouverez une sanction. Moi, je dis même, c’est une punition qui prévoit de fermer les frontières, de sanctionner un peuple, de l’empêcher d’avoir accès aux médicaments et de voir des cas de morts dans les centres de santé. Et il [le peuple] ne pourra rien faire. Donc, si la CEDEAO, à laquelle nous croyons encore, veut arriver à la résolution de ce chemin qu’elle a emprunté… Bien entendu, le Niger est disposé parce que nous avons contribué à créer cette organisation. Il ne faut jamais oublier que les différents présidents qui se sont succé- dés à la tête du Niger ont apporté une forte contribution dans la création de cette organisation. Et donc, nous avons accepté évidemment de poursuivre [le dialogue]. C’est faire injustice à notre pays de dire que nous n’avons pas accepté de dialoguer, depuis le premier jour. Il faut se dire que lorsque la décision a été prise de punir le Niger, personne n’a concerté et n’a consulté les autorités. On aurait pu nous dire: “OK,vous avez pris votre décision, restez là ou vous êtes”. On a accepté de parler. Il y a eu plusieurs missions qui se sont déroulées ici. En réalité, la décision prise par le dernier sommet, c’est la désignation plus ou moins officielle du Togo et de la Sierra Leone pour nous approcher. Hier, il y a eu une mission, toute première mission et vers janvier, s’il plaît à Dieu, nous allons reprendre les échanges pour que très rapidement, la CEDEAO se rende compte que cela, c’est contreproductif et que c’est illégal. Et on se pose la question précisément sur qui allume le feu au sein de cette institution, je parle bien des fonctionnaires, est-ce qu’en rentrant chez eux, ils ont le courage de regarder, de se regarder dans la glace et de dormir tranquille? Je pense qu’il faut très rapidement arriver à la limite de ces sanctions. Mais le Niger s’est frayé un chemin. Le Niger a décidé d’aller de l’avant et de travailler pour son peuple et pour la collectivité avec laquelle nous avons décidé de forger ensemble un destin commun.

Est-ce que vous croyez que la menace de l’intervention militaire est toujours persistante?

Il ne faut pas se faire d’illusion, à tout moment, tout peut arriver. Mais rappelez-vous que nous avons une armée aguerrie, l’armée qui est plus forte que les terroristes. Vous savez, ce que vous voyez à la tête de notre armée, de notre pays aujourd’hui, c’est la relève de cette armée nigérienne. Ce sont des officiers pleins de valeurs qui sont allés sur le terrain, qui ont démontré qu’ils sont capables de défendre notre territoire. Rappelez-vous qu’avant 2011, il n’y avait pas un seul soldat étranger sur notre territoire. Il n’y avait pas un seul terroriste sur notre territoire et les moyens que nous avions, nous permettaient d’assurer la sécurité de l’ensemble de notre territoire. Alors s’il advenait qu’un pays quelconque décide de nous attaquer, nous nous défendrons.

Combien de temps le Niger pourrat-il encore tenir sous les sanctions de la CEDEAO?

Mais ces sanctions qui ne se justifient pas, qui sont des sanctions illégales et inhumaines et qui peut être devrait conduire à ce qu’on qualifie réellement leur sens, c’est à dire un crime contre l’humanité, certainement, pèsent sur notre peuple. Ce sont des circonstances qui sont probablement conjoncturelles, notre peuple a démontré qu’il est résilient. Notre peuple a compris que c’est tout à fait normal quand on fait un choix de ce type, qu’on soit puni, mais que derrière cela sera la délivrance. Il y a un verset du coran qui dit “Derrière l’épreuve, il y a la délivrance”. En tant que musulmans à plus de 98%, nous sommes convaincus que cette punition sera derrière nous dans quelques temps, inchallah.

Est-ce que vous considérez demander une aide humanitaire à la Russie puisque le Président Poutine a déjà envoyé des aides à plusieurs pays africains, dont le Mali et le Burkina?

Vous savez, le Président, le chef de l’État, le général Tiani, a reçu l’ambassadeur russe et la mission qui est arrivée. Il a fait savoir que le Niger est un pays qui sait faire la différence entre l’aide toxique et l’aide qui doit nous permettre de nous affranchir de l’aide. Il ne nous viendra pas à l’idée de toujours tendre la main. Il est évident que dans les échanges que nous avons au plus haut niveau, nous savons que ponctuellement notre pays a besoin de l’apport de tous ses amis. Vous savez, on ne va peut-être pas rentrer dans les détails, mais quand il y avait, on va dire, une meilleure fortune à un moment de l’existence de notre pays, nous avions accordé des aides à des voisins et au-delà. Et ce n’est jamais un complexe lorsqu’on est dans une adversité comme celle-là, que nous puissions admettre que ponctuellement nous soyons soutenus. Mais le Niger entend développer une coopération bâtie sur le principe gagnant-gagnant avec la Fédération de la Russie, qui est un grand pays et avec tous les autres pays épris de paix. C’est ça notre objectif.

Entre autres, la CEDEAO a demandé la libération de l’ancien Président Bazoum. Alors, considérez-vous cette demande en échange de levée des sanctions?

Je pense que je vais renvoyer la question. Je vous ai parlé des morts qu’on a enregistrés dans les centres de santé par manque de médicaments, dans certains nous avons les chiffres. Nous avons 26 millions de Nigériens. Nousaurions voulu entendre la CEDEAO s’appesantir sur le cas du sort de 26 millions de Nigériens qui éprouvent des difficultés en ce moment. Rassurezvous, le Président déchu est en très bonne santé, son honorabilité et sa dignité sont strictement respectées. Et le moment venu, comme l’a dit le chef de l’État, le général Tiani, sa situation sera clarifiée. Et souvenez-vous, de tous les chefs d’État qui ont fait l’objet d’un renversement de régime, personne n’a eu autant d’égards, je dirais, que le Président déchu, monsieur Bazoum. Le Pré- sident déchu est actuellement dans le palais présidentiel. Si vous faites un tour pour voir là où loge le chef de l’Etat, il a gardé sa maison, je dirais sa cellule de chef de la garde présidentielle. Tout ça pour démontrer notre bonne foi et le respect que nous devons à ceux qui ont eu à diriger, même si c’est pour un jour, notre pays. Voilà ma réponse.

À l’issue des réunions ministérielles à Bamako, dans le cadre de l’AES, la création d’une confédération des trois pays, a été recommandée. Est-ce que cette recommandation est prise en considération par Son Excellence le Président Tiani? Et dans quel délai cela peut être implémenté?

Le Président Tiani a soutenu le réchauffement des relations entre les trois pays. Il ne faut jamais oublier que l’AES repose sur ce qu’on appelle l’autorité du Liptako-Gourma qui existe depuis les années 70. Le Niger, le Mali et le Burkina sont des pays frères liés, comme on le dit, par l’histoire et surtout la géographie et la géographie les confine dans une posture de pays n’ayant pas accès à la mer. Alors, très tôt, les pères des indépendances se sont repliés pour créer l’ALG, et l’ALGest devenue l’AES aujourd’hui. Et l’AES en fait est venu compléter tout ce qui existait déjà et qui dormait, que nous devons réveiller et avec le principe de nous défendre, donc des questions de défense et de sécurité. Donc, c’est un renforcement de cette organisation qui existe depuis les années 70. Et donc, ne soyez pas étonné que le Président Tiani renforce cet axe-là. Vous avez dû voir il a fait un déplacement pour aller remercier ces deux pays, le Burkina et le Mali, il faut le répéter, ce n’est jamais assez, qui ont posé deux axes importants. Le premier, c’était refuser d’appliquer les mesures dont on a parlé, la punition contre le Niger. Ces deux pays ont clairement fait savoir que si le Niger est attaqué, ils se mettraient également dans une bataille pour le défendre. Donc le Mali, le Burkina et le Niger, c’est trois frères jumeaux. Mais il ne faut pas oublier aussi, il faut rendre justice à des pays comme le Tchad qui avaient refusé de s’associer à une opé- ration de démolition. Et le Tchad, très tôt, a fait savoir qu’il ne permettrait pas une attaque contre le Niger. Parce que vous savez, sur toute cette frontière, ce sont des parents de part et d’autre. Donc pour nous, l’AES c’est un choix que nous avons fait librement et qui participe de cette décision de nous affranchir et d’aller vraiment vers l’affirmation de notre souveraineté.

Alors, il va y avoir une sorte de confédération dans le future, oui?

Ce que nous fixons, c’est développer nos pays, c’est faire en sorte que les fils de ces pays connaissent le minimum, c’est à dire une bonne formation, du travail, la sécurité, la paix. Nos pays ne cherchent pas à aller pour l’instant dans l’espace. On cherche simplement à sécuriser nos territoires, à développer les liens séculaires qui existent entre nos peuples et à faire en sorte qu’on ne vienne pas nous imposer des choses que nous n’avons pas prévues de faire. C’est tout.

Merci beaucoup. Avez-vous quelque chose à ajouter?

Non, je pense qu’on a fait le tour. Je voudrais vous remercier, profiter de votre micro pour dire encore une fois à notre peuple qui s’est levé comme un seul homme pour dire non à l’injustice, pour dire non aux incursions, pour dire non à tout ce qui touche à sa souveraineté, à sa dignité et ce peuple qui est resté encore debout à ce jour. Vous voyez depuis le 26 juillet, ce peuple qui a accepté d’endurer ponctuellement, ce peuple qui sera un peuple debout encore et qui va bénéficier de toutes les ressources qui vont être exploitées. Parce que c’est ça aussi le but dans un processus de bonne gouvernance, aucun franc ne prendra une autre voie que celle de servir loyalement et de rendre compte à ce peuple-là. Et puis, il ne faut jamais oublier que nous sommes des croyants et nous devrons rendre compte à Allah. Donc, je voudrais profiter de ça et rassurer tous nos partenaires que nous sommes un pays épris de paix. Nous souhaitons que très rapidement nous nous réunissions, et que nous comptions moins de pays hostiles, qu’on puisse les compter sur le bout des doigts. Ces pays-là, nous leur demandons qu’ils tiennent compte ce de cette vague de population qu’ils voient tous les soirs dans les huit ré- gions du Niger pour savoir que ce n’est pas une affaire… Ce ne sont pas des plaisanteries.

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L’Association des Professionnelles Africaines de la Communication section du Niger (APAC-Niger) a offert un don constitué des gilets pour reporters et un trousseau de premiers secours.La cérémonie s’est déroulée ce jeudi 21 décembre 2023 dans les locaux de ladite association en présence des membres d’APAC-Niger et des représentants des médias bénéficiaires.Il s’agit de 300 trousses personnelles de premiers secours et 30 gilets presse qui ont été remis aux médias des catégories : audiovisuel, presse écrite et en ligne du public et du privé.Dans le discours qu’elle a prononcé à cette occasion, Mme Aissa Alfari, membre d’APAC-Niger a souligné que cette donation intervient après l’organisation de deux formations au profit des journalistes. «L’Association des Professionnelles Africaines de la Communication Section du Niger (APAC-Niger) a, depuis juin 2023, organisé deux (2) formations ; une première qui a porté sur la sécurité physique et les premiers secours et une seconde qui a porté sur la sécurité physique et la couverture des manifestations en période de crise et  hors crise.», a indiqué Mme Aissa Alfari.
Ils sont au total, 30 journalistes qui ont été formés, dont 15 femmes et 15 hommes tous équipés en gilets presse et trousses de premiers secours, qui grâce aux exercices pratiques des formations sont aujourd’hui en mesure de repérer une situation à risque et mettre en place toutes les mesures adéquates pour assurer leur sécurité et celle de leurs collaborateurs. Avec ces trousses, les journalistes pourront désormais agir en toute confiance devant des cas de saignement, d’étouffement et d’inconscience. Ça leur permettra également de maîtriser l’utilisation des produits et accessoires de soins d’urgence en cas de blessures.

Mme Aissa Alfari de préciser que la formation va aussi concerner les médias de l’intérieur du pays. «Suite aux deux (2) formations, neuf (9) journalistes ont été sélectionnés dont deux (2) à Niamey et un (1) dans chacune des autres régions du pays pour former à leur tour leurs pairs en régions afin d’accroitre le nombre de bénéficiaires de ces thématiques d’actualité». Cette dotation va s’étendre aussi aux organes de presse des régions, a-t-elle ajouté avant de souhaiter au nom d’APAC-Niger une bonne et heureuse année 2024 qui s’annonce.

Ibrahim Moussa

L’Observatoire Nigérien Indépendant des Médias pour l’Ethique et la Déontologie (ONIMED) s’est réuni en session extraordinaire, le lundi 20 décembre 2023, en vue d’examiner la situation sur le respect des règles d’éthique et de déontologie par les médias nationaux et internationaux traitant de l’actualité nigérienne, dans le contexte particulier que vit notre pays depuis le 26 juillet 2023, avec la prise du pouvoir par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) et les événements y relatifs, qui continuent de défrayer la chronique aussi bien au Niger que dans le reste du monde.

Après avoir procédé à un examen approfondi de cette situation qui prévaut depuis bientôt cinq (5) mois, l’ONIMED a fait les constats suivants :

1- Globalement, les médias ont fait preuve de professionnalisme dans la couverture des évènements et le traitement des informations portant sur la crise politique en cours, par un respect scrupuleux des règles d’éthique et de déontologie de la profession, en dépit de quelques dérapages observés sur les réseaux sociaux et relayés par certains médias.

2. Plus que jamais, les médias ont fait preuve d’une plus grande ouverture en donnant la parole aux citoyens, aux structures de la société civile et à d’autres observateurs, à travers des débats, interviews et autres espaces d’expression, en mettant l'accent sur la culture du patriotisme et la consolidation de l’unité nationale.

3. En revanche, l’ONIMED constate et déplore le comportement de certains médias occidentaux prompts à relayer des informations tendant à orienter le débat sur les événements en cours au Niger sur des connotations purement ethniques et régionalistes, en violation flagrante de la Charte d’éthique mondiale des journalistes adoptée par la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) qui, au point 9 de son Préambule, stipule que « le/la journaliste veillera à ce que la diffusion d’une information ou d’une opinion ne contribue pas à nourrir la haine ou les préjugés et fera son possible pour éviter de faciliter la propagation de discriminations fondées sur l’origine géographique, raciale sociale ou ethnique, le genre, les mœurs sexuelles, la langue, le handicap, la religion et les opinions politiques ».

 

Aussi, en ces instants cruciaux de l'histoire de notre pays, le Niger, l’ONIMED :

- Salue le professionnalisme des journalistes nigériens dans le traitement et la diffusion de l'information, tout en les encourageant à faire preuve de plus de vigilance dans ce contexte particulier en cours au Niger dominé par une pluralité des opinions, sur fond de divergences, de respect et de tolérance ;

- Appelle les journalistes à persévérer dans la culture de la confraternité et de la solidarité au sein de la corporation ;

- Invite les médias internationaux à faire preuve de retenue dans le traitement biaisé de l’information concernant le Niger, voire l’Afrique, sachant qu’ils disposent de tous les moyens de vérification des informations qui leur sont rapportées à travers leur réseau de correspondants sur place.

-Déplore toutefois que dans la dynamique citoyenne impulsée par le CNSP que la presse n’ait pas été reçue par les plus hautes autorités malgré le rôle prépondérant des médias dans un contexte de crise ;

- Demande aux autorités du CNSP et au gouvernement de transition de veiller au respect des instruments juridiques nationaux et internationaux consacrant la liberté de presse et d’accompagner les médias nationaux dans leur quête de performance en leur donnant les moyens adéquats pour apporter leur contribution à la nouvelle dynamique du processus de la refondation de la République du Niger ;

-Demande au CNSP et au Gouvernement de transition d’associer pleinement, et sans exclusif, l’ensemble des médias publics et privés nationaux dans la couverture des grands évènements et des déplacements officiels sur la marche du pays.

Fait à Niamey, le lundi 20 décembre 2023

Le President

Assane Soumana

La Direction de Police Judiciaire a procédé en cette matinée du 19 décembre 2023, à la présentation de quatre (4) réseaux de malfaiteurs, tous de nationalité nigérienne et qui sévissaient dans la ville de Niamey.
Le premier réseau est spécialisé dans les vols de nuit en réunion, à mains armées, à domicile et les cambriolages des boutiques.
Leur dernière opération remonte à la nuit du 30 novembre au 1er décembre 2023 où, ils ont ouvert le feu sur quatre (4) membres d’une même famille, dont une femme enceinte, occasionnant des blessures graves, avant d’emporter dans leur fuite, une somme de plus de six cent mille francs CFA (600.000f).
Les investigations menées, ont permis d’interpeller les six (06) membres dudit réseau.
Les perquisitions effectuées à leurs domiciles ont permis de découvrir et de saisir les objets ci-après :
– Deux (2) armes à feu de marque Norinco ;
– ⁠cinq (05) munitions de calibre 8×19 mm ;
– Quatre (4) motos ;
– Un (1) sachet de dix (10) paquets de Tramadol, une (1) plaquette de dix 10 comprimés de Tramadol et trois (3) cornets de crack. Au cours de leurs cambriolages, ils ont emporté plusieurs articles de boutique dont la valeur est estimée à plus de 3 000 000 de F CFA.

Pour le deuxième réseau, il est composé de deux individus, spécialisé dans le vol à l’arraché.  Leurs cibles sont généralement des femmes et des individus manipulant leurs téléphones sur la voie publique. Leur dernier cas remonte à la date du 10 décembre 2023, sur le boulevard Tanimoun où ils ont agressé un usager pour lui arracher son téléphone.
Lors de leur appréhension, un autre téléphone portable volé a été retrouvé entre leurs mains.
Notons que, les deux réseaux de voleurs ont tous reconnus les faits qui leurs ont été reprochés et ont avoué plusieurs autres cas de vols à leur actif. Le troisième cas concerne, un repris de justice, interpellé pour détention illégale d’une arme à feu.
L’individu en question, donnait en location à d’autres malfrats, l’arme à feu de marque PA Norinco, qu’il déclare avoir achetée auprès d’une autre personne qui est actuellement en fuite.
Une minutieuse perquisition à son domicile, a permis de découvrir plusieurs objets dont une arme à feu, des armes blanches et des accessoires militaires.

Source: Police Judiciaire

PJ1

S’agissant du quatrième et dernier cas, il s’agit d’un individu interpellé pour usurpation de titre.
En effet, l’intéressé qui se faisait passer pour un militaire dans son quartier, détenait illégalement une arme à feu avec laquelle il commet son forfait.
Une descente à son domicile a permis de découvrir et de saisir plusieurs accessoires militaires, dont entre autres : une (1) arme à feu de marque PA Norinco avec un (1)chargeur garni de sept (07) numitions ; Un (1) tazer ; Une (1) tenue treillis ; Une (1) veste avec l’insigne de l’Ecole d’Administration Militaire et Technique, promotion 2020.
Un (1) véhicule de marque Toyota Aventis a également été saisi.
Interrogé sur la provenance et l’utilisation de ces objets, l’intéressé affirme avoir volé l’arme à feu et tous lesdits accessoires au domicile d’un militaire en compagnie d’une autre personne, qui est actuellement en fuite.

Les investigations se poursuivent en vue de retrouver les autres individus en fuite.

La Direction de la Police Judiciaire lance un appel pressant à l’endroit de la population, à redoubler de vigilance et de collaboration pour une meilleure sécurité de tous.

Source: Policie Judiciaire

Trois (3) jours après le sommet de la CEDEAO, le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) est monté aux créneaux, dénonçant la présence de ce qu’il a appelé ‘’les fugitifs’’, allusion faite aux anciens membres du gouvernement du pouvoir déchu à la Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernements de la CEDEAO tenue à Abuja le 10 décembre dernier. Dans un communiqué lu par son porte-parole, le mardi 13 dé- cembre 2023, le Colonel le Colonel Major Abdoulaye Amadou a fustigé le comportement de la CEDEAO. Le CNSP s’est dit indigné par la ‘’participation incompréhensible de certains membres du Gouvernement nigérien déchu à la 64ème session ordinaire du de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernements de la CEDEAO le 10 décembre dernier à Abuja au Nigeria’’.

Protestant contre l’accueil des membres du Gouvernement déchu au sommet du 10 décembre, le Colonel Major Abdoulaye Amadou a martelé que ‘’Le Niger condamne cette énième provocation de la CEDEAO qui est de nature à saper tout effort pour trouver une solution diplomatique et négociée à la situation politique actuelle’’. Le communiqué de poursuivre que

‘’La CEDEAO ne peut en effet décider d’une part de la suspension du Niger de toutes ses instances et d’autre part permettre à des fugitifs de représenter illégalement notre pays. Cette attitude désinvolte sur fond d’incohérence prouve à suffisance le mépris de la CEDEAO pour les textes communautaires et le droit international en général’’. Pour le CNSP, elle s’inscrit dans une logique de soutien à des amis politiques et d’autres partenaires d’affaire au détriment des intérêts des Etats et des peuples de la CEDEAO. Elle participe également d’un plan subversif et de déstabilisation du Niger à travers la formation d’un pré- tendu gouvernement parallèle soutenu par des puissances étrangères’’ a laissé entendre le porte-parole du CNSP. S’adressant au Président en exercice de la CEDEAO et Président de la République Fédérale du Nigeria, Bola Ahmed Tinubu, le Colonel Major Abdoulaye Amadou de rappeler ‘’que le Niger et le Nigeria ont des liens millénaires et intangibles de fraternité qui mérite d’être préservés’’. Aussi ne saurait-il continuer à abriter dans son pays des individus recherchés par la justice nigérienne qui participent à l’organisation de la déstabilisation du Niger à partir du Nigeria, a-t-il déploré.

Concluant le communiqué, le porte-parole du CNSP de préciser que ‘’ le gouvernement du Niger rappelle encore une fois la CEDEAO à se ressaisir et arrêter de recevoir des directives qui ont pour seul objectif de diviser les pays africains’’  

La commission de la CEDEAO apporte des précisions

Incompréhension, semble dire la CEDEAO qui relativise ce qui est perçu comme un problème par les responsables militaires de la transition. Moins de 24 heures seulement après la colère du CNSP exprimée dans son communiqué en date du 13 décembre 2023. Dans un communiqué en date du 14 décembre 2023 la commission de la CEDEAO a voulu apporter des clarifications en ce qui concerne la république du Niger : Premièrement la Commission considère que ‘’Jusqu’à sa 64ème session ordinaire tenue le 10 dé- cembre 2023, la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement voyait dans la situation survenue au Niger une tentative de coup d’Etat, et considérait toujours S.E.M. Mohamed Bazoum comme le Président de la République du

Niger, Chef de l’Etat’’. Deuxièmement poursuit le communiqué, ‘’du fait de cette position, le Niger n’était pas suspendu des organes de décision de la CEDEAO et les membres du gouvernement de S.E.M. Bazoum étaient habilités à représenter le Niger aux réunions statutaires de la CEDEAO. Enfin troisièmement la Commission de la CEDEAO estime que ‘’le sommet du 10 décembre a reconnu que le gouvernement de S.E.M. Mohamed Bazoum avait été effectivement renversé par un coup d’Etat militaire. Par consé-quent, à compter du 10 décembre 2023, le Niger est suspendu de l’ensemble des organes de décision de la CEDEAO, jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel dans le pays.

Voilà donc pour la clarification apportée par la commission de la CEDEAO qui on l’espère va décrisper le climat tendu entre l’institution communautaire et les autorités nigériennes de transition. Les deux parties ont deux semaines, selon les recommandations de la CEDEAO pour trouver un début de solution à la crise politique née des événements du 26 juillet 2023.

 

Adoum Boulkassoum  

A la suite des événements du 26 juillet 2023, comme il fallait s’y attendre, la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest CEDEAO et même l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) se sont insurgées contre cette irruption de l’armée dans l’arène politique avec une batterie de de sanctions économiques et même une menace d’intervention militaire brandie par la CEDEAO.

Durant plus de quatre (4) mois la situation n’a pas beaucoup évolué malgré les tentatives de négociations entre le Niger et l’organisation sous régionale qui dépêché plusieurs émissaires à Niamey sur ce sujet. Par contre, si on a la certitude que les sanctions économiques sont restées intactes, la question de la menace militaire reste mystère et boule de neige.

 En effet à la veille de la session ordinaire des Chefs d’Etats et de Gouvernements tenue à Abuja la semaine dernière, le Président de la Commission de la CEDEAO, M. Omar Touray, a affirmé que l’option militaire n’a jamais été abandonnée, contrairement aux informations distillées par la presse. Le pré communiqué de la conférence des ministres des affaires étrangères des Etats membres de cette organisation on a évoqué l’éventualité d’une intervention militaire. Toutefois, dans le communiqué final de la conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernements de la CEDEAO, la question d’intervention militaire semble avoir été abandonnée. Avec cette multitude de versions, l’opinion publique nationale reste perplexe. Et personne ne sait exactement si cette option est véritablement abandonnée. Toujours est-il que du côté des autorités militaires du CNSP, on reste méfiant, la vigilance est de mise et le Niger est visiblement sur ses gardes à bien comprendre l’appréciation que le Général Tiani et ses compagnons font de cette question. Dans sa dernière interview accordée à la presse nationale, le président du CNSP est revenu largement sur ce sujet. Il n’a pas caché sa méfiance sur les intentions suspectes de la CEDEAO et de certains acteurs de la crise, notamment la France. Il a rappelé que les troupes françaises qui ont quitté le Niger ne sont pas loin du territoire national. Il a précisé que ces troupes sont stationnées dans

un pays voisin tandis que le Chef d’Etat-major des armées françaises continue des consultations avec un autre pays certainement pour échanger sur les modalités d’une probable intervention militaire au Niger. Mieux dans le communiqué du CNSP en date du 13 décembre 2023, celui-ci accuse ouvertement la CEDEAO de ‘’manœuvres’’ pour ‘’déstabiliser’’ le régime de Niamey.

A la date d’aujourd’hui des doutes persistent toujours par rapport aux manigances de la France qui a voulu intervenir militairement aux côtés de la CEDEAO. En effet, sur les 1500 soldats français qui étaient au Niger dans le cadre de la coopération militaire, 1300 ont quitté le pays suite aux exigences de milliers manifestants et du CNSP. Il reste encore une centaine de militaires français sur le sol nigérien qui doivent quitter d’ici la fin du mois de décembre 2023.

Cette phase ultime du rapatriement définitif des troupes françaises du Niger n’est pas sans éveiller les soupçons, la méfiance et les inquiétudes des responsables du CNSP qui restent sur leur garde pour parer à toute éventualité.

Dans tous les cas les autorités du CNSP assurent avoir pris toutes les dispositions pour faire face à toutes tentatives d’attaques sur notre Pays. Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur le Général Mohamed Toumba a été on ne peut plus clair sur sujet, il y a quelques semaines au Togo à l’occasion d’un forum sur la sécurité. Dans son interview également le président du CNSP lui-même a rassuré que toute épreuve de force contre le Niger est vouée à l’échec et elle sera châtiée.

 

Adoum Boulkassoum

Nigériennes, Nigériens, Mes chers Compatriotes,

18 décembre 1958-18 décembre 2023, voilà 65 ans, jour pour jour, que notre pays a accédé au statut de souveraineté internationale avec la proclamation de la République. C’est donc un grand jour que nous devrions honorer avec joie et ferveur car il fut désormais annonciateur d’un statut juridique nouveau consacrant l’entrée de notre pays dans le concert des Nations.

Soixante-cinq (65) ans, c’est certes peu dans la vie d’une Nation, mais le chemin parcouru nous a permis de réaliser de grandes œuvres et d’être confrontés à des défis majeurs dont certains ont trouvé des solutions et d’autres demeurent sans réponses satisfaisantes.

Nigériennes, Nigériens, mes chers Compatriotes,

Sans vouloir verser dans un bilan rétrospectif, force est de reconnaitre que les dernières décennies, en raison d’une mauvaise gouvernance, n’ont pas permis à notre peuple d’asseoir son légitime espoir d’un développement durable dans un espace de paix et de sécurité pour TOUS.

En effet, alors que le système démocratique doit rimer avec la bonne gouvernance et la justice, notre pays a été malheureusement otage des tenants politiques qui ont fait de la politique un fonds de commerce, piétinant allègrement les règles minimales d’éthique et de déontologie consacrées pourtant par les textes de la République.

La justice sélective faite de népotisme, de corruption, d’impunité et d’opportunisme érigée en mode de gestion par excellence, choses somme toute, qui ont favorisé le détournement des deniers publics, le bradage de notre souveraineté et l’effondrement du service public. Cette démission de la gouvernance s’est illustrée par l’incapacité de l’État à faire face au défi sécuritaire, d’où sa sous-traitance avec les forces du mal ayant occasionné de nombreux morts et déplacés.

Mes chers Compatriotes,

La célébration du 65ème anniversaire de la proclamation de la République intervient dans un contexte de bouleversements géopolitiques profonds en Afrique de l’Ouest consécutifs aux changements de régimes intervenus dans les pays du Sahel. Cette nouvelle donne accompagnée d’un fort soutien populaire a entrainé non seulement une remise en cause de la gouvernance économique et financière à l’interne mais aussi une remise en cause de notre relation avec l’ancien pays colonisateur, la France. C’est dans cette optique que nous avons dénoncé certains accords justifiant la présence des troupes françaises au Niger ainsi que des accords léonins. Cette dynamique nous a amenés à bâtir une stratégie globale de défense, de lutte contre le terrorisme et toute agression de quelque forme qu’elle soit. C’est ainsi que grâce aux multiples succès remportés par nos vaillantes Forces de Défense et de Sécurité (FDS), nous assistons à la normalisation progressive de la situation sécuritaire.

A titre illustratif, je peux mentionner :

Le retour des communautés déplacées dans leurs villages ;

La réouverture de près de deux cents (200) écoles restées fermées pendant plus de deux ans du fait de l’insécurité dans la région de Tillaberi ;

La sécurisation du corridor de ravitaillement en produits alimentaires et pharmaceutiques ;

La reprise des activités socio-économiques dans plusieurs régions du pays au grand bonheur des populations.

C’est le lieu ici de louer l’engagement, l’abnégation et le professionnalisme de nos FDS qui ont permis ces succès éclatants. Je tiens donc à leur rendre un vibrant hommage pour tous les sacrifices consentis pour la défense de l’intégrité du territoire national et la quiétude sociale. Je voudrai surtout témoigner ma sincère compassion à l’endroit des victimes civiles et militaires de la barbarie qui nous est imposée par les Groupes Armés Terroristes (GAT) et leurs sponsors.

Mes chers Compatriotes

La création de l’Alliance des State du Sahel est assurément l’aboutissement de cette démarche dont l’objectif est de faire du Sahel un espace de paix et de prospérité. Notre nouvelle organisation travaillera dans le seul intérêt des Sahéliens et pour une Afrique libre et décomplexée.

Je fais mention spéciale à nos frères du Burkina Faso et du Mali qui ont toujours été à nos côtés dans le combat contre les forces du mal. La matérialisation de cette lutte commune à travers la création de l’Alliance des États du Sahel prouve à suffisance que l’idée d’intégration chère à nos devanciers n’était pas un simple rêve pieux. Aujourd’hui avec mes frères Ibrahim Traoré, Assimi Goita, nous sommes déterminés à écrire l’histoire, l’histoire d’une Afrique libre où les Africains vivront une vraie indépendance.

Mes chers Compatriotes,

Au plan National, le changement de régime opéré par le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) a engendré un élan patriotique sans précèdent, expression des aspirations profondes de nos populations à la dignité et à la souveraineté nationale. Jamais dans l’histoire récente de notre pays, un évènement n’aura reçu une telle adhésion populaire spontanée et massive comme celui du 26 juillet 2023.

Assurément, ce dernier marque une rupture définitive avec l’ordre ancien et le début de l’émergence d’un Niger nouveau fait de justice, de fraternité, de solidarité, d’amour pour la défense de la patrie, de la bonne gouvernance et de la préservation de nos richesses. Ce désir ardent, les populations l’ont traduit dans nos langues nationales en des termes clairs : ZANCEN KASA NE, LAABOU SANNI NO. Permettez-moi à ce stade de saluer la résilience extraordinaire du peuple nigérien. Un peuple fier et déterminé à recouvrer toute sa souveraineté spoliée par des Nigériens véreux et leurs complices.

En décidant de nous imposer des sanctions injustifiées, cyniques, iniques, criminelles, inhumaines et irresponsables, la CEDEAO et l’UEMOA pensaient nous mettre à genoux et nous ramener dans le giron du régime déchu et de la France. Ces organisations régionales ne savaient pas qu’elles avaient en face d’elles un peuple guerrier, descendant de grandes figures historiques qui ont forgé la Nation Nigérienne. Le Niger, notre cher pays, nous appartient et c’est à nous de forger son destin In Sha Allah.

L’heure des tractations et des combines dans les officines est révolue. Vous avez désormais en face de vous un peuple qui a pris son destin en mains. Nous n’acceptons aucun chantage, aucune intimidation, aucun préalable. TOUS UNIS POUR LA SAUVEGARDE DE NOTRE PATRIE !

Nigériennes, Nigériens, Mes chers Compatriotes !

Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie s’est engagé à convoquer un Forum National Inclusif pour faire le diagnostic de la situation du pays née de la mal gouvernance des régimes passés. Il proposera des réformes nécessaires pour le futur avec une feuille de route pour la transition et un programme stratégique d’actions pour la refondation de l’État. Ces assises seront bientôt convoquées.

Dans cette lancée, j’ai défini un cadre stratégique de gouvernance pour la transition et élaboré des missions précises pour les membres du Gouvernement que nous allons rendre public dès cette semaine.

Nigériennes, Nigériens, mes chers Compatriotes,

Au plan de la mobilisation sociale et de la sécurité, un compte dénommé Fonds de Solidarité pour la Sauvegarde de la Patrie « FSSP » a été créé pour la mobilisation des ressources, le financement des appuis au renforcement des capacités des Forces de Défense et de Sécurité engagées dans la lutte contre le terrorisme et l’insécurité ainsi que la prise en charge des victimes de ce fléau. Je tiens à remercier le peuple nigérien et le comité de gestion de ce Fonds pour leur engagement dans cette mobilisation.

Au plan de la justice sociale et de la restauration de l’État et du peuple dans ses droits, la Commission de Lutte contre la Délinquance Économique, Financière et Fiscale (CoLDEFF) est à pied d’œuvre pour instruire tous les dossiers relevant de sa compétence. J’engage ses membres, au demeurant sous serment, à tout mettre en œuvre pour mériter la confiance placée en eux par la Nation.

Pour ma part, je réitère mon engagement, celui du CNSP et du gouvernement, de ne couvrir personne et de prêter mains fortes à cette institution pour surmonter toute entrave ; car le fléau généralisé de la corruption est l’une des causes qui nous ont conduits à prendre nos responsabilités pour mettre fin au régime que vous connaissez.

Nous avons fait le serment de mettre l’État dans ses droits. Pas de répit ni de pitié pour ceux qui ont spolié les biens de l’État. Nous avons instruit la CoLDEFF à travailler en toute transparence tout en respectant le droit des uns et des autres.

Nigériennes, Nigériens, Mes chers Compatriotes,

La campagne agricole et pastorale de cette année n’a pas répondu totalement aux attentes de nos laborieuses populations. En pareilles circonstances, l’État prend toutes les dispositions pour non seulement entreprendre des activités compensatrices pour les agriculteurs et les éleveurs, mais aussi assurer la disponibilité des produits alimentaires sur l’ensemble du territoire national. Grâce à la coopération multiforme avec certains pays amis, notre pays dispose suffisamment de produits alimentaires accessibles sur le marché et cela en dépit du blocus barbare de la CEDEAO et de l’UEMOA. Je salue cette marque de solidarité des gouvernements de la Guinée, du Tchad, de l’Algérie, du Maroc, de la Guinée Équatoriale

et tous les autres pays amis qui nous ont apportés leur soutien. Une mention spéciale pour la République sœur du Togo qui n’a ménagé aucun effort pour nous soutenir avec engagement et constante disponibilité ainsi que tous les peuples frères qui nous accompagnent en ces moments difficiles.

Pour ma part, je continuerai à faire tout ce qui est possible pour assurer le progrès, la sécurité, le développement et la cohésion sociale dans notre pays. Je sais pouvoir compter sur la contribution et la participation actives de chacune et de chacun de vous pour y parvenir.

Vive la République !

Vive le Niger!

Vive la Sauvegarde de la Patrie ! Je vous remercie.

 

Les partis politiques sont-ils les laissés-pour-compte dans ce qui s’assimile à la révolution que vit le Niger, depuis les évènements du 26 juillet 2023 ? En effet, jamais un évènement n’a suscité autant d’engouement et n’a fait l’unanimité que l’arrivée du CNSP au pouvoir, dans l’histoire politique récente de notre pays. Plus de quatre (4) mois, après le Coup d’Etat du Général Tiani, on enregistre encore des déclarations de soutiens au profit du CNSP. Les nigériens dans leur écrasante majorité saluent et applaudissent nuits et jours l’avènement du CNSP.

Ainsi le peuple a battu le pavé pour exprimer sa joie et son soulagement face au tournant historique qu’emprunte notre pays. Toutes les couches socioprofessionnelles se sont mises de la partie.Il n’y a que les partis politiques qui sont visiblement isolés de cette ambiance fébrile qui gagne l’ensemble du pays dans tous ses recoins. Pourtant, beaucoup des militants des partis politiques se sont retrouvés dans les masses diffuses pour manifester également leur joie. Certains partis politiques ont d’ailleurs formellement rendu public des communiqués pour saluer l’arrivée des militaires au pouvoir et le tournant décisif qu’emprunte le Niger, en dépit de la suspension de leurs activités.A vrai dire, il y a comme une sortede conspiration contre ces derniers, à qui certains esprits obtus dénient le droit de prendre part à cette révolution historique et nationale. Ainsi les tentatives de certains partis à organiser de manifestations publiques de soutien au CNSP ont été interprétées comme un crime de lèse-majesté par cette catégorie de nigériens qui pensent détenir le monopole de se prononcer sur la marche du pays.

Sans compter que la majorité de ces activistes dissimilés dans la société civile sont en réalité des militants patentés des partis politiques. Mais le plus alarmant, c’est quand les nouvelles autorités semblent prêter l’oreille à ces nouveaux «patriotes» qui veulent en découdre avec les partis politiques et la démocratie. On peut légitimement s’inquiéter de cette tendance dès lors qu’on remarque l’isolement total dans lequel les partis politiques ont été confinés aujourd’hui.Il faut rappeler que des voix se sont levées déjà, pour s’interroger sur la place des partis politiques dans le prochain conseil consultatif, qui sera la cheville ouvrière de la transition.

Aux premières annonces, nulle part il n’a été fait cas de leur présence dans les fora régionaux qui sont organisés, en prélude à l’installation de cette institution.En plus dans la dernière adresse à la Nation du Général Tiani, il n’a pas été pipé un mot sur les partis politiques alors qu’il a fait un large tour sur les questions importantes de la nation.Aujourd’hui, les partis politiques et leurs leaders se tournent les pouces et ne savent à quel saint se vouer, dès lors qu’ils n’ont même pas le droit d’apporter leur soutien formel et publique au CNSP à l’instar de toutes les autres structures légalement reconnues. En dehors de quelques jeunes leaders audacieux comme Ibrahim Yacouba, Kassoum Mahaman Moctar, Kadaouré Habibou et Alassane Intinicar, qui lancent furtivement des petits post sur les réseaux sociaux pour ne pas ne pas se faire oublier, les grosses pointures du gotha politique nigérien, se sont murés dans un silence total. Ils attendent impatiemment des évènements sociaux, les fatiha des baptêmes ou de décès pour s’afficher et communier avec le public. C’était le cas la dernière fois, à l’occasion du 3ème anniversaire du décès de l’ancien Président Tandja Mamadou, où plusieurs leaders se sont retrouvés pour saluer la mémoire du défunt mais aussi et surtout pour s’offrir l’occasion d’échanger et humer l’air de dehors.

Dans certains milieux politiques, on sent des vives inquiétudes et des questionnements sur le sort qui sera fait aux partis politiques sous peu. Depuis quelques temps déjà, les débats sont posés sur leur gouvernance dans les régimes démocratiques, avec des procès sévères taxant les partis politiques d’être à la base de toutes les tares. D’aucuns estiment qu’ils sont pléthoriques et qu’il faille les ramener à un nombre raisonnable. A côté du nombre, beaucoup de formations politiques n’ont que leur emblème pour justifier leur statut, et sont moribonds, se limitant à la personne de leur leader.

Les différents rapports de la Cour des Comptes ont toujours montré que la majorité d’entre eux vivent dans l’informel .Du côté du Ministère de l’intérieur, une étude récente a démontré que peu de partis politiques remplissent les conditions édictées par la loi. Soit ! Mais Est-ce une raison de vouloir neutraliser brutalement la classe politique si on sait que le Niger a opté pour un multipartisme intégral. Les nigériens ont gouté aux délices de la démocratie et ne sont pas prêts à y renoncer certainement. Du reste, le CNSP en a conscience puisque dans l’ordonnance organisant les pouvoirs publics de la transition, il reconnait formellement l’attachement du Peuple nigérien à la démocratie et au pluralisme. D’où la nécessité d’associer ces derniers à toutes les réflexions dans le cadre de cette transition, quitte à opérer un toilettage profond pour les rendre plus fonctionnels et plus aptes à gérer la cité un jour.

Adoum Boulkassoum

Dakar, le 15 décembre 2023 –La Cour de justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a considéré que le Président du Niger Mohamed Bazoum et sa famille étaient séquestrés arbitrairement et a demandé le rétablissement du Président dans ses fonctions, se réjouit son collectif d’avocats.

« Tout en disant le droit, et rien que le droit, la Cour de la CEDEAO a courageusement reconnu que la détention du Président Bazoum était parfaitement illégale et abusive, et que ses droits politiques étaient bafoués », a déclaré Mohamed Seydou Diagne, coordinateur du collectif d’avocats. « Surtout, dans cet arrêt historique, elle a condamné, pour la première fois, des autorités militaires qui, avec leur coup d’Etat, ont violé les principes de convergence constitutionnelle de la CEDEAO, et elle a exigé le retour à l’ordre constitutionnel ».

La Cour de justice de la CEDEAO avait été saisie par le Président Bazoum et sa famille le 21 septembre 2023. Elle a validé l’ensemble des demandes formulées par les avocats du Président et a donné un délai d’un mois à l’Etat du Niger pour communiquer sur l’état d’exécution de la décision.

Ainsi, les autorités militaires sont tenues de mettre fin à la détention illégale du Président et de sa famille en les libérant immédiatement, et de s’assurer qu’ils puissent de nouveau jouir de leur droit d’aller et venir. Elle reconnait que les droits politiques du Président ont été violés par l’interruption brutale et illégale de son mandat présidentiel. Enfin, en considérant qu’il résultait des textes de la CEDEAO et de l’Union africaine que tout changement anticonstitutionnel était formellement prohibé, la Cour a jugé que les autorités militaires avaient privé le Président Bazoum d’exercer dans sa plénitude le mandat présidentiel qui lui a été confié démocratiquement.

La Cour a conclu que les autorités militaires doivent rétablir le Président Bazoum dans ses droits en rétablissant son pouvoir. 

« La seule place du Président Bazoum, c’est à la tête de l’Etat du Niger et il était important que la Cour le dise » a déclaré Florence Loan, bâtonnier dauphin de Côte d’Ivoire et membre du collectif d’avocats. « Maintenant, c’est la responsabilité de la CEDEAO et de ses Etats membres de s’assurer que cette décision de justice soit effectivement appliquée. C’est un signal fort envoyé en faveur de la démocratie et de l’Etat de droit ».

La Cour de Justice est la juridiction principale de la CEDEAO. Les décisions de la Cour ne sont susceptibles d’aucun recours. Aux termes du Protocole relatif à la Cour, « les Etats membres et les institutions de la communauté sont tenus de prendre, sans délai, toutes les mesures nécessaires de nature à assurer l’exécution des décisions de la Cour ». La décision s’impose à tous, dont la Conférence des Chefs d’Etat de la CEDEAO, au Parlement et à la Commission de la CEDEAO ainsi qu’à toutes les juridictions nationales.

« La prise d’otage a assez duré », a déclaré Moussa Coulibaly, ancien Bâtonnier du Niger et membre du collectif d’avocats. « Que la junte remette les clefs du pouvoir au Président Bazoum et que cette farce ridicule cesse ! »

Depuis le coup d’Etat militaire au Niger, le Président Bazoum, sa femme Hadiza et son fils Salem sont maintenus en détention au sein de la résidence présidentielle de Niamey. Ils n’ont jamais été présentés à un magistrat et n’ont pas été informés de l’existence d’une quelconque procédure à leur encontre. Depuis le 19 octobre, ils sont coupés du monde et personne n'est autorisé à leur rendre visite, hormis leur médecin.

Le 16 novembre 2023, la Cour de Justice de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) a par ailleurs rejeté la demande de l’Etat du Niger demandant un sursis dans l’exécution de sanctions prises à son encontre. La Cour a indiqué que les autorités militaires étaient « la source de la situation ainsi créée » et qu’il leur incombait de revenir « à l’ordre constitutionnel ». De la même manière, le 7 décembre 2023, la Cour de justice de la CEDEAO avait déclaré irrecevable la demande des putschistes de lever les sanctions prises contre eux par la CEDEAO, au motif que les militaires avaient pris le pouvoir par la force et qu’ils n’étaient donc pas reconnus par l’organisation ouest-africaine.

Le 10 décembre 2023, la Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO a profondément « déploré le maintien en détention du Président Mohamed Bazoum, de sa famille et de ses collaborateurs » et a demandé aux putschistes de procéder à leur « libération immédiate et sans condition ». 

Plusieurs organisations non gouvernementales ont demandé la libération du Président Bazoum et le respect de ses droits, notamment Human Rights Watch et Amnesty International.

Le 9 août 2023, le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a dénoncé « les conditions de vie déplorables dans lesquelles le président Bazoum et sa famille vivraient » et demandé sa libération.

Pour le collectif des avocats :

  • Mohamed Seydou Diagne, Barreau de Dakar
  • Florence Loan, Barreau de Côte d’Ivoire
  • Moussa Coulibaly, Barreau du Niger
  • Reed Brody, Barreau de New York
  • Brahim Ould Ebety, Barreau de Mauritanie

Marrakech, 13 décembre 2023 – Le Bureau de la CEA pour l'Afrique du Nord et Oxford Economics Africa ont dévoilé leur dernier rapport conjoint le mercredi 13 octobre à Marrakech (Maroc), à l’occasion du Sommet des PME arabes 2023.

Intitulé « Gender-Smart Investing for Inclusive Growth in North Africa » (Investissement Sensible au Genre pour une Croissance Inclusive en Afrique du Nord), le rapport met en lumière les défis importants auxquels sont confrontées les entreprises dirigées par ou appartenant à des femmes dans la sous-région et comment l'investissement sensible au genre peut contribuer à lever ces obstacles. Le document propose aux gouvernements et acteurs du développement une série de recommandations pour une mise en œuvre réussie dans la sous-région tels que la nécessité de renforcer les politiques ciblant l'entrepreneuriat féminin et les PME dirigées par les femmes, d’améliorer l’alignement des politiques, de mobiliser le soutien de parties prenantes aux profils plus diversifiés, d’adopter une approche plus holistique de l'investissement sensible au genre, ou encore de renforcer le soutien et la contribution des institutions de financement du développement, du secteur privé et des investisseurs basés en Afrique du Nord ou à l'international.

Citation - Oxford Economics Africa :

Le rapport et ses conclusions souligne par ailleurs l’importance de comprendre que l'investissement sensible au genre ne se limite pas à l’investissement monétaire : Il implique aussi un soutien élargi en termes de transfert de compétences et de connaissances, le soutien aux entreprises à leadership féminin pour l’accès à de nouveaux marchés ainsi que des orientations liées à des fonctions telles que la gestion financière, les ventes, le marketing ou l'approvisionnement.

Il est important de noter que les avantages associés à l’investissement sensible au genre peuvent être considérablement renforcés s’ils interviennent dans le cadre de politiques et d’environnements commerciaux favorables et d’une participation accrue des institutions de financement du développement, des organismes multilatéraux ainsi que du secteur public. Le secteur privé peut également contribuer au renforcement des interventions en faveur des entreprises à leadership féminin et des femmes entrepreneures. Selon Cobus de Hart, économiste principal chez Oxford Economics Africa, une approche de chaîne de valeur donne souvent des résultats positifs à cet égard dans la mesure où elle peut encourager l’approvisionnement auprès d'entreprises dirigées par des femmes et fournir des mécanismes de soutien financier et autre sous la forme d’aides des gouvernements et des organismes multilatéraux, ainsi que des structures incitatives aussi bien au niveau local qu’à l’international.

Citation - Commission économique pour l’Afrique :

« Renforcer les capacités économiques et sociales des femmes a non seulement un impact positif sur des unités familiales entières, mais entraine aussi souvent des effets positifs à l'échelle des communautés dans lesquelles elles opèrent. Le rapport démontre par exemple que les petites PME à leadership féminin ont tendance à embaucher davantage comparées à des entreprises de taille similaire dirigées par des hommes, contribuant du coup à une réduction du chômage tant pour les femmes que pour les hommes. Il montre également que les femmes ont tendance à réinvestir une plus grande part de leurs revenus dans l'éducation, la santé et le bien-être de leur communauté que les hommes », a déclaré Amal El Beshbishi, économiste au Bureau de la CEA pour l'Afrique du Nord.

L'investissement sensible au genre est une stratégie d'investissement qui s’attaque aux disparités de genre et contribue à des décisions d'investissement mieux informées avec pour objectif de faciliter un développement plus équitable et renforcer la participation des femmes sur le marché du travail, tant sur le plan de la quantité que celui de la qualité. L’investissement sensible au genre contribue à une croissance économique accélérée, au développement et à la création d'emplois tout en contribuant à la réduction des disparités sociales.

Cette approche a un impact positif non seulement sur la mise en œuvre de l'ODD 5 (Égalité entre les sexes) mais aussi sur l'ODD 1 (Eradication de la pauvreté), l'ODD 2 (Lutte contre la faim), l'ODD 3 (Accès à la santé), l'ODD 4 (Accès à une éducation de qualité), l'ODD 8 (Accès à des emplois décents) et l'ODD 10 (Réduction des inégalités). Elle suscite aujourd’hui un intérêt accru des investisseurs, acteurs du développement et défenseurs de l'équité à l'échelle mondiale.

Note aux rédacteurs :

Principaux points à retenir du rapport « Investissement sensible au genre pour une croissance inclusive en Afrique du Nord » :

  • Le rapport explore les environnements dans lesquels évoluent l’entreprenariat et les PME en Afrique du Nord en portant une attention particulière à la contribution des femmes. A l’heure actuelle, ces dernières représentent moins de 20% de la population active employée en Afrique du Nord contre un peu plus de 40% selon la moyenne mondiale.
  • Selon de récents travaux de recherche, les PME et l'entrepreneuriat sont positivement liés à une croissance économique accélérée et à la création d'emplois. De nombreux pays d'Afrique du Nord ont par ailleurs commencé à reconnaître les rôles sociaux et économiques des PME et des entrepreneurs et initié des mesures en vue de les soutenir.

Le rapport révèle cependant qu'en Afrique du Nord, les entreprises à majorité féminine évoluent loin derrière celles détenues par des hommes et que les femmes ont davantage tendance à être propriétaires de PME que d’entreprises plus grandes. Ceci indique que, à la différence des entrepreneurs hommes, les femmes entrepreneures cherchant à créer des entreprises ou à élargir leurs opérations sont confrontées à des défis qui leurs sont spécifiques. Sur un plan plus positif, cela signifie aussi que les politiques et les investissements soutenant les PME à leadership féminin pourraient avoir un effet multiplicateur substantiel sur les économies nationales.

  • Selon la littérature économique, l’accès au financement est une composante déterminantes du succès des entreprises et des PME en particulier. En Afrique du Nord cependant, l'accès au financement est inégal aussi bien selon la taille de l’entreprise concernée que selon le sexe de ses dirigeant(e)s, l'accès des femmes au financement restant beaucoup plus faible que celui des hommes. Les femmes nord-africaines sont également moins bien loties que les hommes selon plusieurs indicateurs d'inclusion financière tels que la possession de comptes bancaires ou l’accès à l'emprunt auprès d'institutions financières et autres prestataires de services.
  • L'investissement sensible au genre joue un rôle vital dans le traitement de ces problématiques et peut intervenir à plusieurs niveaux en facilitant : 1) l’augmentation des investissements dans les entreprises à leadership féminin ; 2) le renforcement de l'accès des femmes au capital ; 3) le traitement de la problématique de l'équité sur le lieu de travail tout au long de la chaîne de valeur ; et 4) la promotion de produits et services bénéfiques aux femmes.
  • Les décideurs peuvent soutenir ce processus en concevant des politiques adaptées à l'entrepreneuriat féminin et en incluant explicitement les femmes entrepreneures dans leurs stratégies, objectifs et plans d'action visant les PME. Ils peuvent également s'assurer que les environnements politiques et réglementaires sont alignés avec les objectifs nationaux et établir des stratégies et plans d'action transversaux liant différentes composantes du secteur public. Les gouvernements peuvent en outre faciliter l’évolution des perceptions sociales des rôles des femmes, qui limitent actuellement l'activité économique féminine.
  • En coordination avec les gouvernements, les institutions de financement du développement (IFD), les institutions financières internationales (IFI), les organisations multilatérales, le secteur privé et les fonds d’atténuation d'impacts peuvent renforcer à leur tour les interventions gouvernementales en Afrique du Nord en contribuant à la réduction de l’écart entre les sexes en matière de finance et d'investissement, en particulier dans des pays comme l'Algérie, l'Égypte, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie.

Visitez les sites web d'Oxford Economics Africa et de la Commission Économique pour l'Afrique pour télécharger le rapport complet.

Cliquer ici pour accéder aux rapports précédents de la CEA – OEA :

 

-Fin-

À propos de la CEA

Créée en 1958 par le Conseil économique et social (ECOSOC) des Nations Unies, la CEA est l'une des cinq commissions régionales de l’Institution et a pour mandat d’appuyer le développement économique et social de ses États membres, d’encourager l'intégration régionale et de promouvoir la coopération internationale pour le développement de l'Afrique.

Composée de 54 États membres, la Commission économique pour l’Afrique (CEA) joue un double rôle en tant qu’organisme régional de l’Organisation des Nations Unies (ONU) et en tant que partie intégrante du paysage institutionnel régional en Afrique. 

Pour plus d’informations, rendez-vous sur : www.uneca.org

Publié par :

La Section des communications
Commission économique pour l’Afrique 
BP 3001 
Addis-Abeba (Éthiopie) 
Tél. +251 11 551 5826 
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